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Dérèglement climatique : Maurice entre actions et contradictions 

Selon des experts, il est grand temps que les autorités mauriciennes travaillent sur un plan de relogement pour les habitations situées sur le littoral face à la montée du niveau de la mer.

Le réchauffement climatique atteindra 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, prévient le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) dans un rapport soumis lundi. C’est dire s’il y a urgence en matière d’atténuation et d’adaptation. 

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«Le réchauffement climatique atteindra 1,5 degré Celsius par rapport à l’ère pré-industrielle dès les années 2030-2035. » Un dernier rapport des Nations unies fait état de la gravité du dérèglement climatique. Comme de nombreux États insulaires, Maurice demeure extrêmement vulnérable à ce phénomène environnemental. Cependant, les mesures promises et mises en place jusqu’à présent n’ont pas été très efficaces. De plus, plusieurs experts du secteur environnemental estiment qu’il y a trop de contradictions dans les projets gouvernementaux pour les prochaines années.

Certes, il y a une prise de conscience. Comme le démontrent notamment l’adoption du Climate Change Act, la création d’autorités comme la Mauritius Renewable Energy Agency (MARENA) ainsi que des annonces visant à éliminer le charbon. Et même le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a tiré la sonnette d’alarme sur la hausse du niveau de la mer de 5,5 millimètres par an, contre 3 millimètres au niveau mondial. C’était la semaine dernière, lors de l’inauguration d’un centre de refuge à Quatre-Sœurs.

Il n’empêche que Maurice continue de prendre du retard par rapport aux énergies renouvelables. Le dernier rapport du Central Electricity Board, intitulé « Central Electricity Board Generation Progress Report Summary for year 2022 », a révélé que la production énergétique à partir des énergies vertes est passée à 17,35 % en 2022 contre 19,83 % en 2021 et 22,30 % en 2020. Pourtant, les autorités mauriciennes ont pour objectif d’atteindre 60 % de production énergétique à partir des énergies renouvelables.

Le bétonisation à travers le pays, la construction sur des zones sensibles, la prospection pétrolière sans tenir compte de la possibilité d’utiliser du gaz naturel liquéfié sont autant d’éléments qui démontrent à quel point le gouvernement mauricien est en contradiction avec la lutte contre le dérèglement climatique, selon l’océanographe Vassen Kauppaymuthoo. « Cela fait des années que j’alerte les autorités sur le danger qui nous guette avec le changement climatique. J’avais organisé une conférence avant les élections de 2014 afin de sensibiliser nos décideurs sur la gravité de la situation mais la réaction était qu’on ne peut bloquer les développements », dit-il. 

Neuf ans plus tard, malgré l’adoption du Climate Change Act, Vassen Kauppaymuthoo constate que le dossier environnemental « reste encore en arrière par rapport au volet économique ». En réaction aux propos du Premier ministre qui a affirmé la semaine dernière, à Quatre-Sœurs, attendre plus d’actions concrètes des grandes puissances qui polluent le plus, il souligne que « nous ne pouvons pas rejeter la faute sur les autres. Nous sommes également responsables de la pollution, même si cela se produit à une échelle réduite. N’oublions pas que 80 % de notre énergie électrique est produite à partir de pétrole lourd et que 99,9 % des véhicules fonctionnent avec des carburants polluants, alors que dans d’autres pays, ils s’efforcent d’éliminer les véhicules qui roulent à l’essence et au diesel ».

Dans la foulée, l’océanographe soutient qu’il est temps pour le gouvernement de travailler sur un plan de relogement pour les habitants de Port-Louis ainsi que pour les habitations situées dans les régions côtières. « Même des hôtels situés sur le littoral devront être déplacés », martèle-t-il.

Le député du Parti travailliste (PTr), Fabrice David, qui suit de près le dossier de l’environnement, parle, quant à lui, des contraintes financières. « Nous devons évidemment nous adapter et atténuer les effets liés au dérèglement climatique. Cela nécessite des travaux qui aideront à restaurer les plages et à mieux évacuer l’eau de pluie. Mais tous ces travaux demandent énormément d’investissement », fait-il comprendre. 

Et bien que le gouvernement mauricien prenne en charge une partie des dépenses de plusieurs de ces projets, « il faut bien plus encore », explique le député de la circonscription n°1 (Port-Louis Ouest / Grande-Rivière-Nord-Ouest). Faisant état de la promesse d’un décaissement d’un fonds de 100 milliards de dollars américains annuellement par les pays les plus industrialisés à travers le monde, Fabrice David fait ressortir que cet argent n’a pas encore été mobilisé. 

Quant aux efforts entrepris par le gouvernement mauricien face au changement climatique, Fabrice David fait valoir que les initiatives sont trop éparpillées. De plus, dit-il, il y a eu ces dernières années de nombreuses annonces sans que cela se traduise par des actions concrètes.

 

 

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