Les critiques de Pravind Jugnauth contre la presse, en laquelle il voit un « adversaire », pourraient être une tentative de justifier l’établissement d’une autorité de régulation sur les médias. C’est du moins ce qu’entrevoit le journaliste Jean-Luc Mootoosamy. Il était l’un des invités de Nawaz Noorbux et de Jugdish Joypaul dans l’émission « Au cœur de l’info » sur Radio Plus vendredi.
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Le discours prononcé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors d’une réunion du comité régional de la circonscription n° 4, étonne à plus d’un titre. D’abord, il a laissé entendre que son adversaire n’est pas l’opposition, mais la presse. Ce que le journaliste Jean-Luc Mootoosamy trouve « très étonnant ».
Mais ce qui le surprend surtout, c’est le timing. « C’est un discours auquel je m’attends pendant une campagne ou à la fin du mandat d’un gouvernement. Donc le timing me surprend aussi », a indiqué le journaliste lors de son intervention dans l’émission « Au cœur de l’info » vendredi.
Jean-Luc Motoosamy a dit entrevoir, dans un tel discours, un justificatif pour légiférer « sans pitié » contre la presse. « ‘Mo panse se enn reklam pou enn’ Press Council. La rentrée parlementaire est prévue en mars. Le gouvernement dispose d’une année avant les élections. Il a aussi une majorité à l’Assemblée nationale. Selon moi, c’est une excuse pour légiférer car il (Pravind Jugnauth ; NdlR) considère que ce que la presse rapporte n’est pas juste », a-t-il expliqué.
Or, il estime que la presse reste un partenaire de la démocratie, et ce même si elle est parfois difficile, voire indésirable, ne caressant pas toujours dans le sens du poil. « Si vous dites que la presse est votre adversaire, vous avez perdu », a-t-il ajouté. Il dit également craindre que certaines personnes, à travers ce discours, puissent rendre la vie des journalistes plus difficile.
Invité sur le plateau, Osman Mahomed a, pour sa part, dit appréhender une campagne difficile sur le terrain avec de tels discours. « La campagne s’annonce rude, mais il faudra labourer le terrain », a souligné le député du Parti travailliste.
Selon lui, toute démocratie a besoin d’une presse vivante. « Lorsqu’un premier ministre commence à critiquer des institutions, cela commence à sentir mauvais », estime-t-il. Il est d’avis que les dégâts provoqués par le cyclone Belal et le pétrolier Wakashio « pèseront lourd dans la balance » et que « le public n’oubliera pas de sitôt l’image montrant un corps emporté par les flots sur l’autoroute ».
Cacophonie"
Le député rouge s’est aussi montré critique envers le gouvernement au niveau de la gestion des inondations du 15 janvier 2024, qu’il a d’ailleurs qualifiée de « mauvaise ». Il a utilisé le terme « cacophonie » pour qualifier la façon dont les autorités ont géré le cataclysme ce jour-là. Ce qui le pousse à s’interroger sur l’efficacité des drains construits au coût de Rs 7 milliards, à en croire le ministre de l’Infrastructure nationale. « What is the outcome of this? Quelqu’un doit venir expliquer ce que ces Rs 7 milliards ont apporté comme résultat », a-t-il martelé.
Intervenant par téléphone, le député du Mouvement socialiste militant, Salim Abbas Mamode, a fait valoir qu’il trouve normal que les milliards de roupies investies dans des drains n’aient pas eu l’effet escompté face aux changements climatiques. « Li normal ki pa pou ena gran sanzman », a-t-il déclaré. Il pense néanmoins qu’il faut apprécier les investissements consentis par le gouvernement pour la construction des drains. « Si cela n’avait pas été fait, il y aurait eu encore plus de problèmes », estime-t-il, précisant que des investissements supplémentaires seront faits si nécessaire.
Cyclone Belal
Parlant des inondations provoquées par le cyclone Belal, Jean-Luc Mootoosamy fait ressortir qu’elles ne sont pas l’affaire des autorités seulement. « Nous avons perdu de vue des choses essentielles pendant un cyclone. Ce n’est pas l’affaire des autorités et du gouvernement seulement. Il y a aussi un aspect civique. Le bon sens a été mis de côté », a-t-il expliqué.
Le journaliste est d’avis qu’il y aurait une crise de confiance au sein de la population face aux institutions publiques. « Lorsque la météo ou le gouvernement dit quelque chose, les gens ont tendance à douter et lorsque les inondations arrivent, nous ne sommes pas prêts physiquement à affronter ce qui nous arrive », a-t-il dit.
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