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Au Cœur de l’Info : le renforcement des garde-fous financiers recommandé

Noren Seeburn et Sudhir Sesungkur

Selon les invités de l’émission Au Cœur de l’Info, l’arrivée controversée de Mamy Ravatomanga à Maurice révèle les failles d’un système gangrené par les réseaux d’influence.

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L’affaire Mamy Ravatomanga secoue la scène politico-financière mauricienne. Dans l’émission Au cœur de l’info, animée par Murvind Beetun, l’ancien magistrat Noren Seeburn et l’ex-ministre de la Bonne Gouvernance Sudhir Sesungkur ont dénoncé les dysfonctionnements institutionnels qui ont permis au milliardaire malgache d’atterrir à Maurice. Alors qu’il est soupçonné de blanchiment d’argent.

« Que se serait-il passé s’il y avait des terroristes armés à la place des passagers ? », s’est interrogé Noren Seeburn. Pour l’ancien magistrat, cette brèche sécuritaire est d’autant plus grave que les Mauriciens financent ces organismes. Il a établi un parallèle avec l’affaire du MV Wakashio. Dans les deux cas, la sécurité nationale a été compromise.

Sudhir Sesungkur a pointé du doigt « un groupe de personnes qui font la pluie et le beau temps, peu importe le gouvernement ». Selon lui, Ravatomanga n’est pas venu à Maurice par hasard. « Il a été accueilli et aidé dans ses formalités. C’est comme une mafia qui a accaparé le système. » L’ancien ministre a déploré que les mêmes personnes siègent dans les Boards et perpétuent leurs méthodes malgré le changement de régime.

Mafia

Noren Seeburn a abondé dans le même sens. « Gouvernement après gouvernement, une poignée de quatre personnes dirigent le pouvoir politique du pays. » Il a dénoncé un « establishment » aux ramifications internationales que les gouvernements successifs ne parviennent pas à ébranler.

Les deux invités ont déploré l’absence de sanctions malgré les multiples scandales qui ont été dénoncés. « Il y a eu plusieurs enquêtes, mais rien ne se passe », a noté Sudhir Sesungkur. Noren Seeburn y voit la marque d’une « gouvernance oligarchique qui fait que quatre familles dominent le peuple depuis plus de 50 ans ». Et elles ont mis en place un système pour leur enrichissement personnel.

Dans le cas Ravatomanga, l’ex-ministre a souligné la complexité du montage. « S’il n’y avait pas de complicité à Madagascar, il n’aurait pas pu transférer autant d’argent à Maurice. » Il a également évoqué de possibles connivences avec des banques et plusieurs organismes pour faire transiter des sommes colossales. « Une petite blessure est devenue un grand abcès dans notre système », a-t-il déploré. Il a mis en avant la faillite des superviseurs d’institutions financières.L’ancien commissaire de la FCC Junaid Fakim a démissionné après que son nom a été cité dans l’enquête. Son avocate, Me Urmilla Boolell, a dénoncé un « trial by the press » et a rappelé la présomption d’innocence. Elle s’est interrogée sur l’origine des informations qui circulent et affirme que la FCC a « induit la population en erreur » à travers son communiqué dans lequel l’organisme indique qu’il s’est retiré pour des raisons personnelles. 

Réformes 

Pour sortir de cette impasse, les invités ont préconisé plusieurs mesures. Sudhir Sesungkur a insisté sur le renforcement des garde-fous financiers, estimant que la Banque de Maurice aurait dû détecter ces transferts massifs. Noren Seeburn a plaidé pour la dépolitisation du recrutement dans les organismes et l’adoption du Freedom of Information Act, bloqué selon lui par les oligarques. « La Constitution garantit le droit à l’information, mais les divers gouvernements ne sont pas pressés de faire voter cette loi qui apporterait plus de transparence », a-t-il fait ressortir.

 

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