La conférence sur les addictions organisé par l’OMS Beacon of Hope en collaboration avec le Défi Media Group, a pris fin le mercredi 3 juillet 2019. Elle a permis de mettre en exergue le fait que de nombreuses personnes souffrent d’une addiction et qu’elles ont besoin d’aide pour s’en sortir. Éducateurs, professionnels de santé, travailleurs sociaux et toute autre partie prenante ont été invités à travailler ensemble.
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Marlène Ladine de Chrysalide : «Il faut davantage en parler»
L’addiction aux substances et au sexe ont un lien en commun, selon Marlène Ladine. D’après les observations faites auprès des femmes qui sollicitent le soutien de l’organisation non gouvernementale (ONG) Chrysalide, une femme qui souffre d’une dépendance aux substances éprouve la même chose par rapport au sexe. Elles éprouvent aussi le même manque quand elles participent aux sessions de thérapie résidentielle.
Marlène Ladine estime que l’abus sexuel ou l’inceste déforme la perception de la sexualité. C’est d’ailleurs pour cette raison, selon elle, que de nombreuses personnes ne parlent pas de « faire l’amour » mais de « fer vice ». « Le désordre sexuel est présent dans la vie quotidiennes de certaines personnes. Cela peut avoir des répercussions sur leur comportement », a souligné Marlène Ladine au cours de la conférence. « Certaines des femmes qui viennent à Chrysalide ne sont pas nécessairement lesbiennes, mais elles veulent vivre certaines expériences », a-t-elle ajouté.
Sur le sujet des mamans qui viennent au centre avec leurs enfants qui ont sans doute été victimes ou témoins de certaines pratiques sexuelles, le risque est qu’ils reproduisent ce qu’ils ont vu selon l’intervenante. « Il faut voir comment encadrer les mamans afin qu’elles ne disent pas à leur enfant que ‘li pe fer malelve’. » Pour Marlène Ladine, tout cela doit être canalisé afin que les gens puissent vivre convenablement leur sexualité. Elle reste convaincue qu’il faut davantage parler de la dépendance au sexe.
Les chiffres loin de la réalité…
L’ampleur des abus sexuels est difficile à évaluer, selon l’inspecteur Jocelyn Mootooveeren de la Family Protection Unit. Mais il note une hausse du nombre de cas rapportés entre 2017 et 2018, qui est passé de 253 à 283. Rien que pour la période de janvier à mai 2019, le nombre s’élève à 159. « Les chiffres ne reflètent pas la réalité puisque de nombreux cas d’abus sexuels sur enfant ne sont pas rapportés », a expliqué Jocelyn Mootooveeren durant la conférence.
Selon lui, cela survient particulièrement dans les familles détruites et recomposées. Parmi les types d’abus sexuels sur enfant les plus communs, il a cité les relations sexuelles avec mineur, les relations sexuelles avec les personnes souffrant d’un handicap ou encore la sodomie et la prostitution infantile.
Jocelyn Mootooveeren précise que les enfants sont vulnérables aux abus vu que leurs dénonciations ne sont souvent pas prises au sérieux, surtout si l’accusé est un proche.
Dans certains cas, en raison de la pression de leurs pairs, des jeunes s’adonnent au sexe contre paiement. Il y a aussi des membres de l’entourage qui font pression pour assouvir leurs pulsions.
La force policière mène des campagnes de sensibilisation pour enrayer le problème et offrir un soutien aux victimes. Clifford Motet de la Cyber Crime Unit a, pour sa part, dénoncé la mauvaise utilisation d’Internet et des réseaux sociaux par des prédateurs sexuels. Il a lancé une mise en garde au sujet des images et des vidéos postées sur les réseaux sociaux, qui peuvent être détournées et utilisées à d’autres fins.
« Il faut faire l’éducation de nos jeunes pour les encadrer afin de les mettre en garde contre les prédateurs. Il faut leur donner des informations sur les méthodes de contraception », a-t-il dit.
L’inspecteur Robin Bundhoo CCU a, quant à lui, abordé la problématique des sextorsions à travers les réseaux sociaux.
Père Philippe Goupille, président du Conseil des religions : «C’est difficile de changer les mentalités»
Après les démythifications du VIH/sida pour faire comprendre à certains membres de la population que cette maladie n’est pas une punition de Dieu, le conseil des Religions se trouve face à un nouveau défi, a expliqué le père Philippe Goupille. Celui de parler des différentes addictions dont souffrent certaines personnes.
Mais il a avoué que la tâche ne sera pas aisée car les mentalités sont difficiles à changer à Maurice. Pour le VIH/sida, le conseil a mené des campagnes dans les établissements scolaires pour qu’il n’y ait pas de discriminations à l’égard des personnes porteuses du VIH. Le même exercice a été conduit parmi les membres des organismes religieux afin qu’ils rallient leurs fidèles au combat contre les discriminations.
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