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Basheer Taleb sur les 5 credits obligatoires : «Une dictature menant à la disparition des collèges privés»

Vives inquiétude des managers des collèges privés face au critère imposé pour l’admission en Lower Six. Ils se sont réunis le mercredi 31 mai au collège Mauritius à Curepipe pour discuter des implications de cette mesure du ministère de l’Éducation. Colère, révolte, amertume…Tels sont les sentiments qui ont rythmé l’assemblée des managers dépités.

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«We do things to them. We don’t do things with them anymore…» C’est en ces termes que Basheer Taleb, président de la fédération des Managers des collèges privés traduit le traitement que le ministère leur accorde. Ils ne sont plus admis au conseil d’administration de la Private Secondary Education Authority (PSEA), ex-PSSA (Private Secondary Schools Authority). Il n’y a plus aucune ligne de communication entre les acteurs du secondaire privé et la ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun. « Nous avions évoqué à l’époque une tentative de nous bâillonner, nous voyons aujourd’hui le résultat. Depuis l’an passé, nous n’avons plus voix au chapitre dans les instances de décision, aujourd’hui elles font ce qu’elles veulent », s’insurge le président.

Des représentants d’une trentaine de collèges ont assisté à l’assemblée générale, très animée, de la fédération des managers des collèges privés .

Désaccord

De g. à dr., Basheer Taleb, recteur du collège Islamic de Port-Louis et président de la fédération, et Harris Bachwa, recteur du Friendship College de Goodlands et porte-parole de la fédération. 

La trentaine de représentants des collèges privés présents ont exprimé leur désaccord face au critère de 5 Credits pour accéder au Higher School Certificate (HSC). Ils s’interrogent sur les motivations du ministère et surtout sur la manière de faire. Pourquoi cette soudaineté, sans aucune consultation ? « Y aurait-il un hidden agenda ou un longterm plan ? Telles sont nos interrogations quand on voit la manière de faire de la ministre. Surtout pourquoi 5 Credits ? Cela n’a jamais été le cas dans l’histoire de l’éducation à Maurice. Nous n’aurions eu aucun d’argument si elle avait annoncé un retour vers 4 credits, mais là on ne comprend pas », soutient Basheer Taleb.

« Cette décision de 5 Credits est d’une importance nationale et concerne tous les élèves, parents et collèges. Peut-on imaginer une telle décision sans consultation ? Une décision annoncée, sans crier gare, dans un communiqué laconique… C’est de la dictature ! Pourquoi nous a-t-on bâillonnés tout ce temps-là ? Tout indique que nous allons vers la disparition des collèges privés, la nationalisation du secondaire à Maurice. »

Cette mesure ne sera pas sans conséquence pour les collèges privés. « La ministre aura beau dire que les collèges ne fermeront pas. Nous nous dirigeons vers un Phasing Out de nos classes de HSC », souligne Harris Bachwa, porte-parole de la fédération. « D’autant plus, que la plupart de nos collèges accueillent des élèves qui n’ont pas brillé au CPE », dit-il.

« La ministre prétend promouvoir l’effort et inciter les enseignants à mieux encadrer les élèves. A-t-elle pris la peine de s’enquérir des réalités de nos collèges ? Quels efforts devront fournir nos enseignants pour encadrer un élève avec 4 E en sixième et l’amener à 5 credits en cinq ans de scolarité ? Considérant qu’il existe entre 6500 et 7000 élèves avec moins de 5 credits, chaque année, on pénalisera plus de 50% de la population estudiantine à Maurice. La nouvelle mesure mènera inévitablement vers un malaise social », affirme Harris Bachwa.

Cette décision a fait l’effet d’une bombe pour les dirigeants des collèges privés qui s’employaient à mettre en place les mesures nécessaires pour répondre aux exigences de la réforme. « Notre priorité depuis janvier était de voir comment intégrer le Nine-Year Schooling, la formation des enseignants, l’accueil des élèves après le Grade 9, le curriculum, le National Exams… C’était assez compliqué sans ce choc au milieu de l’année scolaire ». Avec le Nine-Year Schooling qui suscite de nombreuses interrogations et incertitudes, le critère des 5 credits sème davantage la confusion.

Dans ce contexte, la fédération des Managers des collèges privés soumettra ses propositions (voir hors texte) au ministère de l’Éducation dans les jours à venir. Elle exprimera aussi ses craintes et incompréhensions quant à l’option MITD ou Polytechnique pour les élèves n’ayant pas le minimum requis pour le HSC.

« Le Nine-Year Schooling préconise un examen national en Grade 9 pour orienter les enfants vers la filière académique ou technique. Qu’adviendra-t-il des élèves qui n’auront pas décroché 5 credits ? Ils auront perdu deux années pour se retrouver au final dans la filière technique ? Rien n’a été expliqué », déplore Harris Bachwa.

Et Basheer Taleb de conclure : « Nous sommes avant tout des pédagogues et avons à cœur la réussite de nos jeunes. Nous espérons que la ministre retrouvera la raison et rétablira le dialogue pour une solution plus juste ».

Notons que les managers des collèges catholiques, bien qu’étant invités, étaient absents de cette réunion, hier.


Propositions des collèges privés - Les collèges privés prônent :

  • un retour vers 4 credits pour la majorité des élèves.
  • 3 credits dans des cas exceptionnels où l’élève les décroche dans trois matières principales.
  • Autre option pour ceux avec 3 credits : une formule de deux matières principales et deux matières subsidiaires.

« C’est plus raisonnable », soutient Basheer Taleb. « Autrement, quelle ambition pour des jeunes, leur SC en poche et peu importe le nombre de credits, de passer leur HSC afin d’entreprendre des études universitaires ? Pour l’option polytechnique : quels sujets, quel programme ? Il ne faut pas croire que les jeunes accepteront n’importe quoi. De nombreux jeunes, qui n’ont même pas 2 credits, ne trouvent aucun intérêt au programme du MITD », soutient-il.

 

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