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Cabinet des ministres : allier compétence et diversité

Dix jours. Voilà le temps qu’il a fallu au Dr Navin Ramgoolam pour composer, non sans sueur ni larmes, son gouvernement. Une gestation prolongée pour un accouchement sous tension, qui aurait bien mérité quelques anesthésiants supplémentaires. 

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Porté par une victoire éclatante de l’Alliance du Changement, le Premier ministre s’est retrouvé face à une équation aussi complexe qu’une recette de briani ratée : marier compétences, équilibres communautaires et ambitions personnelles, tout en livrant un Cabinet ministériel capable de gouverner et, accessoirement, de ne pas se disputer pour un rien. 

Danse des egos et bal des frustrés

Dix jours de négociations serrées, de « je te tiens, tu me tiens par la communauté » et sans doute quelques moments où le mobilier du Bâtiment du Trésor a failli voler. Navin Ramgoolam a jonglé avec des œufs — et probablement marché sur quelques coquilles. 

Le problème ? Il fallait choisir 23 ministres parmi 60 élus, dont certains avec un CV plus garni qu’un sapin de Noël et bien sûr, une certitude inébranlable qu’ils méritaient un portefeuille. Évidemment, le mérite, c’est comme le dessert à une grande fête : il n’y en a jamais assez pour tout le monde. 

Pour ceux laissés sur la touche, il a fallu des explications dignes d’un conteur de fables : « Ton tour viendra, camarade ! » ou encore « Le pays a besoin de toi ailleurs ». Traduction : « Pas cette fois, mais ne fais pas trop de bruit. » Gérer les egos meurtris, c’est tout un art. Heureusement, il semble avoir évité que la déception ne dégénère en rancune ouverte... du moins pour l’instant.

À l’image de la mosaïque mauricienne

Navin Ramgoolam s’est efforcé de donner au gouvernement un visage fidèle à l’arc-en-ciel mauricien. Dans ce jeu d’équilibrisme communautaire, chaque segment de la population a son représentant. Hindous, musulmans, créoles, sino-mauriciens : personne n’a été oublié. Même les castes qui, il faut l’avouer, jouent encore leur partition dans cette grande symphonie nationale, ont eu leur mot à dire. 

Certains diront que cet effort de représentativité est noble. D’autres, un brin plus sarcastiques, observeront qu’aligner les quotas n’est pas toujours compatible avec le recrutement des meilleurs talents. Prenons l’exemple de Kugan Parapen, lauréat et économiste, mais relégué au rang de Junior Minister. Dans ce théâtre gouvernemental, il faut parfois savoir jouer les figurants avant d’obtenir un rôle principal. 

Lot de consolation ou génie stratégique ? 

Pour compenser ce décalage entre ambition et réalité, Navin Ramgoolam a ressorti une vieille recette : les Junior Ministers. Ces sous-ministres, un peu comme des assistants dans une cuisine bondée, font le travail sans vraiment pouvoir se vanter de leur rôle à l’écran. Mais l’idée est astucieuse : donner de la visibilité à des profils compétents sans bousculer l’ordre établi. 

Des figures comme Joanna Bérenger à l’Environnement, Fabrice David à l’Agro-industrie ou encore Kugan Parapen épaulant Ashok Subron à la Sécurité sociale illustrent bien ce subtil dosage. Ils sont là pour bosser, pas pour briller. Si tout se passe bien, ils pourront espérer monter d’un cran dans cinq ans. Et si ça se passe mal ? Eh bien, au moins, ce ne sera pas leur faute. Pratique. 

Le gouvernement sous surveillance 

Mais l’animation ne s’arrête pas là. Avec Paul Bérenger comme Deputy Prime Minister, les ministres auront un œil sur eux à tout moment, un peu comme des étudiants surveillés par un professeur redouté. Paul Bérenger, on le sait, n’est pas du genre à rester assis dans un coin en attendant que les choses se passent. Non, il sera là pour pousser, surveiller et pourquoi pas, pointer du doigt les retardataires. Les ministres et Junior Ministers devront marcher droit, sous peine de voir leurs dossiers traînés en public. 

Pourtant, cette proximité entre le Premier ministre et son adjoint risque d’être un exercice d’équilibrisme en soi. Si Paul Bérenger devient trop entreprenant, Navin Ramgoolam pourrait bien finir par se demander si son bras droit n’est pas en train de lui marcher sur les pieds. Espérons que cette relation se limitera à un partenariat stratégique et qu’elle n’évoluera pas en duel silencieux. 

Promesses en attente, patience limitée 

En attendant, la population regarde tout ce cirque avec une impatience grandissante. Les Mauriciens n’ont pas voté pour un ballet d’egos ou des promesses de papier ; ils attendent des résultats concrets. Réformes, projets, et surtout, un soupçon de transparence dans la gestion publique. Navin Ramgoolam et son équipe ont tout intérêt à avancer vite et bien, car les attentes sont élevées et la patience, elle, très limitée. 

Bref, entre les illusions d’un gouvernement parfait et les réalités d’une société en quête de transformation, ce Cabinet des ministres a tout d’un pari. Espérons qu’il tienne ses promesses car dans ce jeu, le public, lui, ne pardonne pas les mauvais acteurs. 

  • defimoteur

     

 

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