Maurice comptait 16 885 cas actifs au dimanche 14 novembre 2021. Si ce chiffre effraie, les spécialistes estiment qu’il pourrait doubler dans les semaines à venir. Plusieurs préconisent des mesures plus strictes, notamment pour réduire les déplacements.
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La situation est inquiétante bien que tous les chiffres ne soient pas divulgués. Le ministre de la Santé a affirmé, la semaine dernière, que ceux concernant les tests antigènes pratiqués ne sont pas tous comptabilisés.
Selon le Dr Vasantrao Gujadhur, avec 1 000 cas positifs par jour, décelés à travers des tests antigènes rapides et 200 (officiellement annoncés) par voie de PCR, il faut compter une moyenne réelle de 1 500 cas positifs par jour. L’ancien directeur des services de santé affirme que les 16 885 cas actifs enregistrés au dimanche 14 novembre 2021 correspondent à cette moyenne si on estime que les contaminés restent positifs entre 10 et 14 jours.
Si la situation reste la même, avec les mesures en vigueur, le nombre de cas positifs pourrait croître. « Les gens continuent à voyager entassés dans des autobus. Il n’y a pas vraiment de distanciation », déplore le Dr Gujadhur.
Il ajoute que selon le modèle actuel, le nombre de cas au quotidien pourrait doubler dans deux semaines, à raison de 3 000 cas par jour, pour atteindre 25 000 à 30 000 cas actifs. « Il faut casser la chaîne de transmission en limitant les mouvements », estime-t-il.
Selon l’ex-directeur des services de santé, le taux de propagation est de 20 % à 24 %, alors que l’Organisation mondiale de la santé parle d’un taux tolérable de moins de 5 %. Il préconise un confinement partiel pour ne pas atteindre les 30 000 cas actifs. Selon lui, si d’autres mesures sont introduites cette semaine, cela réduirait considérablement la contagion d’ici fin décembre.
Pas d’accalmie avant les fêtes
« Un pic de 30 000 cas actifs jusqu’en décembre n’est pas à écarter et ce sera trop pour une population de 1,3 million d’habitants », affirme le Dr Shameem Jaumdally, virologue. Il explique que le calcul se fait en ajoutant les cas enregistrés chaque jour pendant la période d’incubation, c’est-à-dire 14 jours. Mais au train où vont les choses, en ajoutant la moyenne des résultats positifs obtenus via les tests PCR et antigènes, Maurice pourrait enregistrer 2 000 cas par jour durant les 14 prochains jours. Ce qui porterait le nombre total de cas actifs à 28 000.
Les spécialistes estiment que s’il n’y a pas de mesures plus strictes et que si les déplacements des gens dans les rues continuent à être aussi nombreux, on ne peut pas espérer une accalmie avant les fêtes de fin d’année. Le Dr Shameem Jaumdally est d’avis que dans la configuration actuelle et avec l’arrivée des fêtes, cette tendance pourrait se maintenir jusqu’en janvier. Raison pour laquelle il insiste sur l’importance de rompre la chaîne de transmission.
Mais comment y arriver ? Comment la vague de 2020 a-t-elle pu être maîtrisée ? Le gouvernement avait introduit des mesures draconiennes et strictes pour faire baisser le nombre de cas à presque zéro en six mois.
Le Dr Sharmila Seetulsingh-Goorah, de l’université de Maurice, affirme que selon l’université d’Oxford, le pays avait une Stringency Index (notant la sévérité des mesures entre 0 et 100) de 82,41 en 2020. Nos mesures avaient donc été classées parmi les plus strictes au monde.
Or, en 2021, l’indice est de 28,7. « Peu probable que nous atteignions la fin de cette vague avec les mesures actuelles. Il n’y a plus de Contact Tracing pour trouver les personnes contaminées et seuls les patients symptomatiques sont traités », dit-elle.
L’universitaire souligne qu’il est difficile d’établir une courbe car les chiffres ne sont pas tous communiqués, c’est-à-dire le nombre de tests pratiqués et celui des cas détectés à travers les tests antigènes rapides.
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