Bien que la législation du travail condamne toutes formes de discrimination, c’est un problème bien réel dans le monde du travail et plusieurs salariés en sont victimes. Il en existe sous plusieurs formes – directe, indirecte ou systémique – que nous décryptons dans l’article ci-dessous.
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Malgré les lois, les campagnes de sensibilisation et autres batailles syndicales, la discrimination au travail demeure une cruelle réalité. On parle de discrimination lorsque certains employés sont placés dans une position moins favorable que d’autres en raison de caractéristiques comme la race, la couleur, l’orientation sexuelle, l’origine sociale, le sexe, l’âge, l’appartenance syndicale, la religion, l’opinion politique ou autres attributs qui ne sont pas liés aux exigences à l’emploi. Celle-ci peut être directe, indirecte ou systémique (voir en encadré).
La discrimination peut, en effet, se manifester sous différentes formes, lance Khemil Gobin, directeur d’Edge Consulting. « Certaines sont visibles et d’autres invisibles. Il est inadmissible de refuser un emploi à une personne qualifiée pour un travail à cause de son origine sociale, de son sexe ou parce qu’elle souffre d’un handicap, entre autres », martèle notre interlocuteur. Faizal Ally Beegun abonde dans le même sens et affirme que la discrimination est très récurrente dans le monde du travail.
Le syndicaliste, qui est très présent dans le secteur de la zone franche, nous cite quelques exemples. « Il y a eu le cas d’un ouvrier étranger, employé dans une compagnie de la zone franche, qui a été déporté pour avoir contracté un mariage à Maurice », soutient notre interlocuteur. Il se dit, d’ailleurs, outré par ce qu’il considère être « une discrimination » envers les ouvriers étrangers qui viennent travailler à Maurice car, contrairement aux hauts cadres, ils n’ont pas le droit d’y emmener femme et enfants.
« Ces personnes sont ainsi privées de leur vie familiale. Je trouve aussi injuste que des couples, qui sont venus à Maurice pour travailler, doivent vivre séparément dans leurs dortoirs respectifs. Durant le week-end, ils doivent se rencontrer en cachette de peur d’être sanctionnés par leurs employeurs respectifs », s’insurge-t-il. Pour le syndicaliste, autoriser les travailleurs étrangers de venir avec leurs conjoints à Maurice, résoudrait plusieurs problèmes d’ordre social.
Il cite notamment des ouvriers étrangers qui se sont fait agresser après avoir sollicité les services de prostituées. « Je connais aussi le cas de deux ouvrières qui ont été déportées après avoir été surprises dans le dortoir en plein acte de lesbianisme », dit-il. C’est pour ces diverses raisons que Faizal Ally Beegun insiste pour que le gouvernement vienne avec des législations pour assainir la situation, car l’État mauricien est signataire de la convention 111 de l’Organisation Internationale du Travail.
Khemil Gobin abonde dans le même sens. Il dit souhaiter que le gouvernement vienne avec des lois qui serviront de garde-fous contre la discrimination au travail. « Les compagnies doivent introduire une politique où tous les employés sont traités de façon équitable », recommande le consultant.
Ce que dit la loi
L’article 4 (a) de l’Employment Rights Act stipule qu’aucun salarié ne doit être traité de manière discriminatoire par son employeur sur son lieu de travail.
(b) Aucune personne ne doit être traitée de façon discriminatoire par « a prospective employer in respect of access to employment or occupation ».
Les trois principales formes de discrimination
1. Forme directe
Une discrimination directe est décrite comme une situation où une personne est traitée d’une façon moins favorable et consiste à un ensemble d’actes volontaires, intentionnellement discriminatoires. Par exemple : ne pas tenir compte des excellentes qualifications d’un candidat à l’embauche en raison de son origine ethnique.
Il y a aussi des salariés qui ne bénéficient pas de promotion au travail pour les mêmes raisons, bien qu’ils soient performants. Il y a discrimination directe quand un employé est mis à pied parce qu’il est porteur du VIH (basée sur un handicap). Le refus de considérer la candidature d’un individu parce qu’il appartient à une minorité ethnique est aussi une forme de discrimination directe (basée sur la religion).
2. Forme indirecte
Une discrimination indirecte se produit lorsqu’une pratique ou une décision apparemment neutre est susceptible d’entraîner un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d’autres, à moins qu’elle ne soit objectivement justifiée et que les moyens de le réaliser soient appropriés et nécessaires. La discrimination indirecte est difficilement identifiable, mais les préjudices portés aux victimes sont bien réels. Elles peuvent paraître sous différentes formes dont :
- Exiger un certain nombre d’années d’expérience pour un travail. Ce qui pourrait constituer un lourd handicap pour les jeunes qui ont les qualifications requises mais ne répondent pas à ce critère.
- Exiger certains critères qui pourraient décourager les femmes à faire acte de candidature.
- Recruter des personnes habitant qu’une certaine région seulement.
- Refus d’embaucher une femme parce qu’elle est enceinte.
- Des handicapés à qui on refuse un emploi.
3. Forme systémique
C’est une forme de discrimination qui relève d’un système. C’est-à-dire d’un ordre établi provenant de pratiques volontaires ou non, neutres en apparence, mais qui affecte un groupe de personnes. Elle découle de la reconnaissance de l’existence de déséquilibres socio-économiques ou inégalités sociales qui sont historiquement constitués. Par exemple, on peut parler de la discrimination systémique fondée sur le sexe. C’est-à-dire d’un ordre établi provenant de pratiques volontaires ou non, neutres en apparence, mais qui donne lieu à des écarts salariaux entre les emplois traditionnellement occupés par les hommes et ceux traditionnellement occupés par les femmes.
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