
- Il dénonce une manœuvre visant à enterrer des dossiers sensibles
- Il estime la nouvelle loi antidémocratique
Roshi Bhadain, le leader du Reform party était l’invité de Murvind Beetun lors de l’émission Au Cœur de l’Info sur Radio Plus mercredi.
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Roshi Bhadain a dénoncé les volte-face du gouvernement sur plusieurs dossiers qu’il dénonçait pourtant avec virulence lorsqu’il siégeait dans l’opposition. Il a cité, entre autres, les dossiers tels que CorexSolar et Agalega comme symboles de ce retournement de veste. Roshi Bhadain a ensuite appelé les membres du gouvernement à « s’excuser » pour avoir, dit-il, « embêté la population ».
Revenant sur les promesses non tenues, Roshi Bhadain a dégainé la liste : baisse des prix des produits de consommation et des carburants, gratuité du transport, suppression de la redevance télé. Rien ou presque, selon lui, n’a été honoré. Et d’interroger : « Qu’est devenu le fonds de soutien de Rs 10 milliards censé soulager le peuple ? Inn kouyonn lepep. Qu’a fait le gouvernement pour vraiment ‘set the scene’ ? »
Selon lui, « c’est possible de réaliser les promesses en l’espace de cinq mois ». « Il faut planter l’arbre aujourd’hui afin de récolter les fruits demain », souligne-t-il.
Public Enquiries Bill
Le leader du Reform Party a exprimé ses inquiétudes quant à l’imminente promulgation du Public Enquiries Bill, destiné à remplacer la Commissions of Inquiry Act. Un glissement autoritaire, selon lui, dans la continuité des pratiques de l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth. « Le Public Enquiries Bill a déjà été voté à l’Assemblée nationale », rappelle Roshi Bhadain. Il pointe particulièrement du doigt l’article 32(2) de la nouvelle loi, qui stipule : “Any Commission of Inquiry issued under the repealed Commissions of Inquiry Act and which is pending on the commencement of this shall lapse”. Autrement dit, toutes les commissions d’enquête en cours établies sous l’ancienne législation seront automatiquement annulées.
« Cela signifie que la commission d’enquête sur l’affaire Betamax, toujours en cours, sera stoppée net. Pourquoi balayer d’un trait de plume une enquête qui allait, selon moi, révéler de nombreuses vérités dérangeantes sur certains acteurs du pouvoir ? », s’interroge-t-il. Et ce n’est pas tout : « Il y a aussi la commission d’enquête sur les Missie Moustass Leaks », ajoute-t-il, dénonçant une manœuvre visant à enterrer des dossiers sensibles.
Roshi Bhadain estime que la nouvelle loi est « antidémocratique ». Il s’interroge aussi sur le silence du président de la République, Dharam Gokhool. « Un gouvernement qui détient 60 sièges sur 60 n’a-t-il pas le devoir de faire la lumière sur l’identité de ‘Missie Moustass’ et les outils technologiques utilisés ? », lance-t-il.
Municipales
C’est la raison pour laquelle, tonne le leader du Reform Party, la population doit incarner un véritable contre-pouvoir face à l’exécutif. « Si le gouvernement de 60-0 rafle aussi un 120-0 aux municipales, imaginez les risques pour la démocratie », avertit-il.
Roshi Bhadain a commenté la tenue des prochaines élections municipales. « Le Reform Party affronte un gouvernement puissant. On me demande quelles sont nos chances, mais moi je demande : quelles sont celles de la population ? », lance-t-il.
Le leader du Reform Party reconnaît toutefois que son parti ne remportera pas les municipales. « Nous ne nous faisons pas d’illusions. Mais nous appelons les citadins à élire nos candidats, pour qu’il y ait au moins une voix dissonante, une force d’équilibre dans chaque ville. Prenez le même stylo qu’en 2024, et votez Reform », dit-il.
Air Mauritius
Autre dossier évoqué : la situation à Air Mauritius. Pour Roshi Bhadain, elle est « encore plus catastrophique » qu’on ne le pense, en raison de décisions récentes prises en haut lieu. « Les employés craignent un dégraissage massif, voire des licenciements. L’objectif semble être de transformer Air Mauritius en une simple compagnie régionale. Mais quelles en seront les ramifications ? », s’interroge le leader du Reform Party. Ce dernier dénonce une « mauvaise gouvernance » à la tête de la compagnie nationale. « Maurice a besoin d’un changement fondamental et radical », souligne-t-il.
Bonne gouvernance
Le gouvernement doit-il revoir la nomination du gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) ? Roshi Bhadain remet en question le mode de nomination à la tête de la BoM. « La désignation du gouverneur de la BoM suit le même processus que celle du chef juge : elle est faite par le président de la République. Il n’y a aucune indépendance dans ces nominations. La différence, c’est que ceux qui gouvernent aujourd’hui étaient dans l’opposition hier. Ils avaient juré qu’ils ne procéderaient plus ainsi », dénonce le leader du Reform Party.
Il a une fois de plus rappelé que cela fait désormais six mois que le gouvernement est en place et que certaines promesses (censées être tenues immédiatement après la victoire) n’ont toujours pas été concrétisées. Parmi elles, l’engagement phare de réformer la procédure de nomination par l’instauration d’un Constitutional Appointment Committee. « C’était un engagement de campagne. Il est impératif d’amender la loi pour le mettre en œuvre », insiste-t-il.
MIC
Le scandale de la Mauritius Investment Corporation (MIC) a par ailleurs été abordé lors de l’émission. « À Maurice, les scandales se succèdent. Mais ils ne datent pas d’hier, ils remontent à des décennies », affirme le leader du Reform Party. Selon lui, « tout le monde savait ce qui se passait ». À plusieurs reprises, dit-il, « on a dénoncé une dilapidation pure et simple des réserves de la Banque de Maurice, canalisées via une entité baptisée Mauritius Investment Corporation (MIC), au profit de certaines compagnies, sous divers prétextes ».
Il a notamment évoqué le cas de l’hôtel Maradiva Villas Resort & Spa, qui aurait bénéficié d’un montant de 1,65 milliard de roupies. « Le public a le droit de savoir combien a été versé au total à ce groupe, et selon quels mécanismes cette somme a été déboursée », a-t-il lancé, appelant à une enquête rigoureuse sur l’ensemble du processus.
Roshi Bhadain a également pointé du doigt les supposées connivences entre les bénéficiaires et les dirigeants de l’époque. « L’ex-Premier ministre avait une obligation envers le peuple. Or, il a servi les intérêts de quelques-uns », a-t-il déploré. Pour lui, « tout a été bafoué, la transparence, la redevabilité, l’éthique. Les citoyens ont le droit de connaître la vérité », a-t-il ajouté.

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