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Coronavirus : entre angoisse et espoir, un médecin chinois en première ligne

Le personnel médical vérifie les informations alors que les patients infectés par le coronavirus COVID-19 quittent l'hôpital n°3 de Wuhan pour l'hôpital de Huoshenshan à Wuhan, dans la province centrale du Hubei en Chine, le 4 mars 2020.

Un mois après l'ouverture d'hôpitaux de campagne à Wuhan pour désengorger les établissements de la ville chinoise au coeur du coronavirus, le médecin Ma Yonggang commence enfin à voir le bout du tunnel.

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"Nous accueillons très peu de nouveaux patients. Chaque jour, trois à quatre personnes sortent guéries", assure le docteur Ma, dépêché dans un stade transformé à la hâte en hôpital début février.

Pour alléger le fardeau d'un système de santé au bord de l'implosion, de nombreux lieux publics de la métropole de 11 millions d'habitants ont été aménagés en catastrophe pour accueillir des malades du nouveau coronavirus, notamment des établissements scolaires. 

La ville compte ainsi 16 hôpitaux provisoires qui ont traité plus de 12.000 patients, ont affirmé dimanche des médias. Depuis l'apparition de l'épidémie en décembre, plus de 80.000 personnes ont été infectées en Chine par le coronavirus et plus de 3.000 tuées -- la majorité à Wuhan d'où est parti le virus.

Les hôpitaux de fortune offrent un traitement et un diagnostic de base pour les patients présentant des symptômes légers à modérés. Mais il n'en a pas toujours été ainsi.

Lorsque Ma Yonggang a pris ses fonctions le 4 février "effrayé et anxieux" après un appel en pleine nuit, les lits étaient encore en cours d'installation dans le stade et le raccordement électrique n'était pas achevé. 

Conditions "assez mauvaises" 

Par la suite, les conditions d'accueil étaient loin d'être optimales du fait d'une pénurie d'équipements de protection, reconnaît-il aujourd'hui.

"Lorsque l'hôpital a ouvert (...) les conditions de vie des patients et du personnel médical (...) étaient assez mauvaises", explique-t-il depuis Wuhan, lors d'une visioconférence organisée par le gouvernement chinois.

De plus, les patients s'attendaient à avoir des petites chambres individuelles et n'étaient pas préparés à un aménagement en espace ouvert. 

"Ils ont réalisé une fois sur place qu'il y avait plusieurs patients dans une grande salle ouverte et doutaient de pouvoir être guéris", se rappelle le médecin de 43 ans.

Aujourd'hui, la situation est difficilement comparable.  

"Les conditions se sont beaucoup améliorées. Nous avons maintenant des salles de bains et des endroits spécifiques pour que les patients fassent de l'exercice physique, il y a du chauffage et un service de restauration", détaille Ma Yonggang.

Aux premières semaines de la crise, l'AFP avait constaté des heures de file d'attente pour voir un médecin dans les hôpitaux de Wuhan, alors que les établissements manquaient de lits, que le personnel était débordé et que certains médicaments manquaient.

Mais à la mi-février, la situation s'est améliorée, assure le docteur Ma. 

"Responsabilité historique" 

A partir de cette période, "30 à 40 patients ont commencé à sortir chaque jour de l'hôpital et seuls une douzaine étaient admis. C'est à ce moment que les choses ont changé pour nous", dit-il.

Grâce à des mesures de confinement drastiques --la métropole et sa province du Hubei sont depuis fin janvier en quarantaine-- le nombre de nouveaux cas a chuté ces derniers jours de façon spectaculaire dans tout le pays. Mercredi, seules 114 nouvelles infections ont été signalées à Wuhan. 

Signe encourageant: le premier hôpital de fortune a définitivement fermé ses portes dimanche.

Mais le personnel médical paie un lourd tribut. Plus de 3.000 soignants ont été contaminés par le virus et au moins 11 personnes ont perdu la vie, selon les autorités sanitaires chinoises et une équipe d'experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). 

A l'image de l'ophtalmologue Li Wenliang, qui avait donné l'alerte en décembre après l'apparition du virus mais avait été accusé par la police de propager des rumeurs. Sa mort de la pneumonie début février avait déclenché en Chine un torrent de chagrin et de colère contre les autorités.

Aucun employé des hôpitaux de fortune n'a été contaminé par le virus, assure M. Ma.

Et quand bien même: "nous avons une responsabilité historique sur nos épaules", conclut-il.

AFP

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