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Alexandre Sanchini : «Une guerre des monnaies pourrait désormais s’ajouter à la guerre commerciale»

Questions à Alexandre Sanchini, CEO de Blue Ship Capital 

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Après l’annonce du président Donald Trump concernant l’imposition de tarifs sur les importations, le dollar américain a chuté par rapport à d’autres devises. Quelle sera la tendance pour le dollar dans les prochains jours et semaines ?
La volonté de faire baisser le dollar fait partie des objectifs de Donald Trump depuis longtemps. Il s’agit d’un des leviers utilisés pour renforcer la compétitivité des exportateurs américains et encourager la réindustrialisation du pays. Ces objectifs sont similaires à ceux poursuivis par la mise en place de tarifs douaniers. Avec l’instauration de droits de douane généralisés, Trump a jeté une ombre d’incertitude sur les marchés et sur les perspectives économiques, tant pour les partenaires des États-Unis que pour son propre pays. La dévaluation du dollar qui en résulte constitue un pari  risqué : toute perte de confiance dans la devise pourrait entraîner des ventes massives de bons du Trésor américains — valeur refuge par excellence — et faire grimper le coût de la dette, déclenchant une spirale difficile à contrôler.

Il est pratiquement impossible de prédire l’évolution du dollar à court terme. En revanche, une chose est sûre : les marchés seront très volatils. La volonté américaine de faire baisser le dollar est bien réelle et une guerre des monnaies pourrait désormais s’ajouter à la guerre commerciale. La Chine a d’ailleurs déjà réagi en affaiblissant sa propre devise.

Quelles pourraient être les conséquences de cette évolution monétaire sur l’économie mauricienne ?
Le dollar s’échange autour de Rs 45, un niveau relativement stable pendant les 12 derniers mois. En cas de baisse marquée du dollar, l’effet serait clair : les exportations mauriciennes seraient pénalisées, car leurs prix augmenteraient en comparaison avec des produits américains fabriqués localement, devenant ainsi moins compétitifs. À cette situation s’ajoutent les 40 % de tarifs douaniers décrétés par les États-Unis, ce qui rendrait les exportations vers ce pays particulièrement difficiles.

Quelles mesures Maurice pourrait-elle adopter pour atténuer les effets négatifs potentiels de cette situation ?
Les États-Unis représentent environ 10 % des exportations mauriciennes, principalement dans les secteurs du textile, des singes de laboratoire et du poisson. Ces filières risquent d’être pénalisées. De plus, Maurice, qui impose peu ou pas de droits de douane sur les importations américaines, dispose de peu de marge de manœuvre en matière de négociation. Sur le plan monétaire, la Banque de Maurice contrôle la roupie et ne la laissera probablement pas s’apprécier de manière significative, car cela nuirait à la compétitivité des exportateurs. Il est donc peu probable que la roupie se renforce sensiblement dans les mois ou les années à venir.

 

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