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Échec des négociations entre petits partis : pourquoi l’unité est-elle une utopie 

Jocelyn Chan Low et Lindsay Rivière.

Les récents échecs de négociations entre les partis extraparlementaires mettent en lumière une réalité récurrente : leur incapacité à s’unir autour d'une même table et à s'accorder sur une stratégie commune. Mais pourquoi cette unité semble-t-elle toujours hors de portée ? Plusieurs éléments d'explication émergent, selon des analystes politiques. 

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Le poids des personnalités et l’effritement idéologique 

Pour l’historien Jocelyn Chan Low, deux facteurs principaux expliquent cette difficulté à former des alliances durables : les personnalités et l’affaiblissement de l’idéologie. « Autrefois, même si des figures de proue dominaient certains partis, ils étaient guidés par une idéologie forte qui leur permettait de s’entendre malgré leurs différences. Aujourd’hui, cette idéologie s’est affaiblie, ce qui laisse davantage place aux conflits de personnalités », indique-t-il. 

Il souligne aussi que les partis politiques à Maurice sont fréquemment perçus comme des « chasses gardées », dominées par une seule personne. « Contrairement à d'autres pays, où les partis politiques sont des institutions plus collectives, ici, ils sont souvent au service d’une figure unique, ce qui empêche une vraie collaboration », ajoute l’historien. 

Un problème d’égo et d’ambition personnelle 

L’observateur politique Lindsay Rivière, quant à lui, met en avant le système électoral mauricien, le « First Past The Post », qui pousse naturellement les partis à chercher des alliances. Pourtant, même dans ce contexte, les petits partis semblent incapables de s’entendre. « C'est un problème d'égo. Chacun veut être leader, au lieu de penser d'abord à l’intérêt national et à une démocratie plus représentative », déplore-t-il. 

Selon lui, au lieu de se rassembler pour une cause commune, ces partis finissent par diviser l’opposition, ce qui les fragilise davantage face aux grands blocs politiques. Jocelyn Chan Low abonde dans le même sens : « Ils ne visent pas seulement le leadership de leur parti, ils veulent tous accéder au poste de Premier ministre. L’ambition personnelle prime sur l’intérêt collectif », explique-t-il. 

Des opportunités malgré tout 

Malgré les risques de cumuler les défaites électorales, Jocelyn Chan Low reste optimiste quant aux opportunités politiques post-électorales. « De nombreux sondages montrent qu’une majorité de la population (plus de 60 %) ne veut plus ni de Pravind Jugnauth ni de Navin Ramgoolam. Il existe donc un vide politique que chacun cherche à exploiter. Ce vide pourrait encore s’accentuer après les élections, avec plusieurs personnalités en fin de carrière. Il y a des opportunités à saisir, même après le scrutin », souligne l’historien. 

Jocelyn Chan Low et Lindsay Rivière saluent tous deux la décision de Rezistans Ek Alternativ (ReA) de se joindre à un bloc politique. Pour eux, c’est la seule voie permettant d’espérer des changements structurels dans la société. « Si ReA veut vraiment apporter des transformations profondes, ils n’avaient d’autre choix que de s’allier. Pour modifier la constitution, il faut une majorité des ¾ au Parlement. Sans le soutien d’un parti traditionnel, il est impossible d’atteindre cette majorité », explique Chan Low. 

La troisième force : un rêve difficile à concrétiser 

L’idée d’une « troisième force » formée par des partis extraparlementaires n’emballe pas Lindsay Rivière. Selon lui, ces partis ne disposent pas des moyens nécessaires pour faire élire plus de 30 députés et réunir les 20 000 à 25 000 voix nécessaires par candidat. « C’est dommage que des voix comme celles de Nando Bodha, Roshi Bhadain ou Patrick Belcourt ne soient pas entendues au Parlement. Dans le cadre d’une alliance, ils auraient pu négocier une représentation, mais seuls, ils sont condamnés à l’isolement », estime-t-il. 

Jocelyn Chan Low partage cette analyse : « La plupart des nouveaux partis sont composés d’anciens politiciens qui cherchent à se recycler, malgré des casseroles traînées dans le passé. Le public ne croit pas en ces ‘nouveaux’ visages ». Pour lui, l’espoir de voir une véritable troisième force politique émerger à Maurice reste faible. 

 

 

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