À 36 ans, tout lui réussit. Il a toujours su être au bon endroit, au bon moment. C’est ainsi que Nazeem Junggee, entrepreneur et activiste s’est retrouvé à prendre la parole au Summit For Democracy. Son intervention n’est pas passée inaperçue surtout que certains dans son pays se battent pour de bonnes pratiques démocratiques.
L’intervention de Nazeem Junggee au sommet de la démocratie aux États-Unis le vendredi 10 décembre était « the talk of the town ». À l’origine, sa démarche audacieuse de se coller une étiquette où il était écrit « Freedom » sur la bouche en son soutien aux journalistes et aux membres de la Plateforme pour la Liberté d’Expression. Il a été invité à rejoindre le Youth Town Hall, qui est un des événements de ce sommet sur la démocratie. Le Summit for Democracy est un événement tenu par l’ambassadrice aux États-Unis Linda Thomas-Greenfield. Il réunit 70 jeunes leaders du monde pour une conversation ouverte sur la démocratie.
L’activiste mauricien dit ne pouvoir fermer les yeux sur la contradiction que représente le fait d’assister à ce sommet sur la démocratie à la veille d’une manifestation locale organisée pour protester contre les amendements controversés à l’IBA Act, adoptés à l’Assemblée nationale le 30 novembre 2021. « Pendant que tous les grands chefs d’État se regroupent pour parler de démocratie, à Maurice, les citoyens doivent descendre dans la rue. C’est une contradiction incroyable ! Pour moi, la démocratie et la liberté de s’exprimer vont de pair », soutient-il.
Lors de son intervention, Nazeem Junggee s’est intéressé à la représentation des jeunes dans la sphère politique. « Que peuvent faire les dirigeants de nos pays pour lutter contre cette représentation faible, voire inexistante, des jeunes dans les parlements et les gouvernements ? », a-t-il demandé.
« Cette question reflète la situation au niveau du désengagement des jeunes en période électorale qui n’est en aucun cas un bon signe pour la démocratie. Ils ont une mauvaise image de la politique, notamment du fait qu’ils perçoivent que seuls ceux qui font partie d’une dynastie politique peuvent se retrouver dans l’hémicycle. D’où ma question adressée à nos dirigeants afin de permettre une meilleure représentation des jeunes pour qu’ils ne se contentent pas de voter, mais qu’ils s’impliquent au niveau politique pour faire entendre leur voix, car leurs votes et leurs choix politiques affecteront leur avenir », conclut-il.
Parcours d’un homme déterminé
La détermination, c’est la clé du succès de Nazeem Junggee. Ce dernier issu de famille modeste, fils d’un marchand de pain, a toujours saisi chaque opportunité. C’est ainsi que sur les conseils d’un proche, il fera une demande d’admission à une université aux États-Unis. « C’était en 2005. Un proche établi en Amérique qui était en vacances à Maurice, qui m’a incité à faire des études universitaires en Amérique. Il avait été impressionné par certains de mes travaux », partage-t-il. Une opportunité en or pour ce jeune homme qui avait déjà débuté sa carrière en tant que stagiaire-monteur après le collège dans la presse locale. « Pour moi, ce n’était pas envisageable… Vu mes conditions modestes, comment aurais-je pu étudier dans une des prestigieuses universités des États-Unis. Mais j’ai quand même monté mon portfolio pour faire ma demande d’inscription », dit-il.
En 2007, soit deux ans après, Nazeem Junggee décroche une bourse partielle d’un an pour des cours en graphisme et communication à la prestigieuse Academy of Art University, à San Francisco. Il y étudiera pendant deux ans. Malheureusement, en 2009, la crise financière s’abat sur le monde et il se trouve dans l’obligation de tout abandonner pour retourner à Maurice. Cela avec l’espoir un jour de retourner aux États-Unis. « J’étais très déçu d’avoir dû tout quitter alors que j’étais si proche de réaliser l’American Dream. Mais finalement, de retour à Maurice, j’ai travaillé dans plusieurs groupes de presse, de communication et de publicité. De plus, j’ai rencontré Anoushka, celle qui allait devenir ma femme et avec qui je voulais fonder ma famille », raconte-t-il.
En 2011, Nazeem décide de se tourner vers l’entrepreneuriat et de créer 1950 Design & Print Co Ltd, une agence de graphisme polyvalente. « Nous avons réalisé que le marché du graphisme était saturé. Il y avait un besoin de diversifier. De ce fait, Anoushka et moi avons investi toutes nos économies et l’argent emprunté auprès de nos proches dans l’impression digitale grand format ». Le jeune couple forme alors un duo de choc et le succès lui sourit.
American Dream
Heureuse coïncidence, grâce aux travaux de l’ambassade américaine à Maurice, sa connexion avec les États-Unis s’est affermie. Celui qui regrettait d’avoir dû abandonner son « American Dream », décroche en 2016 une chance incroyable de participer à une formation en Business entrepreneurship and leadership grâce à la bourse Mandela Washington. « J’ai eu l’honneur de faire un stage de deux mois dans l’une des plus prestigieuse universités américaines, le Dartmouth College. Pendant cette formation, j’ai présenté un projet d’upcycling de panneau publicitaire en sac et plumiers entre autres dans le but de décroché un Grant de 5 000 à 25 000 dollars. Grace à ce pitch, j’ai pu lancer le projet Sakili financé par Washington DC »,
souligne-t-il.
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