Linion Pep Morisien (LPM) existe depuis exactement un an. Son co-leader, Dev Sunnasy, tire un bilan plutôt satisfaisant de cette première année. Il revient aussi sur la rencontre entre son parti et le commissaire électoral mardi.
Mardi 21 mars, vous avez rencontré pour la seconde fois le commissaire électoral Irfan Abdool Rahman. Comment cela s’est-il passé ?
La rencontre s’est bien déroulée. Nous avions rencontré le commissaire électoral une première fois le 10 janvier et lui avions présenté plusieurs propositions. Lors de la réunion d’aujourd’hui (NdlR, hier), nous avons discuté plus en détail du dépouillement le jour même de l’élection.
Si le dépouillement est effectué le jour même, il y a différentes façons de le faire. Devons-nous compter les bulletins dans chaque salle de classe où les gens votent ou rassembler tous les bulletins dans une seule salle par centre de vote ? Le commissaire préfère la proposition que nous avons avancée, qui consiste à effectuer le comptage dans chaque salle de classe.
En 2019, il y avait 1 982 classes pour 382 salles de vote. Pour la prochaine élection, il devrait y avoir 2 000 classes, car le nombre d’inscrits sur la liste électorale de 2022 est de 976 000 et quelques, ce qui représente une augmentation par rapport aux dernières élections. Pour effectuer le comptage dans chaque bureau de vote, il faut 4 000 agents par alliance ou groupe qui présente sa candidature, car il y a deux agents par salle de classe.
Nous avons proposé de réduire d’une heure la durée du vote. Cette mesure faciliterait la tâche des équipes travaillant sur les élections, mais sa mise en œuvre dépend d’un consensus général. Il est nécessaire que tous les partis d’opposition traditionnels s’accordent sur cette proposition, car le commissaire électoral est favorable à son application. Pour l’instant, seul LPM a rencontré le commissaire électoral.
Il avait été question que l’opposition puisse apposer un tampon sur chaque bulletin afin d’empêcher des fraudes...
L’objectif est de disposer d’un tampon unique de l’opposition apposé sur chaque bulletin avant qu’il ne soit glissé dans l’urne. Nous avons également discuté de l’utilisation de l’encre indélébile sur la main des électeurs pour réduire le risque de vote multiple. Lors des élections de 2019, les électeurs pouvaient utiliser leur carte de bus ou leur permis de conduire, mais nous avons demandé de ne plus le permettre. Dorénavant, seuls la carte d’identité et le passeport seront acceptés. Le commissaire électoral est d’accord sur ce point.
Un autre point concerne la salle informatique (« Computer room »). Étant donné qu’il y a des affaires devant la Cour suprême, le commissaire ne peut pas commenter à ce sujet. Cependant, j’ai proposé d’avoir un écran dans la salle et un autre à l’extérieur plutôt que d’utiliser une salle informatique secrète. Nous ne voulons pas que les ordinateurs soient connectés au réseau du système intranet gouvernemental.
Qu’en est-il de la couverture des élections ?
Nous avons également discuté de la diffusion des émissions politiques sur la MBC pendant les campagnes électorales. Nous avons demandé que la MBC cesse de le faire et que l’Electoral Supervisory Commission (ESC) engage les services d’un studio indépendant pour réaliser les enregistrements. Chaque jour, à une heure convenue, l’ESC les enverra à la MBC et aux médias privés, car tout le monde ne regarde pas la MBC. Cependant, pour ce point, le commissaire électoral devra organiser une réunion avec l’ESC afin que nous puissions en discuter.
Une troisième réunion est-elle prévue avec le commissaire électoral ?
Oui, mais nous devrions rencontre l’ESC au préalable. Ce serait bon que les autres partis politiques aillent eux aussi faire une proposition au commissaire électoral. Je les encourage à le faire au plus vite. Le commissaire électoral est très favorable au dépouillement le même jour mais il faut trouver le bon mécanisme.
LPM a été créé le 21 mars de l’année dernière. Quel bilan faites-vous ?
En un an, nous avons accompli un travail important. Nous avons présenté de nombreux documents, dont un programme électoral, un budget alternatif, un document chiffré et documenté sur l’industrie du chanvre, une réforme constitutionnelle de 99 pages, une constitution pour le parti, ainsi qu’une loi complète sur la liberté d’information (Freedom of Information Act), entre autres. Nous avons également organisé diverses manifestations. Je ne vois aucun autre parti politique qui a accompli un quart de ce que nous avons réalisé en une seule année. Nous avons également éveillé la conscience des gens.
Pour un parti qui existe depuis un an, nous avons accompli beaucoup de choses. Nous avons une bonne équipe et nous sommes globalement très satisfaits. Il y a beaucoup d’intérêt de la part du public, avec des recrues qui nous rejoignent. Nous démontrons que nous travaillons pour le peuple.
Pendant que le Parlement est en congé, les parlementaires le sont aussi. Mais nous, nous travaillons 24/7. Nous avons soulevé des « lièvres » comme le pourvoi en grâce le 6 janvier dernier et les brutalités policières en avril de l’année dernière.
Qu’y a-t-il sur la planche de travail pour la seconde année ?
Continuer de consolider et de faire grandir LPM. Nous voulons continuer à rassembler d’autres groupes extraparlementaires.
Allez-vous présenter 120 candidats aux élections municipales si elles ont lieu ?
Nous ne croyons pas qu’il y aura d’élections municipales, mais nous nous préparons tout de même au cas où. Nous prévoyons plutôt des élections générales. Le gouvernement est déjà en campagne électorale en vue de ces élections.
Le LPM compte-t-il affronter les élections générales seul ?
Nous continuons de regrouper d’autres partis extraparlementaires. Nous collaborons déjà avec le Rassemblement Mauricien sur divers dossiers.
Rejoindre des partis traditionnels est-il une possibilité ?
Dans nos documents sur la réforme du système politique et la restauration de la démocratie, nous avons expliqué comment procéder aux nominations et comment le Premier ministre ne sera pas le ministre de l’Intérieur. Nous avons également abordé la question de la dépénalisation des drogues douces et de la nécessité d’un fonctionnement à temps plein du Parlement. Ce sont des points importants, mais je doute que les partis traditionnels soient prêts à accepter des changements aussi radicaux. Nous souhaitons apporter de véritables changements, mais nous n’entendons personne dans les partis traditionnels en parler.
Il y a aussi eu des départs, comme celui de Bruneau Laurette...
C’est dommage, mais la vie continue. Il était avec nous depuis la création, mais il avait déjà fait le choix de suivre un autre camarade et c’est son droit. Je vois plutôt une bataille à trois ou quatre pour les prochaines élections générales, c’est-à-dire que LPM et d’autres vont former un groupe, puis il y aura le MSM et ceux qui le suivent, et enfin le PTr-PMSD-MMM. Il est possible qu’un quatrième parti ne se retrouve dans aucun de ces trois groupes.
Pensez-vous que les électeurs sortiront de leur manière de voter traditionnelle ?
La grande majorité des personnes que nous rencontrons ne veut plus voter de manière traditionnelle. C’est également la première fois depuis 1982 que les gens sont touchés dans leur portefeuille en raison, notamment, des malversations, des cas de corruption et de la mauvaise gestion, alors qu’ils voient de l’argent être mal utilisé au niveau du gouvernement. Les gens sont prêts pour le changement.
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