
Le ministre du Logement et des Terres, Shakeel Mohamed, était l’invité de Patrick Hilbert dans l’émission « Au Cœur de l’Info « du lundi 14 juillet sur Radio Plus. Le numéro 3 du GMM est revenu sur le bilan du gouvernement mais aussi sur le paiement de la Basic Retirement Pension (BRP) à 65 ans, l’accessibilité aux logements sociaux et la polémique entourant les constructions illégales.
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«Ena boukou travay ki mo pa ti panse pou ena. » C’est ainsi que le ministre du Logement et des Terres s’est exprimé en dressant le bilan des huit premiers mois de l’Alliance du Changement au pouvoir. « Au sein de mon ministère, on a eu des problèmes que je n’aurais jamais cru possibles. Et sur le plan national, on ne s’attendait pas à voir autant de malversations et de mensonges », a souligné Shakeel Mohamed.
Évoquant la situation dans son ministère, il a expliqué qu’il ne s’attendait pas à découvrir autant de cas de non-paiement concernant les « compulsory acquisitions » réalisées par l’ancien régime. « Le nombre de personnes qui ont cédé leurs terrains au gouvernement et qui ne sont toujours pas payées… On parle de milliards de roupies », a-t-il estimé, précisant qu’il s’agissait d’éléments inconnus avant les élections en raison du manque de transparence du précédent gouvernement.
Et selon lui, le même scénario se répète dans plusieurs autres ministères. « Cela a été huit mois extrêmement compliqués. On aurait préféré prendre des décisions qui font plaisir aux gens et qui nous rendent plus populaires. Mais il fallait surtout voir comment arriver à bon port. Avec les mesures économiques que nous prenons, nous espérons pouvoir réaliser ce que nous avons promis, et c’est ça l’objectif », a ajouté Shakeel Mohamed.
Paiement de la BRP à 65 ans
« Pour beaucoup de Mauriciens, percevoir la pension de vieillesse dès 60 ans représente un filet de sécurité indispensable, et nombreux sont ceux qui en dépendent réellement », a-t-il déclaré, tout en disant comprendre la colère de la population. Toutefois, le ministre Mohamed a souligné que 35 % des dépenses budgétaires annuelles sont consacrées au paiement de la pension de vieillesse, soit environ Rs 69 milliards. « À titre de comparaison, seulement 7 % du budget est alloué à l’éducation, contre 18 % aux Seychelles et 20 % à Singapour. Il en va de même pour la santé : Maurice y consacre environ 8 % de son budget, alors que Singapour y consacre entre 22 % et 23 %, et les Seychelles près de 20 % », a-t-il précisé.
Ainsi, la part importante accordée à la pension empêche le gouvernement de dépenser davantage dans d’autres secteurs essentiels. Le ministre estime que les gouvernements précédents n’ont jamais voulu toucher à la pension car il s’agit d’un sujet impopulaire. « Le problème a été ignoré pendant trop longtemps et il devient grave », a-t-il ajouté.
Concernant l’exemple qui devrait venir des dirigeants, Shakeel Mohamed a précisé que les budgets de chaque ministère ont été revus à la baisse. Cependant, à propos de la pension des anciens parlementaires, il a rappelé qu’« on ne peut amender la loi avec effet rétroactif pour leur enlever cette pension. Il s’agit d’une pension contributive et ils ont cotisé dans un fonds dans le but d’en bénéficier par la suite », a-t-il souligné.
Logements sociaux
« Le gouvernement sous le MSM a changé les règles. Les familles doivent désormais prendre un prêt pour financer l’achat », a-t-il expliqué, soulignant ainsi la raison des difficultés rencontrées pour obtenir un logement auprès du New Social Living Development (NSLD) et de la National Housing Development Company (NHDC). « Notre objectif maintenant est de voir quelles mesures nous pouvons prendre afin d’aider les familles qui ne sont pas éligibles à un prêt », a-t-il ajouté.
