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Arrestation de Padayachy et Seegolam : la gouvernance au sein des Finances et de la BoM sous l’ancien régime prend un vilain coup

Renganaden Padayachy a occupé le fauteuil des Finances. Alors qu’Harvesh Seegolam était Gouverneur de la Banque de Maurice. Ce sont-là deux fonctions de haute importance pour l’économie. Les accusations de malversation et d’abus de pouvoir à leur encontre viennent sérieusement entamer la crédibilité de nos institutions. Quel message cette affaire envoie-t-elle ? Et comment éviter un tel scénario à l’avenir ? Avis des observateurs ! 

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L’ex-ministre des Finances et l’ex-Gouverneur de la Banque de Maurice ont été arrêtés dans le cadre de l’affaire de la vente de 70 % d’East Coast Hotel Investment. Le premier répond d’une accusation provisoire de « fraud by using position » et le second de « fraud by abuse of position » . Quel message cela envoie-t-il sur la gouvernance de nos institutions ? 
Tim Taylor, ancien président du National Committee on Corporate Governance : « Il faudra attendre la suite de l’enquête et du procès. S’ils sont trouvés coupables, il est évident que la gouvernance a été très mauvaise. » 

Laura Jaymangal, Executive Officer chez Transparency Mauritius : « Cela vient juste confirmer les failles dans la gouvernance, la transparence et les mécanismes de contrôle de nos institutions. On peut voir une politisation potentielle de la fonction publique, ainsi qu’un manque de garde-fous efficaces pour prévenir les conflits d’intérêts et l’utilisation abusive du pouvoir public. Cela remet en question l’indépendance réelle des institutions et souligne la nécessité urgente d’une réforme structurelle pour garantir leur intégrité. » 

Jacques de Navacelle, ex-directeur de Transparency Mauritius : « C’est un nouvel exemple de la faiblesse des responsables des institutions publiques qui se laissent entraîner à prendre des mauvaises décisions en raison des pressions politiques. »

Cette affaire impliquant deux institutions clés de l’économie risque-t-il de nuire à l’image du pays ? 
Laura Jaymangal : « Oui, il y aura certainement des répercussions. Le ministère des Finances et la Banque de Maurice sont les piliers de la stabilité macroéconomique et de la crédibilité financière du pays. Une affaire de cette ampleur peut entacher la réputation de Maurice en tant que centre financier crédible. Cela pourrait également affecter la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux. Et bien sûr, cela remet en question toute notre système de gouvernance. » 

Jacques de Navacelle : « On peut craindre en effet que des investisseurs étrangers renoncent à investir à Maurice car ils sont inquiets de ces défaillances. » 

Tim Taylor : « Ce n’est définitivement pas bon pour l’image du pays qu’un ancien ministre des Finances soit arrêté. Cependant, ce qui est bien avec les nouvelles d’aujourd’hui, c’est qu’elles deviennent caduques la semaine prochaine. Il faut dire aussi qu’en ce moment, le monde regarde Monsieur Trump. Personne n’a vraiment le temps de voir ce qui se passe à Maurice. »

Il est important que les détails des accusations soient rendus publics pour éviter que le gouvernement actuel ne soit accusé de vengeance politique.»

Quel doit être le message du gouvernement du jour à la communauté internationale à l’effet qu’à l’avenir ces institutions seront mieux gérées ? 
Jacques de Navacelle : « Il est important que tous les détails de ces accusations soient rendus publics pour éviter que le gouvernement actuel ne soit accusé de vengeance politique. »

Tim Taylor : « Il faut montrer dans les années qui arrivent que Maurice brille en termes de gouvernance. Il faut, comme dit l’expression, « put your money where your mouth is ». En d’autres mots, il faut joindre les actes à la parole. » 

Laura Jaymangal: « Le gouvernement a déjà pris position au niveau national envers une meilleure gouvernance et des mesures démocratiques. Il devra adopter une position claire et proactive, démontrant un engagement ferme envers la reddition de comptes, l’état de droit et la réforme institutionnelle. Il y a des annonces qui ont déjà été fait telles que la révision des mécanismes de nomination à la tête des institutions clés pour assurer leur indépendance réelle, le ‘freedom of information’, l’ethics commissioner, etc. Ce message doit s’accompagner d’actions visibles et transparentes, non pas pour apaiser uniquement la communauté internationale, mais pour restaurer la confiance des citoyens eux-mêmes. Il faudra aussi venir de l’avant pour garantir la protection des lanceurs d’alertes qui sont primordiales surtout dans ce genre de cas. » 

Comment à l’avenir garantir que le ministère des Finances et la Banque de Maurice fonctionneront en toute indépendance sachant par exemple que le Gouverneur et le Premier ministre entretiennent d’excellentes relations ? 
Laura Jaymangal : « Les relations personnelles ne devraient jamais compromettre l’indépendance institutionnelle. Pour éviter toute perception ou réalité d’ingérence, plusieurs mesures doivent être envisagées : un processus de nomination transparent et fondé sur le mérite, éventuellement supervisé par un comité indépendant ou le Parlement ; des mandats clairement définis avec des clauses d’incompatibilité, empêchant toute influence politique directe ; des mécanismes de reddition de comptes publics, incluant des rapports périodiques et des audits externes ; et une législation qui garantit l’autonomie fonctionnelle de la Banque de Maurice vis-à-vis du pouvoir exécutif, tout en assurant la coordination nécessaire en matière de politique économique. Ces garde-fous sont essentiels pour éviter que les institutions clés de l’économie ne deviennent des instruments politiques au détriment de l’intérêt public. » 

Jacques de Navacelle : « Il est indispensable de nommer au ministère des Finances et à la Banque centrale des personnes bien connues pour leur haute compétence. Jusqu’à présent, on a plutôt nommé des sympathisants politiques sans compétence. C’est très grave car c’est la réputation du pays qui est en jeu. » 

Tim Taylor : «  Il faut des gens intègres comme ministres et Gouverneurs. Rama Sithanen, qui a été mon collègue à un certain moment, est quelqu’un de très intègre. Cela démontre que nous faisons des progrès. » 

 

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