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Allégations de brutalités - Prison de Melrose : des détenus en sang, des proches en colère

Devant les grilles de la prison de Melrose, l’angoisse et la colère des familles grandissent face au silence des autorités.

Des allégations de violences secouent l’Eastern High Security Prison de Melrose. Depuis jeudi, des détenus blessés, des témoignages alarmants et des familles laissées dans le flou ravivent les inquiétudes sur les conditions de détention. Tandis que les autorités pénitentiaires démentent tout usage excessif de la force, des proches crient à la répression brutale. Le climat est tendu et les questions nombreuses.

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Un climat de tension mais aussi et surtout d’inquiétude règne à l’Eastern High Security Prison de Melrose. Depuis vendredi, des proches de plusieurs détenus se rassemblent devant cet établissement pénitentiaire pour dénoncer des violences présumées survenues lors d’une opération policière la veille. Selon eux, plusieurs détenus auraient été sévèrement blessés.

Mais ils se heurtent à un silence inquiétant : aucune information officielle ne leur a été communiquée et les visites leur sont refusées. Ces familles, inquiètes et en colère, regrettent de ne pas avoir été autorisées à rencontrer les prisonniers à l’intérieur. « Ena dimounn pe gagn ‘discharge’ pou al lakaz pe trouve ena disan », confie la mère d’un détenu dans une déclaration accordée samedi au Défi Media Group.

Cette femme, inquiète, n’a pas reçu l’appel téléphonique que son fils lui passe habituellement chaque vendredi. Un silence qui n’a fait alimenter ses craintes. Un ancien détenu lui aurait dit que son fils aurait été violemment agressé et présenterait des blessures visibles. Elle précise que son fils, opéré durant l’enfance, avait une cicatrice qui se serait rouverte, nécessitant des soins médicaux urgents.

Sans nouvelles depuis, elle n’a eu de cesse de réclamer des explications sur son état de santé. Malgré plusieurs heures passées devant la prison samedi, aucun officier ne lui a communiqué d’information. Toutefois, elle a fini par être exceptionnellement autorisée à avoir un bref échange téléphonique avec son fils vers 14 heures.

Elle raconte en larmes : « Mo garson pe pipi disan. » Son fils se trouve dans un état préoccupant, marqué par des vomissements répétés et des douleurs internes. Elle a cependant obtenu l’assurance qu’il serait conduit à l’hôpital pour recevoir des soins.

« Mo garson dir mwa ‘mama tou inn arete, pa gagn traka’. Me selman ler mo demann li si linn blese, li dir mwa wi. Kan mo demann li si linn kras disan, li dir mwa wi. Mo dir li ‘be to dir mwa to bann blese’. Li dir mwa ma, pa gagn traka al lakaz. Kouma mo kapav ale ? », demande-t-elle, la voix brisée. En sanglots, elle raconte avoir déjà vécu la terrible épreuve de perdre un enfant dans le passé : « Mo panvi reviv sa. Mo panvi perdi ankor enn zanfan. »

Son témoignage fait écho à celui d’un autre parent, un père cette fois, qui affirme que son fils lui a lui aussi confirmé avoir été agressé. « Mo konn mo garson. Mo konn so manier koze. Mo ti pe tann kouma dir ena dimounn akote li. Li pa ti pe kapav koz bien, me linn konfirm mwa ki li blese », raconte-t-il.

Selon lui, son fils souffrirait de plusieurs fractures. Il ajoute que ce dernier a clairement identifié les auteurs présumés : « Mo garson dir mwa ki komando mem kinn rantre inn bat li. »

C’est jeudi que l’affaire a éclaté. Des proches de plusieurs détenus ont affirmé que ces derniers avaient été victimes de violences physiques infligées par des gardiens de la prison. Des allégations que la direction pénitentiaire a catégoriquement rejetées. « Pann bat personn », avait indiqué Dev Jokhoo, le commissaire des prisons, dans une déclaration accordée au Défi Media Group. 