Ainsi, de nouvelles mesures seront bientôt annoncées pour faciliter l’accessibilité aux logements. Parmi elles figure la possibilité de louer une maison et d’en devenir propriétaire par la suite, notamment grâce à l’option du « rent to own ». Pour le ministre Shakeel Mohamed, une option de « leasing » pourrait également être envisagée, à condition que la loi puisse être amendée.
Le ministre a également indiqué que ces nouvelles mesures devront permettre d’aider les jeunes, seuls ou en couple, à démarrer leur vie. « Il y a un grand besoin de logements. Nous essayons de voir quelles sont les différentes options possibles. Il y a aussi peut-être l’option de créer des villages intégrés où l’on pourrait donner des terres au lieu de maisons. Tout cela reste à discuter, notamment au sein des comités interministériels, car le défi aujourd’hui est l’accès à la terre », a-t-il expliqué.
L’affaire des kalimayes
Les polémiques entourant les constructions illégales n’ont pas lieu d’être, selon Shakeel Mohamed, qui a fait le point sur la situation. « Concernant le kalimaye à Flacq, il faut savoir qu’il se situe sur un terrain privé appartenant à Alteo, et c’est le District Council de Flacq qui a émis le ‘pulling down order’ en 2024. Cette décision ne vient pas du ministère puisqu’il ne s’agit pas d’un ‘state land’ », a-t-il tenu à préciser.
Il a ensuite évoqué la situation d’un autre kalimaye, cette fois-ci à Tamarin. Une notice a été émise sous la section 24 du Pas Géométriques Act mais, selon le ministre, « à aucun moment il n’est mentionné le mot demolishing. Et à aucun moment il n’a été question de démolition. Cette affaire a été montée de toutes pièces ». S’agissant du répertoire des constructions illégales, le ministre a indiqué qu’il existe un total de 174 structures construites sur les plages publiques. Ces structures sont classées en quatre catégories : édifices religieux (67), squatters (41), abris (50) et empiètements (16).
Shakeel Mohamed a précisé qu’il a été décidé de ne pas démolir les édifices religieux. « D’un commun accord, nous avons estimé que ces structures sont là depuis des décennies et font partie du patrimoine, donc elles ne seront pas détruites. Mais il nous faut mettre des limites, et c’est pourquoi il est interdit d’agrandir ces édifices ou d’en construire de nouveaux », a-t-il conclu.
Un bilan mitigé, selon Faizal Jeerooburkhan
Pour Faizal Jeerooburkhan, observateur politique et membre de Think Mauritius, le bilan du gouvernement après huit mois au pouvoir est mitigé. « Il y a du positif et du moins positif, pour ne pas dire négatif », a-t-il estimé. Parmi les points positifs, il a salué le discours budgétaire, qui annonçait un vent de changement. « Le gouvernement a montré beaucoup de volonté à vouloir réduire la dette publique », a-t-il mentionné.
Cependant, concernant les aspects plus négatifs, Faizal Jeerooburkhan a évoqué les promesses électorales non tenues, même si les raisons peuvent être compréhensibles. « Les nominations politiques dans certains secteurs ne reflètent pas ce qui avait été promis avant les élections », a-t-il souligné, tout en ajoutant qu’il reste de gros dossiers en suspens nécessitant des actions rapides. La santé, l’éducation et le logement restent ainsi à la traîne, selon l’observateur.
La crise du logement a empiré
L’accès au logement devient de plus en plus difficile, surtout pour les personnes en situation de précarité. « La demande continue d’augmenter, mais il devient très difficile de devenir propriétaire. On voit également de plus en plus de jeunes se retrouver en difficulté et devenir des SDF. Il nous faut aussi trouver une solution pour les familles brisées. Certaines personnes vivent seules et n’arrivent pas à obtenir un logement en raison des critères qui privilégient les familles », a observé Patricia Adèle-Félicité, secrétaire générale de Caritas Maurice.

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