Les conclusions de la commission d’enquête sur l’ex-présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, ont été rendues publiques vendredi dernier. Pour le leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, les faits sont établis dans ce rapport, et par trois juges de la Cour suprême.
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Que retenez-vous du rapport de la commission d’enquête sur l’ex-présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim ?
Premièrement, on appelle ce rapport trop aisément « le rapport Caunhye » et on occulte le fait que deux juges d’expérience, Nirmala Devat et Gaitree Jugessur-Manna, étaient aussi membres de la commission. Trois juges seniors, ce n’est pas une mince affaire. En lisant le rapport, on se rend compte qu’ils ont abattu un très bon travail. Ils ont produit un rapport détaillé et les faits sont corroborés par des preuves. De plus, le document est écrit dans un langage clair et limpide qui le met à la portée de toute personne qui prend la peine de le lire. À mon avis, ce rapport est irréprochable.
C’est vous qui aviez proposé le nom d’Ameenah Gurib-Fakim pour la présidence de la République…
Rétablissons les faits, car il y a beaucoup de spéculations à ce sujet. À l’époque de l’Alliance Lepep en 2014, la question de la candidature à la présidence de la République fut discutée. Sir Anerood Jugnauth avait suggéré que ce soit un membre de la société civile qui soit nommé. Nous avons considéré certaines personnes. Pour des raisons évidentes, nous avions restreint le choix à la communauté musulmane, mais bien sûr, de haute facture.
Duval et Bérenger sont des lâches. Ils s’en prennent vilement à trois juges de la Cour suprême dans leur tactique d’attaquer les institutions.
Après réflexion, j’ai proposé le nom d’Ameenah Gurib-Fakim. Je l’avais rencontrée en trois ou quatre occasions. Elle n’était pas membre du Muvman Liberater et ne faisait pas de politique, mais elle était et demeure toujours une grande intellectuelle et une scientifique de valeur. En plus, c’était une femme et la question de sa communauté était secondaire. Cette proposition fit l’unanimité. C’est SAJ qui lui a fait ce cadeau bien qu’aujourd’hui, elle dise que personne ne lui a fait de cadeau dans la vie.
C’est moi qui fus délégué pour la contacter et je fus surpris par la vitesse à laquelle elle donna son accord, sans même demander un délai de réflexion. Mais le choix étant unanime, elle fut acceptée comme candidate et cela fut rendu public. Le choix de quelqu’un de la société civile était motivé par le désir de SAJ de mettre à la tête de l’État quelqu’un qui serait au-dessus de la politique et qui, donc, ne se serait pas ingéré dans l’administration publique.
La commission conclut que l’ex-présidente a enfreint les articles 2 et 7 de la Prevention of Corruption Act. Êtes-vous du même avis ?
Les faits sont établis dans le rapport. J’ai tendance à m’aligner sur ces conclusions. Mais l’ex-présidente ayant annoncé son intention de contester les conclusions devant la Cour suprême, je préfère que mon opinion soit émise avec précaution.
La commission fait des recommandations sur la procédure quand un président de la République commet une faute grave. La mise en œuvre de ces propositions impliquerait de modifier la Constitution. Y êtes-vous favorable ?
C’est une question politique. La décision doit être prise au niveau politique et non au niveau judiciaire. Cela dit, lorsqu’une opinion de cette ampleur est formulée par trois juges de la Cour suprême, il incombe au politique de la considérer avec tout le sérieux possible. Je suis partant pour discuter du principe, tout en restant prudent lorsqu’il s’agit d’amendement constitutionnel.
Ameenah Gurib-Fakim affirme que vous avez rencontré Alvaro Sobrinho à plusieurs reprises et que vous avez dit avoir su que l’argent de l’homme d’affaires était propre en le regardant dans les yeux. Est-ce que vous l’avez rencontré ?
Premièrement, je n’ai jamais dit ça. Je ne peux pas empêcher Ameenah Gurib-Fakim d’inventer des choses sur moi lorsqu’elle se sent acculée. Je n’ai jamais dit que j’étais convaincu que l’argent d’Alvaro Sobrinho était propre. Ce n’était même pas mon affaire. Je n’ai jamais dit que j’avais regardé Alvaro Sobrinho dans les yeux. C’est une campagne bâtie autour de paroles que je n’ai jamais prononcées. Cette mise au point, je l’ai déjà faite à l’Assemblée nationale, mais personne ne l’a répercutée dans la presse. Il est grand temps que cette mise au point soit répétée aujourd’hui.
Je ne peux pas empêcher Ameenah Gurib-Fakim d’inventer des choses sur moi lorsqu’elle se sent acculée.
Par ailleurs, l’avocat d’Alvaro Sobrinho m’avait demandé un rendez-vous. J’ai rencontré l’homme d’affaires officiellement à mon bureau, où l’avocat m’a expliqué, preuve écrite à l’appui, que la Cour suprême du Portugal, composée de sept juges, avait cassé en trois occasions des accusations de corruption portées contre Alvaro Sobrinho.
À la lecture de ces jugements de la justice portugaise, il était clair que je ne pouvais pas, en tant que juriste, questionner des atteintes à la présomption d’innocence et je l’ai répété évidemment. Je n’ai jamais été mêlé à l’investissement bancaire ou immobilier d’Alvaro Sobrinho. Bien sûr, je n’ai jamais reçu de voiture, ni aucun membre de ma famille.
Je rejette avec force les déclarations d’Ameenah Gurib-Fakim. Si elle croyait que j’étais mêlé de près ou de loin à ces affaires, elle aurait dû demander à la commission d’enquête de m’appeler à déposer. Ni elle ni personne n’a cru bon de le faire.
Samedi dernier, Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger ont déclaré que « bann gro pwason finn sape » avec la commission d’enquête. Qu’en pensez-vous ?
Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger sont des lâches. Ils s’en prennent vilement à trois juges de la Cour suprême dans leur tactique d’attaquer les institutions de notre pays. S’ils pensaient que Pravind Jugnauth ou Ivan Collendavelloo avaient quelque chose à voir avec les allégations sur Alvaro Sobrinho, ils auraient dû déposer devant la commission d’enquête. Ils auraient bénéficié de l’immunité et auraient pu déballer leurs accusations librement. Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils savaient très bien qu’ils auraient été mis en pièces lors d’un contre-interrogatoire.
Le samedi 10 septembre, lors d’un congrès du Muvman Liberater à Rivière-des-Anguilles, vous avez dit qu’il n’y aura pas de suite dans l’affaire Saint-Louis. Avez-vous des informations à ce sujet ?
Cette déclaration se rapporte à moi et non aux autres personnes interrogées par l’Icac. Il n’y aura aucune suite me concernant, car il n’y a pas le moindre indice me liant avec quelque contracteur que ce soit dans l’affaire Saint-Louis. Je n’ai eu aucune communication, ni aucun contact, avec les principaux acteurs de cette affaire. Il n’y a donc aucune raison de croire qu’il y aura une suite me concernant. Cependant, il y aura probablement des suites pour les personnes impliquées dans l’affaire, mais cela est du ressort du directeur des poursuites publiques.
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