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Coût du fret en hausse : les prix des produits de consommation augmentent

Des responsables de supermarchés et des importateurs prévoient le double du prix actuel pour certains produits.

Acheter des produits importés et locaux ayant des entrants de l’étranger coûtera plus cher. Au fur et à mesure que de nouvelles cargaisons arrivent, de nouveaux prix seront appliqués. En faute, une forte hausse du prix du fret.

Il faudra plonger davantage dans le portemonnaie. Les prix des produits de consommation sont appelés à prendre une fois de plus l’ascenseur. Après la hausse du dollar et de l’euro vis-à-vis de la roupie, c’est maintenant le fret qui est en cause. Dépendant du port d’origine, son prix a parfois doublé, voir triplé.

Au niveau des responsables des supermarchés et des importateurs, l’on prévoit donc une hausse des prix au niveau des produits importés et locaux, au fur et à mesure que de nouvelles cargaisons arrivent.

« Il n’y a aucun doute. Les produits coûteront plus cher et ça s’applique aux produits locaux ou importés. Il faut compter facilement 10 % de hausse », confie Yusuf Sambon, directeur des hypermarchés Lolo.

Importateur lui-même d’un certain nombre de produits, Yusuf Sambon indique : « sur les produits que j’importe, la hausse sera moindre, mais je note qu’au niveau des fournisseurs, il faut compter avec une majoration des prix d’au moins 20 % ».

« On ne peut faire autrement »

Ces éléments sont confirmés par un autre propriétaire de supermarché. « Sur les nouvelles cargaisons, on voit déjà que les fournisseurs appliquent des prix plus élevés. Dans une certaine mesure, cela sera répercuté sur les clients malheureusement. On ne peut faire autrement », explique-t-il.

Altaaf Damree, directeur d’Ashfaaq & Co Ltd, importateur d’une variété de produits alimentaires, notamment de riz et de grains secs, avance que la hausse des prix « prendra effet dans les jours à venir. Non seulement nous avons eu beaucoup de problèmes pour faire venir des marchandises ces derniers temps, car certains ports travaillent un effectif réduit en raison de la Covid-19, alors que d’autres sont fermés.. Mais le transport de ces produits coûte beaucoup plus cher. Nous pouvons absorber la hausse en sacrifiant sur notre marge de produits, mais il y a une limite qu’on ne peut franchir. Quand la hausse est trop forte, on ne peut faire autrement que de la répercuter sur le client ».

Mais, ajoute-t-il, pour certains types de produits, « nous avons encore un stock convenable. Beaucoup de produits qui devaient arriver en novembre et début décembre sont arrivés bien plus tard car certains ports tournent au ralenti. Les nouveaux prix seront appliqués sur les nouvelles cargaisons ».

Altaaf Damree indique que sur certaines destinations, le fret est passe de USD 900 à USD 2 700. Yusuf Sambon indique, pour sa part, que faire venir un container de 40 pieds est passé de USD 1 900 à USD 4 800 sur certaines destinations. Il espère cependant que le prix du fret baissera vers le mois de mars ou avril.

Si pour la Chine, le fret maritime a doublé, le phénomène est moindre pour les produits venant d’Europe, mais personne ne fait exception. « Maurice consomme beaucoup de produits venant de Chine, d’Égypte, de la Malaisie, de la Turquie, d’Italie et de France entre autres. Pour tous, le fret a augmenté », précise encore Yusuf Sambon.

En 2020 déjà, les consommateurs ont subi les caprices de la Covid-19. La pandémie mondiale a provoqué un glissement de la roupie par rapport au dollar et une première vague est déjà venue impacter sur le prix du fret. Le résultat aura été une inflation de 2,55 % à Maurice en 2020 comparé à 0,45 % en 2019.

Les médicaments aussi…

Une nouvelle hausse du prix des médicaments se fera sentir dans les mois à venir. C’est ce que soutiennent les pharmaciens. En cause, l’augmentation du coût du fret, les fluctuations des devises étrangères et la dépréciation de la roupie. Seule consolation : il n’y aura pas de pénurie de médicaments.

Il n’y a pas de problème en ce qu’il s’agit de l’approvisionnement en médicaments. Les importateurs ont pris des dispositions afin qu’il n’y ait pas de pénurie sur le marché en passant leurs commandes plus tôt ou en améliorant leurs stocks. Si pénurie il y a, elle n’est que temporaire en raison d’un léger retard dans l’acheminement. Ajouté à cela, il y a les médicaments génériques disponibles si nécessaire. Tous les médicaments sont disponibles. Tel est le tableau que nous ont dressé certains pharmaciens.

Là où il peut y avoir des problèmes également, c’est avec les médicaments qui doivent respecter une chaîne de froid. Et si l’Afrique du Sud exige le un certificat de la Commission de l’Administration du Commerce International (ITAC) pour l’importation de médicaments, les commandes peuvent tarder de ce côté-là également affirme un pharmacien d’une emprise d’importation. Mais jusqu’à présent, aucun importateur n’a évoqué de retard dans la livraison des médicaments, ont affirmé les intervenants.

Mis à part cela, le seul problème auquel ils doivent faire face le plus souvent, c’est la grogne de certains clients qui n’arrivent pas à comprendre la hausse des prix ou comment le prix d’un médicament diffère d’une pharmacie à l’autre. « Il est parfois difficile pour nous de faire comprendre aux clients que le prix varie en fonction du lot (batch) et de sa période d’importation. Avec la fluctuation des devises étrangères et particulièrement la hausse de l’euro, cela peut entraîner une grande différence de prix », explique Hossen Sohawon, propriétaire d’une pharmacie. D’autres augmentations peuvent surgir en raison de la dépréciation de la roupie mauricienne, ajoute-t-il.

Cette augmentation du prix des médicaments varie entre 8 à 20 % selon le Arshad Saroar. « Certains clients arrivent à comprendre que cette augmentation est indépendante de notre volonté et que toutes les commodités ont connu une hausse, mais il y a quand même d’autres qui rechignent », dit-il. Les médicaments importés des pays européens et payés en euros sont les plus concernés.

Takesh Luckho, économiste et chercheur indépendant : «L’inflation n’est pas à un niveau alarmant»

L’économiste et chercheur indépendant, Takesh Luckho, attribue cette hausse du prix du fret à la dépréciation de la roupie par rapport au dollar, mais aussi aux autres monnaies.

« En temps de crise, les investisseurs dans le monde ont tendance à se réfugier dans le dollar américain. En sus de cela, l’élection de Joe Biden a aussi eu comme effet d’augmenter sa valeur. À cela, il faut ajouter des facteurs internes, comme la politique monétaire de Maurice qui a provoqué une dépréciation de la roupie. Plusieurs facteurs sont donc arrivés en même temps », explique-t-il.

Toutefois, la hausse des prix n’est pas alarmante. Elle le serait si l’inflation dépasse les 10%, mais nous en sommes loin.

Déjà, l’index des prix à l’importation a connu une hausse de 1,1% entre le second et le troisième trimestre. De manière plus détaillée, l’index de l’item « food and live animals » a connu une hausse de 5,9% et celui des « Miscellaneous manufactured articles » de 14,4%. Ces hausses ont été contenues grâce à des baisses à l’importation ailleurs, notamment au niveau des combustibles. Par rapport au troisième trimestre de 2019, la même période en 2020 a vu un changement de 16,4% au niveau des « Food and live animals » et de 48,7% pour les « Miscellaneous manufactured articles »

 

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