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Décision de rétrocéder les Chagos à Maurice : l’administration Trump critique la précipitation du Royaume-Uni 

Robert Wilkie (à g.) est le Chef de l’équipe de transition de Donald Trump au Pentagone.

L’administration de Donald Trump émet de vives critiques à l’égard du Royaume-Uni concernant sa décision de rétrocéder les Chagos à Maurice. Robert Wilkie, chef de l’équipe de transition du président américain au Pentagone, qualifie la décision britannique de « calamiteuse » et « hâtive ».

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Un deal entre le Royaume-Uni et Maurice sur les Chagos prend-il l’eau ? Alors que le dossier a été placé par les Britanniques entre les mains du président américain Donald Trump, qui a pris officiellement ses fonctions le lundi 20 janvier 2025, pour être avalisé, au niveau de l’administration de ce dernier, l’on laisse déjà entendre ne pas être en faveur d’une rétrocession à Maurice.

Dans une interview accordée à la BBC en ce début de semaine, Robert Wilkie, chef de l’équipe de transition de Donald Trump au Pentagone, a qualifié cette décision de « calamiteuse » et « hâtive ». Pour lui, la souveraineté sur les îles Chagos, un archipel de l’océan Indien, pourrait même devenir un enjeu majeur dans les relations de défense entre le Royaume-Uni et les États-Unis. 

Il a souligné que la base militaire conjointe américaine et britannique sur Diego Garcia, la plus grande île de l’archipel, constitue un « nœud stratégique vital » pour les intérêts de défense américains et britanniques depuis plusieurs décennies. Interrogé sur l’impact potentiel du transfert de souveraineté des îles vers Maurice, il a déclaré ceci : « Absolument. Cela pourrait être un test précoce de la relation de défense entre Trump et le gouvernement britannique. »

Le gouvernement britannique s’est engagé formellement le 3 octobre, dans un « accord politique », à restituer les îles à Maurice, tout en conservant le contrôle de la base militaire sur Diego Garcia dans le cadre d’un bail de 99 ans. Cette décision, approuvée sous l’administration du Premier ministre britannique sir Keir Starmer, a suscité des critiques de la part de responsables américains proches de Donald Trump.

Opposition américaine 

Robert Wilkie a affirmé que le transfert de souveraineté pourrait compromettre la capacité des deux nations à maintenir un « front uni » dans le cadre de l’OTAN et de l’Anglosphère. « Diego Garcia nous offrait une plateforme stratégique pour projeter notre puissance. Cette décision manque de réflexion à long terme », a-t-il déclaré. Selon Robert Wilkie, l’accord soulève aussi des inquiétudes quant à un éventuel accès de la Chine aux îles, un point qui alimente davantage les réticences des États-Unis. 

David Lammy, ministre britannique des Affaires étrangères, a défendu l’accord, affirmant qu’il garantit l’avenir de la base aérienne tout en respectant une décision de la Cour internationale de justice, qui a statué que les îles appartiennent à Maurice. « Il est juste et approprié que la nouvelle administration américaine examine cet accord », a déclaré David Lammy lundi à la BBC. 

Un porte-parole du Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO) a également assuré que l’accord est « excellent » et qu’il protège les intérêts de sécurité nationale du Royaume-Uni et des États-Unis. « Nous sommes convaincus qu’après un examen approfondi, la nouvelle administration américaine soutiendra cet accord », a-t-il déclaré.

Les négociations entre Maurice et le Royaume-Uni sur la rétrocession de l’archipel des Chagos ont abouti à un document final, comme l’a annoncé l’Attorney General, Gavin Glover, dimanche dernier, à son retour de mission de Londres. Mercredi dernier, le Royaume-Uni a annoncé qu’il soumettrait l’accord à l’approbation du président américain Donald Trump. Le deal, élaboré après plusieurs années de discussions très serrées, prévoit la reconnaissance de la souveraineté mauricienne sur les Chagos, y compris Diego Garcia, où se trouve une base militaire américano-britannique. 

Alors qu’un premier deal avait conclu le 3 octobre dernier, le nouveau gouvernement, sous l’impulsion du Premier ministre, Navin Ramgoolam, a décidé de revoir certains aspects juges inacceptables. Maurice a obtenu des modifications importantes, notamment l’abandon d’une clause permettant un renouvellement unilatéral de la location de Diego Garcia après les 99 premières années pour encore 99 ans supplémentaires. La nouvelle version indiquerait que tout renouvellement nécessiterait un accord mutuel.

Souveraineté

Une clause permettant au Royaume-Uni d’exercer la souveraineté de Maurice sur Diego Garcia a été perçue comme une cession de souveraineté par Maurice. Une révision du libellé de cette clause, précisant que Maurice, en tant que souverain légitime, accorderait les droits d’utilisation de Diego Garcia pour la base militaire, aurait été obtenue.

L’accord, dans sa nouvelle version, inclurait également un « front loading » des premières années de location. La presse britannique a fait état d’un montant annuel de location de 90 millions de livres sterling (Rs 5,1 milliards selon le taux de change du jour), ajusté au fil des années ? Mais au niveau de Port-Louis, on soutient que ce montant ne serait pas exact. 

Autre aspect du deal potentiel, un partenariat infrastructurel entre les deux pays prévoit un soutien financier britannique au développement de Maurice, ainsi que des fonds dédiés au Chagos Fund. D’autres aspects du traité concernent le soutien du Royaume-Uni à Maurice dans la lutte contre le changement climatique, permettant l’accès à des financements internationaux.
 

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