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Corruption autour du contrat St-Louis : un money trail met au jour des virements inexpliqués à Philippe Hao Thyn Voon 

Il devra s’expliquer dans le cadre de l’enquête sur les dessous-de-table avancés par la firme danoise Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) à des « officiels mauriciens » après qu’elle a obtenu le contrat de réhabilitation de la centrale St-Louis auprès du Central Electricity Board (CEB). Philippe Hao Thyn Voon Ha Shun, fondateur et ex-patron de Phil Alain Didier Company, la société en bâtiments et travaux public plus connue comme PAD & Co, ayant agi comme sous-traitant auprès de BWSC, sera bientôt entendu par l’Independent Commission Against Corruption (Icac).
Le money trail, réalisé jusqu’ici par la Commission anticorruption, a démontré qu’une partie de l’argent virée par BWSC à PAD & Co a atterri dans les comptes de l’ancien champion de ping-pong, qui préside aux destinées du Comité national olympique mauricien (CNOM). Philippe Hao Thyn Voon Ha Shun aura également à s’expliquer sur les fausses garanties bancaires auxquelles a eu recours PAD & Co auprès du CEB et d’autres ministères pour les contrats qui lui ont été octroyés. Ce, même s’il avait déjà remis les commandes de l’entreprise à son fils Philippe Alain Hao Thyn Chuan Ha Shun.

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Ce développement intervient également dans le sillage d’un examen « forensic » des différents appareils informatiques saisis chez PAD & Co et des différents protagonistes de l’affaire. C’est dans cette optique que l’Icac a mené une perquisition chez l’ancien comptable de PAD & Co dans la journée de vendredi. Ce dernier est considéré comme la « main droite » de Philippe Alain Hao Thyn Chuan Ha Shun. L’ensemble de son matériel informatique a été mis sous scellés. Les enquêteurs comptent établir s’il n’a pas dérogé aux « accounting standards » relativement à certaines pratiques au sein de PAD & Co. 

L’Icac se penche également sur un aspect particulier du contrat liant le CEB à BWSC. Il était convenu qu’après le remplacement des vieux moteurs Pielstick de la centrale St-Louis par de nouveaux moteurs Wärstilä, une Soil Decontamination devait être effectuée sur le chantier par la firme danoise avant qu’il ne soit livré au CEB. Or, aucun des documents saisis chez le CEB ou chez PAD & Co ne mentionne cette tache coûtant plusieurs millions de roupies qui vise à s’assurer que les cours d’eau avoisinants ou les nappes phréatiques n’ont pas été pollués par de l’huile lourde.  

Arrestations

Dans le cadre de cette enquête, l’Icac a déjà inculpé le consultant de BWSC, Bertrand Lagesse, et Philippe Alain Hao Thyn Chuan Ha Shun. L’ex-directeur général p.i du CEB, Shamshir Mukoon, a, lui aussi, été arrêté relativement à la fuite des ébauches des documents d’appel d’offres préparées par le département qu’il a piloté pendant les 16 ans durant lesquels la BWSC a raflé tous les contrats. Ces ébauches ont été retrouvées en pièces-jointes dans des e-mails envoyés par la secrétaire de Philippe Alain Hao Thyn Chuan Ha Shun à Martin Kok Jensen, l’ex-directeur des ventes de BWSC. 

Certains de ces documents ont aussi été trouvés en possession du Pr Swaley Kasenally, lequel sera prochainement entendu à ce sujet. L’ébauche d’un avis de l’Independent Review Panel (IRP), l’organisme de l’État chargé de trancher les litiges concernant les contrats publics, a aussi été envoyée à Martin Kok Jensen, celui-là même qui est présenté par BWSC comme le cerveau de ce vaste scandale de corruption. 

Dans le cadre de l’enquête menée par l’Icac, tout démontre que la valeur du contrat a été délibérément gonflée lors du second appel d’offres - lancé au retour au pouvoir du gouvernement de l’Alliance Lepep – dans le but de redistribuer le paiement excédentaire à certaines personnes. 

Valeur du jour, PAD & Co a perçu un total de Rs 149 millions de BWSC entre 2016 et 2017. Or, les documents émanant de la société danoise, saisis au siège du CEB, indiquent qu’elle ne devait toucher que Rs 100 millions. De l’autre, Bertrand Lagesse, qui est à la tête du cabinet AMB Lagesse Business and Engineering Consultancy, aurait empoché Rs 42 millions de BWSW. Lui a expliqué que cette somme représente les commissions d’un pourcent du coût total du projet St-Louis. Cependant, il n’a pu produire un document attestant le travail qu’il a réalisé. 

 

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