
Le ministre sud-africain des Travaux publics a déposé plainte jeudi contre la directrice d'un organisme public, filmée début août à son insu lors d'une tentative présumée de corruption d'un journaliste pour le convaincre de renoncer à publier une enquête compromettante.
Publicité
Désormais suspendue, Tebogo Malaka, la directrice du IDT -- une agence gouvernementale chargée de projets d'infrastructures et sociaux -- et son porte-parole ont été filmés en train de proposer 60.000 rands (2.900 euros) en liquide à un journaliste d'investigation, Pieter-Louis Myburgh.
M. Myburgh, qui travaille pour le quotidien Daily Maverick, s'apprêtait à publier une enquête sur des propriétés acquises à Johannesburg par Tebogo Malaka.
Il avait auparavant exposé l'implication de Mme Malaka dans des détournements de fonds présumés à la faveur d'un marché pour la fourniture d'unités de production d'oxygène pour des hôpitaux publics, conduisant à la suspension de la fonctionnaire.
Dans une vidéo tournée par des caméras installées par le journal et publiée mercredi par le Daily Maverick, Mme Malaka et son porte-parole Phasha Makgolane sont vus à la terrasse d'un restaurant de la région du Cap (sud) en train d'offrir au journaliste plusieurs liasses de billets dissimulées dans un petit sac de marque Dior.
"Je veux juste en finir avec cette histoire", peut-on entendre dire Mme Malaka à M. Myburgh, expliquant que sa famille souffre des allégations de corruption à son encontre.
"Je veux que ce soit refermé. Je ne veux pas que vous écriviez là-dessus", ajoute-t-elle.
Le journaliste finira par sortir les liasses du sac, les prendre en photo, puis par expliquer à ses interlocuteurs qu'il refuse d'accepter l'argent, avant de quitter les lieux.
Selon lui, le porte-parole lui aurait aussi proposé d'avoir un accès privilégié à des appels d'offres lancés par le IDT (Independent Development Trust), toujours en échange de son silence.
"J'ai officiellement déposé une plainte au pénal contre la directrice suspendue du IDT (...) et son porte-parole", a annoncé à la presse jeudi le ministre des Travaux publics Dean Macpherson.
"C'est une chose d'entendre parler de corruption, c'en est une autre de la voir s'étaler aussi ouvertement et avec un tel sentiment d'impunité", a déclaré M. Macpherson, qui appartient au deuxième parti le plus important de la coalition gouvernementale, l'Alliance démocratique (DA).
Ces révélations interviennent dans un contexte où le président Cyril Ramaphosa a récemment mis en congé le ministre de la Police, accusé de collusion avec le crime organisé et limogé la ministre de l'Enseignement supérieur, soupçonnée de nomination frauduleuses.
Les deux ministres en question sont issus des rangs du parti du président, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis la fin de l'apartheid et les premières élections démocratiques du pays en 1994.
L'Afrique du Sud se classe 82e dans le monde selon l'indice de perception de la corruption de l'ONG Transparency International.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !