Il va étonner tout le monde. Me Ajay Daby estime qu’on pourrait s’acheminer vers un scrutin sans majorité. Dans ce cas-là, le Président donne 10 jours pour que l’un des partis « commands a majority ». Sinon, il a le pouvoir de dissoudre, sous les sections 57 et 60 de la Constitution, les élections et d’en proclamer de nouvelles.
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Une lutte à trois pour le scrutin du 7 septembre, cela vous dit quoi ?
Ma réponse est simple : elle découle du fait que Paul Bérenger a brûlé toutes ses cartouches d’alliances. Cela donnerait peut-être la force de ces trois blocs. Mais si on ajoute à cela le taux d’indécis, qui dépassent les 50 %, ces chiffres ne voudraient finalement rien dire.
Dans l’éventualité qu’il n’y ait pas de majorité, même simple, que se passerait-il ?
Il est fort probable qu’on aille vers un scrutin sans majorité et ce serait bien.
Pourquoi ?
Les Section 57 et 60 de notre Constitution prévoit une redistribution par le président de la République, dans le cas qu’il n’y ait pas d’alliance qui puisse former une majorité, 10 jours après la proclamation des résultats. Les deux sections prévoient un 2e tour.
Il dissout et rappelle le pays aux urnes d’un trait de plume, selon notre Constitution ?
C’est un amalgame des clauses 57 et 60 qui résulte à cela ; je n’ai rien inventé. C’est-à-dire que les candidats devront aller davantage quémander des votes, surtout des indécis, qui sont des gens tranchés dans leur tête sur des thèmes fixes et pas faciles à convaincre.
Est-ce possible qu’un tel scénario se répète ? Pas de majorité une deuxième fois ?
Le parti qui aura fait le moindre score au premier tour risque d’y laisser des plumes au 2e tour. C’est pour cela que je dis qu’après le scrutin du 7 septembre, autant la campagne aura été courte, autant le processus post-électoral sera très long. En passant, le MSM a eu un bon slogan, en revanche, le MMM n’a plus de combinaisons. Ce qui devrait être une fatalité peut devenir un avantage pour ce parti et annonce un beau spectacle post-électoral.
Le parti qui aura fait le moindre score au premier tour risque d’y laisser des plumes au 2e tour»
Le MMM pourrait-il être le joker dans ce jeu à trois ?
Attention, le résultat du MMM pourrait être insignificant. Ce scrutin à trois sans majorité, il fallait le prévoir.
L’Alliance Morisien fait des promesses, l’Alliance Nationale fait les siennes. C’est de la surenchère et cela s’apparente à un « bribe » électoral même pas déguisé…
It’s too much too late. Dans ce contexte-là, c’est Pravind Jugnauth qui a l’avantage. Il a fait du en veux-tu, en voilà, il a fait des offrandes. En revanche, à faire de grosses promesses au-delà de ce qu’offre son adversaire, l’opposition prend des risques. Il faut que l’opposition se démarque entre son manifeste électoral, les offres et les prévisions. La stratégie de Pravind Jugnauth est si payante que l’opposition n’a pu l’arrêter.
Où trouver l’argent pour honorer ces promesses ?
Les deux leaders disent qu’ils le trouveront bien. Tout le monde sait que, quand il va falloir rendre des comptes, comme au Committee of Supplies, ce sera une bataille de surenchère de qui dit mieux.
On aura remarqué qu’il n’existe des « campaign managers » que dans les bureaux et qu’ils sont remplacés par les réseaux. Est-ce une façon d’influencer les électeurs et de fausser finalement le vrai vote des urnes ?
La communication politique est devenue électronique, car le porte-à-porte est de la vieille garde.
Est-ce légal, tout ceci ?
Des elections by ambushes devraient être illégaux, car effectivement, cela pourrait influencer le vote. Peut-on régler la démocratie en poussant un bouton ? Car ce qu’on voit du dehors, c’est que les congrès et autres événements ne sont que des façades.
Le ‘bank leakage’ pourrait venir de l’Icta, de la BoM, du DPP, du CCID et même du ‘clerk’ du juge.»
Le numérique a-t-il autant de puissance ?
Le numérique peut falsifier les données des résultats des urnes.
Un rapide coup d’œil sur la qualité des candidats sans les nommer ?
Notre système prévoit deux types de représentativité. D’abord, un conseil de village et une municipalité, qui sont des exécutants du gouvernement en place. Ensuite, un conseil législatif, devenu Assemblée nationale.
Quand on choisit les personnes pour siéger sur ces deux caucus, il faut les choisir en fonction de leur formation professionnelle. Pas parce qu’ils faisaient partie du inner circle ou avaient fait d’autres petits jobs.
Risque-t-on d’avoir un Parlement avec des parlementaires de moindre envergure ?
La performance des uns et des autres va nous donner une indication du misfit. Car sur les différentes listes, il y a des courtiers.
Un retour dans l’arène ne vous tente-t-il pas sérieusement ?
On m’a approché des deux côtés, j’ai refusé. Mon refus de me porter candidat peut être considéré comme une révolte. On ne peut évoluer dans ce jeu-là. J’ai vécu le renouveau politique et quand je vois qu’on pousse des politiciens dans des embûches, cela m’attriste.
Il y a quand même quelques têtes pensantes qui proviennent d’institutions gouvernementales…
Je constate avec effroi que ce sont nos institutions dites indépendantes qui sont en train de former de futurs candidats. Avec cet élan qui gagne du terrain, si on n’arrête pas ce phénomène, ce ne sera pas étonnant que des juges d’aujourd’hui deviennent politiciens, avec la certitude d’être ministres. Tout cela pour dire qu’il faut remettre en question l’intégrité de ces institutions.
Venons-en à ce « bank leakage » du compte de Navin Ramgoolam. En tant que légiste, votre regard ?
On a toujours mis en avant l’idée que c’est dans l’intérêt public qu’on divulgé ces informations. Cet incident a provoqué un tollé au sein de la classe politique, qui se refuse d’entrer dans ce jeu-là lors du processus électoral. Le leakage pourrait venir de l’Icta, de la BoM, du DPP, du CCID ou même du clerk du juge.
Les clips s’en donnent à cœur joie…
Un clip est une illustration d’un message clandestin. Comment pourra-t-il toucher de plein fouet physiquement la personne visée ?
Il y a des clips qui sont vérifiables…
Cela indique que ceux qui l’ont fabriqué sont des gens de la cuisine de la personne. Cela soulève un débat. Si le politicien veut éviter que sa vie privée soit étalée sur la place publique, le seul moyen est de se rendre accessible au public et d’être soi-même. Pour moi, Navin Ramgoolam est le bis de sir Gaëtan Duval, il n’a rien à cacher. Il a une profonde envie de vivre la vie à bras le corps. Mais le votant moyen ne comprend pas cela.
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