Toutes les conditions doivent être réunies pour que Maurice revoie le système de quarantaine qu’il impose à tous les passagers qui débarquent. L’une d’elles est d’atteindre l’immunité collective au sein de la population. C’est ce qu’expliquent les docteurs Catherine Gaud et Vasantroa Gujadhur.
Les Seychelles ont enlevé l’exigence de quarantaine pour tous les voyageurs vaccinés contre la COVID-19, selon CNN. Pour Vasantroa Gujadhur, Maurice devrait trouver un système pour que les passagers passent un minimum de jours en quarantaine afin de s’assurer qu’ils ont bel et bien les anticorps nécessaires avant de pouvoir se mêler à la communauté. L’ancien directeur des services de santé publique au ministère de la Santé s’appuie sur les cas positifs de COVID-19 qui ont été recensés à Maurice sur des passagers pourtant détenteurs d’un certificat PCR attestant qu’ils étaient négatifs.
Il précise qu’une fois un vaccin administré, il faut un certain temps avant qu’il soit effectif. Sans compter le fait que les différents vaccins ne sont pas efficaces à 100 %. Ce qui sous-entend, selon Vasantroa Gujadhur, qu’il y a un risque, même minime, qu’un passager arrivant à Maurice transmette le virus, et ce même s’il a été vacciné. Il est ainsi d’avis qu’il faut procéder par étapes avant d’ouvrir les frontières. « Il faudrait que le pays atteigne une immunité collective, en vaccinant plus de 60 % de la population. Il faudrait aussi s’assurer que tous les passagers qui foulent le sol mauricien soient eux aussi vaccinés », souligne-t-il.
Le vaccin permet de ne pas développer des formes graves de la maladie si on est contaminé. Mais nous ignorons si un porteur sain peut transmettre le virus. Nous n’avons pas assez de recul. Il y a peut-être un faible risque de transmission»
La doctoresse Catherine Gaud est, pour sa part, d’avis que Maurice atteindra l’immunité collective assez rapidement une fois que le pays aura la quantité nécessaire de vaccins. Selon elle, les Seychelles ont obtenu deux dons représentant un total de 75 000 vaccins pour une population de plus de 90 000 habitants. Ce qui devrait permettre à l’archipel d’atteindre rapidement son immunité collective.
« Si nous avons les vaccins, nous vaccinerons rapidement la population et nous nous rapprocherons de l’immunité de masse qu’espère le Premier ministre afin de pouvoir ouvrir davantage nos frontières et relancer l’économie », explique-t-elle.
Mais avant cela, il faut s’assurer que les personnes vaccinées ne sont pas des transmetteurs de la COVID-19. « Le vaccin permet de ne pas développer des formes graves de la maladie si on est contaminé. Mais nous ignorons si un porteur sain peut transmettre le virus. Nous n’avons pas assez de recul. Il y a peut-être un faible risque de transmission », estime l’immunologiste. Pour l’heure, poursuit-elle, il n’y a qu’une petite étude sur un seul vaccin qui a été faite sur le sujet.
Le Dr Gaud ajoute que la campagne de vaccination devrait bien se passer. Elle s’appuie sur le fait que Maurice a une bonne expérience dans le domaine et qu’il l’a prouvé l’année dernière alors que le pays était en quarantaine. « La vaccination contre la grippe s’est faite à domicile. L’exercice a été un grand succès car cela a permis de vacciner un plus grand nombre de personnes que d’habitude », rappelle-t-elle.
Le choix du vaccin
Le vaccin d’AstraZeneca-Oxford est à vecteur viral, ce qui signifie qu’il donne moins d’effets secondaires que les vaccins à ARNm. Sa conservation est beaucoup plus facile, car il peut être placé dans un simple réfrigérateur. Deux doses du vaccin doivent être administrées à 28 jours d’intervalle. L’immunité est acquise au bout de trois semaines environ après la deuxième dose.
À ce stade, il est difficile, selon le Dr Gaud, de dire combien de temps durera la période d’immunité. Difficile aussi de dire s’il faudra renouveler le vaccin chaque année, comme c’est le cas pour celui contre la grippe. « Nous ne savons pas encore s’il faudra produire de nouveaux vaccins contre la COVID-19 », ajoute-t-elle.
Le vaccin d’AstraZeneca-Oxford est autorisé en Angleterre, en Inde et au Mexique. Il passera devant l’Union européenne le 29 janvier 2021. Son efficacité est variable selon les différents bras des essais 70 % à 90 %. Le vaccin est également moins cher que les autres, soit environ trois dollars, contre trois à six fois plus cher pour les vaccins à ARNm. Si Maurice a choisi le vaccin d’AstraZeneca-Oxford, c’est parce qu’il estime qu’il a une bonne efficacité et qu’il peut être facilement conservé.
Le lancement de la campagne à Victoria
La campagne de vaccination à l’intention des Frontliners débute ce mardi 26 janvier 2021. Le lancement officiel se fera à l’hôpital Victoria de Candos mais il se déroulera simultanément dans tous les autres hôpitaux régionaux de l’île.
Une formation spécifique a été dispensée à l’équipe qui se chargera de la vaccination afin qu’elle donne les informations adéquates aux personnes auxquelles elle administrera le vaccin. Ram Nawzadick, président de la Nursing Association, estime à environ 300 le nombre de personnes formées à essayer de dissiper les doutes et les questions que pourraient se poser certains.
Il affirme que 90 % des infirmiers sont d’accord de se faire vacciner contre la COVID-19 afin de se protéger. « Ils connaissent l’importance de cet exercice », dit-il. Il souligne que des équipes de médecins et d’infirmiers seront présentes sur tous les sites de vaccination afin de parer à toute éventualité. Ainsi, elles prendront en charge les patients qui pourraient avoir des complications.
Un Comité national de coordination
Un Comité national de coordination pour la campagne de vaccination anti-COVID-19 a été créé. Présidé par le Deputy Prime Minister Steven Obeegadoo, il est constitué de représentants de divers ministères et secteurs. Parmi : ceux du bureau du Premier ministre, de la Santé, du Tourisme, des Finances, des Affaires étrangères, de la Sécurité sociale, de la Commission de Rodrigues et de l’Organisation mondiale de la santé.
Cette instance a pour mission de coordonner et d’appuyer le développement de la campagne de vaccination à travers l’île. Elle est aussi chargée d’identifier les ressources à mettre en place et d’établir des rapports sur son efficacité, tout en prenant note des éventuels effets secondaires.
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