S’il y a bien une profession prise pour cible par la commission d’enquête sur la drogue, c’est bel et bien la profession légale. Pas moins de 13 avocats ont été pointés du doigt dans le rapport de la commission pour avoir entretenu des relations douteuses avec des trafiquants de drogue.
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La connivence entre avocats et trafiquants de drogue s’est révélée un des points essentiels abordés dans le rapport de la commission d’enquête présidée par l’ancien juge, Paul Lam Shang Leen. Si des avocats que nous avons interrogés s’accordent à dire que le rapport n’a émis que des observations et des recommandations, et que la commission ne peut se substituer à une cour de justice, l’avocat Dev Ramano soutient, lui, que les diverses auditions menées par la commission ont permis de faire la lumière sur les pratiques de certains hommes de loi qui ont exercé en dehors des paramètres autorisés.
« Je suis d’accord avec le fait que tout individu a le droit d’être représenté par un avocat. Mais cela doit se faire sans outrepasser les principes d’éthique », dit-il. Les points soulevés par la commission Paul Lam Shang Leen poussent Dev Ramano à l’observation suivante : « C’est l’argent qui est au centre de tout. C’est l’appât du gain qui a incité ces avocats à être en contact avec des trafiquants. C’est l’adoration de l’argent et du profit. »
Tout en concédant qu’il serait injuste que tous les membres de la profession légale soient taxés de brebis galeuses, il soutient que le Bar Council ou la Law Society doivent assumer leurs responsabilités. « Ces autorités manqueraient à leurs responsabilités si elles refusaient de se sentir concernées par les recommandations du rapport », dit-il. L’avocat invite aussi la police pour qu’elle mène une enquête approfondie sur ces recommandations. « Il ne faut pas laisser le rapport dormir au fond d’un tiroir, si l’on veut remporter un premier combat contre la drogue. »
L’avocat Yousuf Mohamed fait ressortir que les points avancés dans le rapport ne sont que des conclusions, mais « pas nécessairement une finalité ». « Les différents avocats et témoins cités dans le rapport ont certes déposé devant la commission, mais ils n’ont pas été contre-interrogés », argue-t-il.
« La commission a recommandé des enquêtes. Ce qui fait que tout n’a pas encore été établi. » L’avocat ne manque pas de faire ressortir que c’est à la Cour suprême de statuer si la commission a raison ou pas. « Un autre volet de l’enquête doit être mené par la police, qui décidera s’il y a matière à poursuite et s’il faut obtenir le feu vert du Directeur des poursuites publiques (DPP). Ce n’est qu’en cas de poursuite judiciaire que les personnes citées pourront être contre-interrogées. »
Si Yousuf Mohamed concède que le rapport jette un discrédit sur la profession légale, il précise qu’on n’est qu’au stade des allégations. « La crédibilité de ces allégations n’a pas été contestée par voie d’interrogatoire », ajoute-t-il. Concernant les visites non sollicitées des avocats aux détenus, il explique que ces avocats ont pu être contactés par les proches des détenus à leur insu.
L’avocat Rishi Pursem abonde dans le même sens : « Les conclusions de la commission n’ont aucune force légale. Les points émis dans le rapport sont des déclarations. La tournure des événements dépendra de l’enquête policière et de la décision du DPP. »
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