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Eau : une des pires sécheresses depuis 1998

Pour que les réservoirs soient remplis à 70 %, il faudrait 800 millimètres de pluie.
  • Les réserves étaient alors de 26 % en moyenne, contre 35 % en ce moment

Plus les jours passent, plus la situation de l’eau devient inquiétante, non seulement pour la population mais aussi pour la Central Water Authority (CWA). Il ne reste pas beaucoup d’options à l’organisme pour soulager ses abonnés. La Water Resources Unit (WRU) exploite déjà au maximum les nappes souterraines et des filtres sont installés dans des rivières.
 
La situation est certes alarmante, mais ce n’est pas la pire sécheresse que le pays ait connue. En 1998-99, les réserves d’eau n’étaient que de 26 % en moyenne, contre 35 % en ce moment. « Mais à l’époque, il n’y avait ni le Midlands Dam, ni le Bagatelle Dam », précise Lomush Juggoo, directeur de la WRU.

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Il ajoute que durant la période 2011-12, le taux moyen de remplissage était presque le même que celui de cette année. Mais il précise que le Midlands Dam était alors en opération, contrairement au Bagatelle Dam. « Quand les gens comparent les années précédentes, ils doivent tenir compte de plusieurs facteurs, tels que la date de mise en opération de certains barrages », soutient-il.

Toutes les options sont certes étudiées pour soulager les abonnés, mais les pluies d’été sont vivement attendues pour espérer remplir les réservoirs du pays qui partent à vau-l’eau. Lomush Juggoo prévient toutefois qu’il ne suffit pas qu’il pleuve. « Cela ne sert à rien de recevoir 100 millimètres de pluie dans les régions dépourvues de réservoirs. Cela ne sert à rien non plus de recevoir 100 millimètres de pluie au total sur un mois tout entier, c’est-à-dire à raison de 5 millimètres par jour. »

Pour être dans une situation confortable, il faudrait que les réservoirs, dont le taux moyen de remplissage est en dessous de 35 % en ce moment, soient remplis à 60 %, voire 70 %. « Mais pour en arriver là, il faut que le pays reçoive entre 700 et 800 millimètres de pluie », explique le directeur de la WRU.

Les hôtels comme option

En attendant, il lance un appel à la population pour lui demander d’utiliser l’eau judicieusement. Il est convaincu que la démarche d’économiser de l’eau devrait s’ancrer dans les habitudes des gens au fil du temps.

Il est prévu que le Water Resources Monitoring Committee se rencontre au tout début de 2023 pour décider de la marche à suivre. Le bureau du Premier ministre suit la situation de près. Pravind Jugnauth est informé de toutes les décisions prises par le comité. « C’est après avoir analysé tous les aspects que des décisions sont prises », fait-on savoir.

Dans les couloirs du bâtiment du Trésor, on indique qu’une autre option est le dessalement de l’eau de mer. Certains y ont déjà recours. « En ce moment, 13 hôtels s’adonnent au dessalement, mais à petite échelle. L’eau traitée est destinée à leur propre consommation », fait-on comprendre.

Du coup, poursuit-on, si le pays ne reçoit toujours pas d’averses durant les 20 premiers jours de janvier 2023, l’aide de ces hôtels sera sollicitée. Le procédé visant à injecter cette eau traitée dans le réseau de la CWA est certes très technique. Mais c’est l’une des options à l’étude pour soulager les abonnés et s’assurer qu’ils ont un minimum d’eau.

Mauvaise gestion décriée

Sunil Dowarkasing, ancien stratégiste de Greenpeace et consultant en développement durable, avance que la pluviométrie dépend des phénomènes globaux et que tout est lié. « Il y a le vortex polaire, une vaste zone de basse pression et d'air froid entourant les deux pôles de la Terre. Il existe près des pôles, mais s'affaiblit en été et se renforce en hiver. Cela change avec le changement climatique », a-t-il affirmé.

Le Conveyor Belt, qui sort du Groenland et qui traverse l’océan Indien, régularise le climat. « Cela change et nous affecte. Il n’y a pas vraiment d’El Nina ou d’El Nino. Il y a le DOI. C’est plus ou moins la même chose, mais il est très spécifique à notre région. Dès que cela change, Maurice est affecté », fait-il comprendre.

Sunil Dowarkasing indique que les autorités concernées savaient déjà que le pays allait être frappé par une sécheresse. « Il y avait une conférence aux Seychelles. Cela avait été discuté, car pour la première fois depuis 1950, le phénomène El Nina va durer pendant trois ans. Cela a un grand impact sur le pays », dit-il.

Selon lui, à Maurice, il y a une mauvaise gestion de l’eau depuis 2005. « Il y a des tuyaux en amiante. Aussi, 50 % de l’eau se perd dans les réseaux. En 2008, un groupe singapourien avait fait un rapport et identifié les fuites, mais jusqu’à présent, on n’a pas appliqué les recommandations complètement. Cela aurait coûté Rs 7 Md pour en finir avec les fuites. À savoir que 75 % de l’eau finit dans la mer », dit-il.

Sunil Dowarkasing est d’avis qu’il faut un plan d’ensemble. « Il faut arrêter la déforestation à proximité des réservoirs. Il faut inculquer aux gens la notion du captage d’eau pour arroser les plantations. Les eaux usées traitées doivent être utilisées pour l’irrigation. À Singapour, les gens consomment la 'waste water' traitée. Il faut aussi oublier la dessalement. Ce n’est pas la solution », dit-il.

 

 

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