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Combattre la stigmatisation : comment arriver à démystifier les maladies mentales

Selon le Dr Seewoobudul, psychiatre,  certaines personnes évoquent la santé mentale avec une certaine frayeur. Selon le Dr Seewoobudul, psychiatre, certaines personnes évoquent la santé mentale avec une certaine frayeur.

Il ne faudrait pas stigmatiser les personnes souffrant de maladies mentales. C’était le thème de l’émission Xplik ou K Santé animée par Gilbert Bablee. Son invité, le psychiatre Vasish Seewoobudul, fait le point.

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On doit faire tomber les mythes. Les personnes souffrant de maladies mentales ne devraient plus être considérées comme violentes, folles ou imbéciles, ou encore comme celles dont on devrait se méfier. C’est ce qu’a expliqué le Dr Seewoobudul, psychiatre. Une personne soufrant de problèmes mentaux peut avoir différentes pathologies et être dans une détresse psychologique. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas lui coller des étiquettes. Il faut savoir l’aborder pour essayer de l’aider à se confier à un spécialiste.

Une personne peut être bien physiquement tout en éprouvant de l’anxiété, de l’angoisse et du stress à l’approche d’un examen, par exemple, selon le Dr Seewoobudul. Ce qui fait que sa santé mentale a été perturbée et a provoqué un déséquilibre.

Le mythe est resté

Mais le psychiatre considère qu’on évoque la santé mentale avec une certaine frayeur. Quand quelqu’un va se faire examiner à l’hôpital psychiatrique de Brown-Séquard, il y a cette perception selon laquelle il est fou, surtout si son entourage n’arrive pas à comprendre ce qui lui arrive. Le malade est alors étiqueté comme « idiot », voire « incompétent ».

Cette stigmatisation ne date pas d’hier, précise le Dr Seewoobudul, car la société n’acceptait pas les individus qui se comportaient différemment. Même si la médecine a aujourd’hui établi que les malades mentaux n’étaient pas aussi violents, le mythe est resté. Du coup, certains croient toujours que ceux qui ont des problèmes psychiatriques sont violents.

Le spécialiste affirme que tel n’est pas le cas. Au contraire, la plupart des malades mentaux sont victimes de violence. « Le problème, c’est qu’on n’arrive pas à les comprendre et on voit plutôt ces personnes telles qu’elles sont à l’extérieur alors qu’on ne sait pas comment elles sont au fond. » Elles sont alors jugées selon leur apparence. Certaines font l’objet de discriminations.

Stigmatiser une personne peut avoir de graves conséquences, indique le Dr Seewoobudul. Il y a deux types de stigmatisation : publique et l’auto-stigmatisation. Dans le premier cas, il peut s’agir d’une personne qui a subi un choc et qui est désorientée, après un accident, par exemple. Elle peut avoir les vêtements en lambeaux ou sales. La perception qui peut se dégager, selon le psychiatre, c’est que cette personne est peut-être un sans domicile fixe et qu’elle est dangereuse.

Pour le Dr Seewoobudul, quand on a ce genre de pensées sur une personne, c’est porter un jugement sans réellement la connaître. Survient alors l’auto-stigmatisation. Les sentiments que la « victime » peut éprouver sont le découragement et la perte d’estime de soi et ce, bien qu’elle n’ait rien fait de mal. Ce type de regard est une manière de lui dire qu’elle ne peut faire partie de la société. « Cela peut engendrer un sentiment de honte. » Dans sa tourmente, la personne peut faire une dépression.

Dans d’autres cas, une personne qui a des problèmes mentaux peut considérer qu’elle est la source des maux de sa famille. Ainsi la stigmatisation est-elle bien présente, même si elle est invisible, explique le psychiatre. Pour lui, il est important de tenir compte de tous les signes d’un changement de comportement. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer ou la schizophrénie, il peut y avoir des pertes de mémoire, la désorientation ou des problèmes d’ordre cognitif. Les ignorer en se disant que c’est passager ou normal si la personne est âgée, c’est retarder le traitement et l’encadrement dont elle peut bénéficier.

Conseils

Pour lutter contre la stigmatisation, il faut d’abord combattre les préjugés et la discrimination. Pour le Dr Seewoobudul, il faut connaître et comprendre les faits et ne pas se baser sur les mythes, comme la violence chez les personnes souffrant de problèmes mentaux.

Où aller

Chaque hôpital régional comprend un département psychiatrique. Ses soins ont été décentralisés pour lutter contre la stigmatisation. Pour les cas nécessitant des soins prolongés, les patients sont envoyés à l’hôpital spécialisé de Brown-Séquard. Il y a également des organisations non gouvernementales, telles que Befrienders, Alzheimer Mauritius et Alcooliques anonymes qui offrent leur soutien aux patients.

 

Traitements

Il ne faut pas diaboliser les médicaments destinés au traitement des patients atteints de maladies psychiatriques. C’est ce que fait comprendre le Dr Seewoobudul. Pour lui, le psychiatre donne à chaque patient le traitement le plus approprié, selon ses maux. Il indique qu’il ne faut pas se dire qu’on sera comme un drogué avec les psychotropes, par exemple, ou encore qu’on va constamment dormir. « On ne peut comparer la médecine du XVIIIe siècle à celle d’aujourd’hui. L’évolution a fait la différence. » Pour le Dr Seewoobudul, le rôle du psychiatre est non seulement de donner des médicaments au malade, mais aussi d’être « à l’écoute de ses souffrances, en essayant de l’aider à travers la psychothérapie ».

Le psychiatre :  «Il est important de bien choisir ses mots»

Afin de casser les tabous et les mythes autour des maladies mentales, il est important de bien choisir ses mots quand on s’adresse à une personne dont le comportement est différent. Il ne faut, en aucun cas, porter de jugement ou coller des étiquettes, fait comprendre le Dr Seewoobudul. Des campagnes de sensibilisation doivent être menées dès le plus jeune âge, selon le psychiatre.  Ce que l’on considère comme des crises d’adolescence ne devraient pas être banalisées non plus, précise le spécialiste. Un adolescent sur dix souffre d’un problème mental attribué souvent à la période de la transition entre l’enfance et l’adolescence, aux dires du Dr Seewoobudul. Mais dans de nombreux cas, il y en a qui font des tentatives de suicide, souligne-t-il. Il est de notre devoir d’avoir une approche humaine envers ceux qui souffrent de problèmes mentaux.

Les premiers secours psychologiques, selon l’OMS

Une personne sur cinq éprouve ou a éprouvé un problème mental dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Quand quelqu’un souffre de problèmes mentaux, cela ne signifie pas forcément qu’elle a une complication extrêmement grave, comme la bipolarité ou la schizophrénie. Néanmoins, il ne faut pas banaliser ce type de problèmes en pensant que la personne sera enfermée ou qu’on lui administrera des médicaments pour l’endormir.

Le psychiatre s’attaque aux premiers signes de la maladie, d’où le thème « Les premiers secours psychologiques  » choisi par l’OMS pour la Journée de la santé mentale, observée ce mois-ci.C’est aussi pour le bien-être de la famille que d’aller vers des traitements, tout l’entourage pouvant être affecté si on ne détecte pas les premiers signes de la maladie. Le malade peut, dans certains cas, ne pas reconnaître ses proches.

 

 

 

 

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