Samedi, les proches des détenus ont finalement quitté les lieux vers 18h30, peu après le départ de Touria Prayag, membre de la National Human Rights Commission, venue constater la situation (voir encadré).

Me Pravesh Nuckcheddy : « Mo klian so lame fraktire, so zenou disloke »

De son côté, l’avocat Pravesh Nuckcheddy rapporte le témoignage direct de son client, Brad Hendrick Julien Ross, qu’il a rencontré samedi en prison. Il affirme que ce dernier présente plusieurs blessures graves. « Mo klian so lame fraktire, so zenou disloke », a-t-il dit. Sollicité par plusieurs proches de prisonniers, l’avocat a répondu : « Zedi swar, enn lekip ankagoule finn britaliz bann deteni selon mo klian. »

À la suite de cet échange, Me Pravesh Nuckcheddy a immédiatement alerté le Commissaire des prisons. Ce dernier a rejeté ces accusations, disant qu’elles sont « infondées ». En parallèle, les proches de Julien Ross ont déposé une plainte au poste de police de Montagne-Blanche. Le prisonnier, selon son homme de loi, soutient qu’il a été privé d’une prise en charge médicale adéquate à la suite des blessures qu’il a subies. Il affirme que le médecin de la prison de Melrose ne lui aurait apporté aucune assistance malgré l’état préoccupant dans lequel il se trouvait.

Vendredi déjà, Me Pravesh Nuckcheddy avait dénoncé le refus de la prison de Melrose d’accéder à sa demande pour rendre une visite urgente à son client grièvement blessé depuis jeudi, sans avoir reçu les soins nécessaires. Dans une correspondance adressée au commissaire des prisons vendredi, l’avocat avait demandé une intervention immédiate, évoquant l’état préoccupant de son client. Il avait insisté sur l’urgence de la situation, rappelant l’obligation pour les autorités de garantir le respect des droits fondamentaux des détenus. 

Naseerudin Tengur retrouvé pendu

Me Rama Valayden : « Chaque mort en cellule mérite une enquête judiciaire »

Me Rama Valayden appelle à l’ouverture d’une enquête judiciaire à la suite du décès de Naseerudin Tengur, retrouvé pendu jeudi dans sa cellule à la prison de Melrose. « Chaque mort en cellule mérite une enquête judiciaire », affirme l’avocat, qui insiste sur l’importance d’une investigation approfondie pour en comprendre les circonstances exactes. Il s’interroge sur les conditions entourant ce décès : « Pe dir inn met pandi. Mwa mo pe met Question Mark.

Naseerudin Tengur, qui était âgé de 39 ans, purgeait une peine de 60 ans depuis le 29 janvier 2015 pour le meurtre de sa tante, Khairoonessa Tengur, commis le 21 décembre 2008 à Vallée-des-Prêtres. Il avait également écopé d’une peine de 40 ans de prison pour l’assassinat de Marie-Lourdes Collet, une travailleuse du sexe tuée à Balaclava la même année.

L’histoire de Naseerudin Tengur avait été relatée dans l’émission « Entre les murs des prisons les plus dures du monde », où il expliquait les circonstances des deux crimes. Il y avait notamment évoqué une soirée entre amis, mêlant alcool et stupéfiants, qui aurait dégénéré en meurtre.

Selon les premiers éléments de l’enquête, il se serait pendu avec son drap, attaché à une grille métallique proche de sa cellule. Une enquête est en cours au poste de police de Montagne-Blanche afin de faire toute la lumière sur ce décès en détention. Pour Rama Valayden, les autorités pénitentiaires étaient responsables de la sécurité du détenu. 

Par rapport aux violences présumées ayant éclaté à la prison de Melrose, il demande que la National Human Rights Commission auditionne les détenus concernés en l’absence des gardiens. Cela permettra, dit-il, d’obtenir une version indépendante et impartiale sur les incidents. 

 

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