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Deux mois à galérer comme SDF - James Désiré Nina : «Dieu m’a envoyé un ange gardien»

James Désiré Nina est aujourd’hui fier de son parcours, qui n’a pas été de tout repos.

Il a connu plus de bas que de hauts dans sa vie. Du jour au lendemain, James Désiré Nina s’est retrouvé sans emploi, sans le sou et sans toit. Pendant deux mois, il a dormi dans la rue, jusqu’au jour où il a rencontré Nathan Julie, son ange gardien.

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Son histoire émeut. La vie n’a pas été un long fleuve tranquille pour ce divorcé et père de cinq enfants. Tout a basculé avant la pandémie de Covid-19.

« Je travaillais pour une compagnie et je vivais dans un appartement à Grand-Baie. Tout allait bien jusqu’en décembre 2019 quand mon employeur nous a remerciés. Entre-temps, la Covid-19 a pointé le bout de son nez en mars. Je n’ai pas reçu d’assistance financière, car je ne répondais pas aux critères de la MRA », raconte James Désiré Nina. 

Il est loin de se douter que le pire restait à venir. En effet, ne pouvant s’acquitter du loyer, cet homme de 57 ans a été sommé par son propriétaire d’évacuer les lieux. « J’ai toujours le cœur gros quand je pense qu’avant le confinement, j’avais commandé un costume pour accompagner ma fille jusqu’à l’autel pour son mariage. Le propriétaire l’a brûlé. De plus, il a saisi mes affaires valant près de Rs 40 000, parce que je n’avais pas payé le loyer, qui s’élevait à Rs 15 000 », raconte notre interlocuteur. 

Pendant le premier confinement, il essaie de « tras-trase » pour pouvoir subsister. Toutefois, sa situation a empiré durant le deuxième lockdown. « Je vivais un jour ici, un autre jour ailleurs. J’ai exposé mon problème à la radio et beaucoup de personnes avaient promis de m’aider à trouver du travail, mais finalement j’ai été exploité à cause de ma précarité. Un monsieur m’a demandé d’entreprendre des travaux de peinture pour lui. J’ai travaillé pendant tout un week-end, mais il a refusé de me payer, disant qu’il n’était pas satisfait. Il y a un autre qui m’a proposé du travail comme gardien, me promettant Rs 5 000 et une dépendance. Au final, j’ai dû assumer le rôle de gardien, celui de jardinier et également m’occuper de la piscine », déplore le quinquagénaire, qui affirme qu’il y a de nombreuses personnes dans sa situation qui sont exploitées par des gens sans scrupules. 

Malgré lui, James Désiré Nina se retrouve sans abri. Dans un premier temps, pendant un mois, il trouve refuge sur la terrasse de son ancien appartement à Grand-Baie, bravant les aléas de la nature. « Chaque matin, je me rendais aux toilettes publiques pour prendre une douche et me brosser les dents », soutient notre interlocuteur. Peu de temps après, le quinquagénaire se retrouve dans les rues de la capitale. « Le jour, je multipliais les petits boulots pour avoir quelque chose à manger et le soir je dormais le ventre vide », confie-t-il. 

J’aurais pu jeter les armes et sombrer, mais j’ai toujours eu foi en Dieu. J’en suis à un stade où j’ai mon bureau, je fais des tests PCR dans un établissement de santé privé et j’ai mon chez-moi»

La vie comme SDF n’a pas été facile pour James Désiré Nina. La nuit, il dormait sur un banc à l’hôpital Jeetoo, à Port-Louis. « J’avais un sac à dos qui me servait d’oreiller. Quand il avait plu durant la journée, le soir je dormais sur ce sac trempé. J’utilisais les toilettes de l’hôpital pour faire ma toilette. Quand je trouvais un petit travail chez des personnes, j’inventais une histoire pour leur expliquer que je devais me doucher avant de partir », poursuit-il. 

Cependant, il a tenu ferme et n’a pas succombé aux fléaux qui guettent. « Dieu m’a guidé et Il m’a envoyé un ange gardien en la personne de Nathan Julie, qui est comme mon enfant. Il m’a tendu la main et m’a redonné goût à la vie, une maison et un boulot, alors que mes proches m’ont tourné le dos. Je lui suis reconnaissant. Je t’aime de tout mon cœur, Nathan. Tu as donné un sens à ma vie, alors que j’étais dans le désespoir », lance-t-il. 

Comment est-ce que James Désiré Nina a rencontré Nathan Julie ? « Un jour que je n’avais rien à me mettre sous la dent, j’ai aperçu Bruneau Laurette et Darren, un autre activiste. Je les ai approchés et leur ai expliqué mon problème. Bruneau Laurette s’est entretenu avec Darren.  C’est ainsi qu’ils m’ont remis Rs 100 et m’ont demandé de me rendre à Roche-Brunes pour y rencontrer une certaine Ruby. C’est cette dernière qui m’a présenté Nathan Julie. Il est venu me rencontrer avec son équipe. Il m’a dit qu’il allait me prendre en charge », relate le quinquagénaire. Les paroles de Nathan Julie resteront à jamais gravées dans sa mémoire. « Il m’a dit : si vous m’écoutez, le grand vainqueur sera vous et personne d’autre », se souvient James Désiré Nina. 

Cette rencontre a été un tournant dans sa vie. Depuis l’année dernière, James Désiré Nina a un toit et du travail. « Nathan Julie et son équipe ont acheté tout le nécessaire pour équiper la maison où je vis. Je tiens à remercier tous ceux qui ont été là pour moi dans mes moments difficiles : Nathan Julie et sa famille, Ronnie, Fabrice, Eric, Daniella, Joyce, Julianna, Nathalia, Aditi, Madame Stéphanie, Madame Asha qui est comme une maman adoptive, ainsi que la famille Sooknundun. Ces personnes ont été là pour moi, alors que ma famille a toujours trouvé des prétextes pour ne pas me venir en aide, hormis mon frère et ma belle-sœur, Daniel et Georgette Nina et deux de mes enfants, Carine et Brian, qui me téléphonaient souvent pour me remonter le moral », explique-t-il. 

James Désiré Nina est aujourd’hui fier de son parcours, qui n’a pas été de tout repos. « J’aurais pu jeter les armes et sombrer, mais j’ai toujours eu foi en Dieu. J’en suis à un stade où j’ai mon bureau, je fais des tests PCR dans un établissement de santé privé et j’ai mon chez-moi. La maison est tellement grande que j’attends que Nathan, qui aide des SDF, me ramène quelqu’un qui est dans le besoin », dit-il. 

James Désiré Nina ose aussi croire que les autorités vont aider Nathan Julie qui « sort des personnes de l’ombre pour les mettre dans la lumière ». Il lance également un appel aux personnes qui sont dans la même situation pour qu’elles ne baissent pas les bras, car il y a toujours la lumière au bout du tunnel. Il suffit d’y croire.

 

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