Faut-il changer le système politique ? C’était le thème de l’émission Au cœur de l’info, animée par Jane Lutchmaya et Anoop Dhookeeya, mercredi, sur Radio Plus. Lors de son intervention, l’observateur politique Amédée Darga a fait comprendre que le changement doit se dérouler en ordre de priorité.
Publicité
«Je suis sceptique », avance Amédée Darga. Il n’y a, poursuit-il, aucun changement concret dans le langage et le comportement des responsables des partis politiques. « Les slogans sont tapageurs. Mais il n’y a rien de concret. Nous nous retrouvons dans un système de compétition pour le pouvoir. Nous devons réfléchir sur les grands axes du changement. Oui, il faut un changement de fond en termes de gouvernance et ce, afin de permettre au cœur de l’État de fonctionner », dit-il.
Selon l’observateur politique, il faut d’abord abolir le système de nomination des hauts fonctionnaires. « Deuxièmement, la promotion des trois hauts fonctionnaires des ministères doit se dérouler à travers un système de compétition. Troisièmement, les postes clés, tels que le directeur de la commission anti-corruption (Icac) ou encore celui de l’Integrity Reporting Services Agency (IRSA), ne devraient plus être nommés par le Premier ministre. Le mieux serait de créer une Constitutional Appointment Commission », propose Amédée Darga.
Sénat, ‘delegated powers’…
L’observateur politique est d’avis qu’il faut impérativement abolir les ‘delegated powers’ au sein de la fonction publique. Selon lui, il faut songer à la création d’un Sénat qui servira comme une caisse de résonance pour réfléchir sur des sujets, tout en temporisant la situation dans le pays. En outre, il pense que le Speaker doit avoir le vote de trois-quarts des membres de l’Assemblée nationale avant d’occuper ses fonctions. Amédée Darga souligne aussi qu’il faut « retourner à la pratique d’avant où l’Attorney General n’était pas un élu ».
« Un changement constitutionnel s’impose, car la société mauricienne a évolué », indique pour sa part le constitutionaliste Milan Meetarbhan. La protection des droits fondamentaux, par exemple, a changé complètement. Ce sont pourtant des droits, déplore-t-il, qui ont primé dans les années 60. « La transparence, l’intégrité et la participation du peuple dans des débats doivent être revues », poursuit Milan Meetarbhan. Ce dernier fait ensuite ressortir qu’il y a « certaines failles dans l’interprétation de la Constitution dans le judiciaire qui méritent également d’être abordées ». L’interprétation judiciaire de la Constitution, ajoute-t-il, évolue avec le passage du temps.
« J’ai faim d’une meilleure île Maurice »
Le député du Parti travailliste (PTr), Shakeel Mohamed, avance pour sa part que la Constitution doit être dynamique et doit évoluer avec le temps. « Il y a une urgence de placer la méritocratie et la transparence au centre des débats et des discussions. Le leader du PTr, Navin Ramgoolam, a fait ressortir qu’un changement en profondeur dans le système constitutionnel s’avère important », fait remarquer Shakeel Mohamed. Ce dernier exhorte à la population de « jouer son rôle ». « Pour moi, le pays passe avant tout. Si je dois me sacrifier, je le ferais. Je ne suis pas un assoiffé de pouvoir, mais j’ai faim d’une meilleure île Maurice », ajoute-t-il.
Dev Sunnasy de Linion Pep Morisien (LPM), estime que « la population n’a plus confiance dans le système politique ». Il fait comprendre que les représentants du parti étudient tous les sujets de société avec moult détails. « Au sein de LPM, nous prônons une transformation de la politique et de la société. Nous ne pouvons continuer avec le principe ‘government is government and government decides’ », termine Dev Sunnasy.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !