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Des législations en préparation: haro sur l’abus de pesticides

Un récent sondage vient mettre à jour des résultats « troublants » quant à l’utilisation des pesticides.
Contrôler au maximum l’importation, la distribution et l’utilisation des pesticides. Pour atteindre cet objectif, des amendements seront apportés à la Dangerous Chemical Control Act de 2004. Un comité technique a été institué au ministère de l’Agro-industrie pour travailler sur les amendements à être apportés à la Dangerous Chemical Control Act. Le but est de sévir davantage contre tous ceux qui font mauvais usage des produits chimiques, surtout le pesticide. « Des techniciens de mon ministère travaillent de concert avec le ministère de la Santé pour proposer des amendements. Ils donneront aussi la possibilité au ministère de l’Agro-industrie de prendre des actions contre les planteurs ne respectant pas les modes d’utilisation de pesticides », avance Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie.
Le ministère a décidé de prendre le taureau par les cornes après la publication des résultats d’un sondage de la Chambre d’Agriculture. Des résultats « troublants », selon Mahen Seeruttun, pour cinq raisons. Surdosage. Des planteurs ne respecteraient pas les dosages prescrits des pesticides, optant parfois pour un surdosage, et ce, sans l’avis préalable d’un professionnel. Cocktails. Une pratique répandue, mais interdite dans la culture agricole, l’utilisation de « cocktails ». Soit un mélange de plusieurs types de pesticides comme « mesure préventive ». Une pratique à la fois néfaste pour la santé et l’environnement. Pesticide « contrefait ». Certains planteurs auraient recours à des pesticides « imitation ». Beaucoup moins chers, certes, mais point efficaces. Sécurité. L’épandage de pesticides requiert le port d’équipements adaptés (gants, bottes, lunette de sécurité, respirateur, etc). Des protocoles auxquels feraient fi des planteurs, ou leurs employés, mettant ainsi en péril leur santé.

Les mûrisseurs des fruits et légumes

L’utilisation de mûrisseurs, produits catalyseurs de mûrissement d’un fruit ou d’un légume, est aussi décriée par Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie. « Maurice, c’est plus souvent dans les ananas, les bananes et les tomates qu’on retrouve ce produit dans lequel ces fruits sont trempés, afin d’accélérer le processus de mûrissement. Cette pratique est interdite car c’est un produit chimique dangereux pour la santé. Les analyses du Food Technology Laboratory a été étendu à ces produits mûrisseurs. Des discussions sont en cours avec des laboratoires privés, qui disposent d’équipements et d’expertise nécessaires pour nous aider dans cette tâche. L’objectif est de s’assurer que les fruits et légumes qui vont sur les marchés sont propres à la consommation », affirme Mahen Seeruttun.

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[row custom_class=""][/row] Formation. Des commerçants n’auraient pas tous été formés et informés sur les produits chimiques qu’ils proposent pour qu’ils puissent conseiller efficacement des clients quant à l’usage de ces produits.

400 échantillons prélevés

Le Food & Agricultural Research & Extension Institute (Farei) mène déjà un combat contre le surdosage de pesticides en prélevant régulièrement des échantillons de fruits et de légumes, prêts à la vente, directement auprès des planteurs. « Auparavant, nous prélevions ces échantillons dans les marchés. Mais la traçabilité était difficile. En allant directement dans les champs, cela nous permet de savoir exactement où le taux de pesticide est supérieur au seuil toléré. Nous pouvons ainsi aviser le planteur de revoir la quantité de pesticides qu’il utilise ou d’observer correctement la période de rémanence  », explique Ramesh Rajcumar, Chief Executive Officer par intérim du Farei. Depuis 2009, quelque 400 échantillons sont prélevés et analysés annuellement, afin de relever les résidus de pesticides. Ces échantillons, composés de 67 fruits et légumes, sont acheminés vers le Food Technology Laboratory du ministère de l’Agro-industrie à Réduit aux fins d’analyse. Le résultat obtenu est ensuite comparé au Maximum Residue Limit (MRL), une norme internationale de la Food and Agriculture Organisation (FAO) de l’Organisation des Nations unies. « Une moyenne de 5 % de nos échantillons sont au-dessus du MRL chaque année. Un taux que je considère acceptable, vu que dans certains pays asiatiques, la moyenne est de 10 %. Mais l’idéal serait que ce chiffre soit réduit à zéro. C’est d’ailleurs l’objectif qu’on s’est fixé au Farei », soutient Ramesh Rajcumar.

Résidus de pesticides

De novembre 2009 à février 2016, 2 592 échantillons de fruits et légumes ont été analysés par le Food Technology Laboratory. C’est en 2013 que le plus grand nombre d’échantillons ont été testés positifs à un taux de résidus au-dessus du MRL, soit 8,2 % des fruits et légumes analysés. En fait, sur 348 échantillons récoltés en 2013, 148 contenaient des traces de résidus de pesticides et 32 présentaient un taux de résidus de pesticides au-dessus du MRL. Voir un tableau plus loin des résultats obtenus ces six dernières années. [lptw_table id="26167" style="material-blue"]  
   

Pesticides: un mal nécessaire

Ramesh Rajcumar, Chief Executive Officer (CEO) par intérim du Food & Agricultural Research & Extension Institute (Farei), est d’avis que l’utilisation de pesticides serait « un mal nécessaire » pour la culture des fruits et légumes à Maurice. Et cela pour deux raisons principales. « Primo, notre climat — avec une température relativement ambiante tout au long de l’année — favorise la propagation des insectes ravageurs et autres organismes pathogènes. Cela s’accentue en été lorsque la température et le taux d’humidité sont plus élevés. Secundo, cette balance écologique solide qui existait par le passé a été endommagée», explique-t-il.

Alternative: le bio farming

Le gouvernement s’est récemment embarqué dans un projet pour changer le mode de pratiques culturales à Maurice. L’objectif étant de sortir de nos pratiques conventionnelles pour se tourner vers une alternative moins nocive pour la santé et plus écologique, le bio-farming. « C’est mieux à la fois pour la santé des consommateurs, l’environnement et la fertilité du sol », avance Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie. Et pour pouvoir mettre sur le marché des fruits et légumes étiquetés du label « Bio », Mahen Seeruttun annonce la mise en place d’une institution pour la certification de produits bio.
 

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