Fait inhabituel, le lundi 2 mars 2020, en cour d’assises, dans le cadre du nouveau procès intenté à Rudolf Derek Jean Jacques, alias Gro Derek, et Wesley Bruno Casimir. Me Denis Mootoo, assistant du Directeur des poursuites publiques, a révoqué l’immunité accordée au témoin principal de la poursuite Ashish Dayal. Cela, après que ce dernier ait plaidé l’oubli lors des multiples questions de la poursuite. Ashish Dayal pourra éventuellement faire face à des poursuites dans le cadre de cette affaire.
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«Mo pe inform ou ki ou finn kass konditions immunité ek ou immunité finn cancel. Aster kapav poursuiv ou dan sa case là… », a déclaré Me Denis Mootoo, assistant du Directeur des poursuites publiques (DPP) à l’adresse d’Ashish Dayal, le lundi 2 mars 2020, en cour d’assises. Cela, après avoir confronté le témoin-clé de la poursuite à sa déposition datant du 11 juillet 2015. Déposition qui fait état des conditions qu’il devait respecter après avoir obtenu l’immunité du DPP.
À l’appel de l’affaire dans la matinée devant la juge Shameen Hamuth-Laulloo, Me Denis Mootoo a déclaré que la décision de l’accusation était de poursuivre avec l’interrogatoire d’Ashish Dayal. Suite à la rétractation de ce dernier le 27 février 2020, la poursuite était amenée à faire part de sa décision. Cependant, Ashish Dayal a plaidé une nouvelle fois l’oubli.
« Mo pa rappel. Mo pena narien pu dir la cour », a affirmé cet ex-chauffeur de taxi aux multiples questions de la poursuite.
« Mo pa rappel »
Dans un premier temps, la poursuite avait formulé une motion pour que le témoin soit déclaré « hostile ». Toutefois, peu après, Me Denis Mootoo a préféré retirer la motion et a poursuivi avec l’interrogatoire du témoin-clé de la poursuite. Et là aussi, Ashish Dayal a plaidé l’oubli. Le témoin identifie bel et bien sa signature sur les dépositions qu’il avait données en juillet 2012 au bureau de la brigade antidrogue de Plaine-Verte. Toutefois, il dit ne pas se souvenir s’il a déjà été à ce bureau ou s’il avait donné quelconque déposition.
« Mo pas rappel mo ti ziss signé », dit-il. D’autre part, Ashish Dayal dit ne pas se rappeler ce qui s’est passé le 12 juillet 2012, ni s’il avait fait des allégations à l’égard de Gro Derek.
Suite à la révocation de l’immunité d’Ashish Dayal, Mes Deepak Rutnah et Alvin Juwaheer, représentant Gro Derek et Wesley Casimir respectivement, ont souligné qu’ils n’ont pas de questions pour le témoin. Le procès se poursuivra le mercredi 4 mars 2020. Rappelons que Gro Derek et le skipper Bruno Wesley Casimir font face à un nouveau procès aux assises. Le procès a été repris à zéro suite au décès du juge Prithviraj Fekna. Ce dernier avait présidé le premier procès et avait mis son jugement en délibéré.
Gro Derek est accusé d’avoir livré, à deux reprises, environ six kilos d’héroïne à Seewoosing Dayal, soit en janvier et juin 2012, à Baie-du-Tombeau. Il est également accusé d’avoir, en mai 2012, remis 45 000 euros à des intermédiaires locaux pour financer l’importation d’héroïne de l’Afrique. Bruno Wesley Casimir est, quant à lui, accusé d’avoir transporté des bouteilles de drogue au large d’Albion et de Baie-du-Tombeau en mars et avril 2012.
L’avocat Neil Pillay : «La poursuite a la discrétion d’accorder ou pas l’immunité…»
L’avocat Neil Pillay explique que la discrétion d’accorder l’immunité appartient à la poursuite. Et aussi de la révoquer en cas de non-respect des conditions attachées à cette immunité.
C’est quoi une immunité ?
Une immunité est un avantage dont bénéficient certains individus les protégeant de toute action judiciaire. C’est la poursuite qui détient la discrétion d’accorder, ou non, l’immunité à une personne.
Quels sont les facteurs pris en considération pour accorder une immunité ?
Pour qu’un individu obtienne l’immunité, il doit être un témoin-clé qui, de par son témoignage en faveur de la poursuite, peut démanteler un gros réseau. La personne passe ainsi un accord avec le bureau du Directeur des poursuites publiques. Et elle doit respecter cet accord.
Qu’est-ce qui se passe en cas de rétractation ?
En cas de rétractation, ou si la personne ne respecte pas les conditions énumérées dans l’accord, l’immunité est révoquée. Non seulement elle n’a plus d’immunité, mais elle peut également faire face à des poursuites. Cette fois aussi, c’est à la discrétion de la poursuite d’initier des poursuites, ou pas, contre la personne pour non-respect de l’accord. Il y a eu des cas dans le passé où un témoin a refusé de témoigner ou n’a pas coopéré. De ce fait, son immunité avait été annulée.
Ce que dit l’immunité accordée à Ashish Dayal
Me Denis Mootoo, assistant du DPP, a confronté, le lundi 2 mars 2020, Ashish Dayal, devant la cour d’assises, à une de ses dépositions datant du 11 juillet 2015. Déposition consignée au bureau de la brigade antidrogue de Plaine-Verte. Cette déposition fait état de l’accord entre Ashish Dayal et le DPP pour qu’il obtienne l’immunité. Pour cela, il avait déclaré qu’il témoignera en faveur de la poursuite dans le cadre du procès intenté à Rudolf Derek Jean Jacques, alias Gro Derek, et Wesley Bruno Casimir en cour d’assises et confirmerait les allégations qu’il avait faites lors de son arrestation en 2012. C’est suite à la lecture de cette déposition que Me Denis Mootoo a informé Ashish Dayal que son immunité est révoquée en raison de son refus de témoigner. L’oubli d’Ashish Dayal était imprévu d’autant plus qu’il avait déjà témoigné dans le premier procès présidé par le défunt juge Prithviraj Fekna. Lors de son témoignage datant du 31 mai 2016, il avait incriminé Gro Derek et Wesley Bruno Casimir. Il était aussi revenu sur sa participation dans ce réseau de trafic de drogue. Ashish Dayal avait également soutenu qu’il s’était rendu, à plusieurs reprises en 2012, à bord d’un bateau, au large de la côte de Baie-du-Tombeau pour récupérer de la drogue, en compagnie de Bruno Wesley Casimir.
Ashish Dayal poursuivi pour trafic de drogue devant la cour d’assises
Ashish Dayal est poursuivi dans une autre affaire devant la cour d’assises pour importation de deux kilos d’héroïne. Délit commis entre juillet et octobre 2016. Ashish Dayal est au banc des accusés aux côtés du policier Edgar Henry Joly de Goodlands ; de Louis Wenstley Jasmin, aussi connu comme Coco Jasmin, un plombier de Sainte-Croix ; et de Mohammad Jamil Motaleb, un habitant de Vacoas. Le procès sera appelé le 20 mars 2020, devant la cour d’assises. Ashish Dayal est accusé d’avoir organisé l’importation de la drogue avec la complicité du policier Joly.
Quant à Louis Wenstley Jasmin, il est poursuivi pour avoir facilité ladite transaction illicite avec la complicité du défunt policier Arvind Hurreechurn. Ce dernier est décédé au centre de détention de Moka dans la nuit du 29 au 30 octobre 2016, suivant son arrestation dans le cadre de cette affaire. Mohammad Jamil Motaleb est, lui, accusé d’entente délictueuse.
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