Perchée fièrement sur sa colline, nommé « La Petite Montagne » surplombant Port-Louis depuis 1840, année de l’achèvement de sa construction, La Citadelle a besoin d’un bon toilettage depuis bien des années. L’Economic Development Board (EDB) s’y attelle et lance ainsi un appel d’offres international, également ouvert aux firmes locales, pour trouver des « investisseurs/développeurs locaux » pour « régénérer » le Fort Adelaïde, mieux connu sous l’appellation La Citadelle.
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Dans son document d’appel d’offres, l’EDB précise que « le modèle de développement sera défini en temps voulu et pourra être envisagé sous la forme d’un partenariat public-privé (PPP) ou tout autre modèle applicable ».
Les objectifs sont multiples. Les gouvernements successifs ont eu chacun leur projet pour exploiter le potentiel de La Citadelle, mais sans grande réussite. Confié au ministère du Tourisme, qui est également responsable de la gestion du bâtiment, le site n’a pas connu le succès attendu.
À part quelques évènements très sporadiques, dont le dernier est « Le Gran Konser », qui avait eu lieu le 21 octobre dernier, et qui avait fait l’objet d’intimidations et d’actes de violence de la part d’un groupe d’hommes encagoulés, La Citadelle n’a guère été exploitée.
Avant ce concert-là, qui avait réuni plusieurs artistes, le dernier évènement musical y avait eu lieu en 2007. Mais l’EDB espère pouvoir changer ça. Le but qu’il s’est fixé est de « faire revivre un site de patrimoine culturel extraordinaire pour captiver le cœur des visiteurs, améliorer l’attractivité de Fort Adelaïde (La Citadelle) en tant que site touristique de premier plan, offrir un mélange d’activités d’hospitalité/loisirs/divertissements/culturelles et contribuer de manière significative à la croissance économique et à l’enrichissement culturel de Maurice ».
Mais, cette « régénération » ne doit pas se faire au détriment des structures du bâtiment qui fait officiellement partie du patrimoine national. « La vision pour la régénération de Fort Adelaïde (La Citadelle) est de préserver son importance historique tout en créant un site touristique intégré, vibrant et de classe mondiale », précise l’EDB qui ajoute que « Les structures historiques et les artefacts qui rendent Fort Adelaïde unique doivent être méticuleusement préservés et intégrés dans le design global ».
À noter que l’opérateur choisi disposera, outre du bâtiment lui-même, aussi du terrain de l’État qui est d’une étendue de 24,87 arpents.
L’EDB souhaite que la « régénération » contribue « de manière significative à la croissance du secteur touristique de Maurice, attirant à la fois les visiteurs internationaux et nationaux » avec «des collaborations avec des artistes, artisans et organisations culturelles locales qui doivent garantir que le développement met en valeur le riche patrimoine historique et culturel de Maurice».
Un patrimoine national d’une richesse inestimable
À Port-Louis, et ailleurs dans le pays, bétonnage oblige, les vestiges du passé sont de plus en plus rares, mais La Citadelle tient tête. Décrétée monument national en 1958 par la Government Notice n° 614 du Gouverneur sir Robert Scott, elle a été réaffirmée comme monument national par la National Monument Act de 1985 et enfin, comme patrimoine national de Maurice par la National Heritage Fund Act de 2003.
Il est bon de savoir que Fort Adelaïde, nom original de La Citadelle, tire son nom de la reine Adelaide, épouse du roi britannique William IV. Ce dernier a régné sur la Grande-Bretagne dans les années 1830.
La construction du fort a commencé en 1834 mais n’a été achevée qu’en 1840 à un coût approximatif de 40 000 livres sterling, ce qui était la construction la plus coûteuse jamais réalisée sur l’île à l’époque. En fait, la pénurie de main-d’œuvre était si aiguë à un certain moment que la construction du fort a été suspendue pendant près de 3 ans.
Comme l’explique l’EDB dans son document d’appel d’offres, « Le fort est conçu selon un plan rectangulaire et se compose principalement de grands blocs de pierre de basalte et de grandes poutres en bois intégrées dans la structure. La Citadelle fait partie intégrante du patrimoine Mauricien ».
Sa vocation première était d’abriter des troupes britanniques postées sur l’île et pour surveiller d’éventuelles émeutes à Port-Louis avant l’abolition de l’esclavage. « C’était une tentative des autorités coloniales britanniques de réaffirmer leur autorité sur les planteurs franco-mauriciens rebelles et devait être utilisé comme poste de défense en cas de guerre avec la France et si cette dernière décidait d’attaquer Maurice depuis l’une de ses bases voisines, à savoir l’île de La Réunion et Madagascar », avance l’EDB dans son explication historique.
La construction du fort a vu l’implication d’une main d’œuvre très diverse composée de condamnés d’Inde, de travailleurs indiens engagés sous contrat, d’officiers militaires britanniques et de prisonniers mauriciens condamnés aux travaux forcés, d’apprentis mauriciens, d’artisans amenés de Bombay, Inde, de maçons créoles et indiens locaux et d’ingénieurs royaux britanniques.
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