L’association Abaim célèbre ses 40 ans l’année prochaine. Le succès de Ti Marmit est pour 50 enfants de Résidence Barkly, âgés de 5 à 11 ans, l’histoire d’une vie. Des moments gravés à jamais dans la mémoire de ces enfants aujourd’hui devenus adultes et parents. Accompagnés par l’association Abaim durant leur enfance et adolescence, ces enfants de Ti Marmit portent en eux des souvenirs de ces années passées au sein de l’association. Que sont-ils devenus?
Esthel Eléonore : « J’ai rencontré mon mari à travers Abaim »
Esthel Eléonore s’est mariée à son amour d’enfance qu’elle a rencontré grâce à l’association Abaim. Aujourd’hui âgée de 30 ans, elle dirige une crèche. Elle est également travailleuse sociale chez Terre de Paix. Dans le passé, elle a été présidente d’Abaim et aujourd’hui, elle occupe le poste d’assistante-secrétaire. Pour cet ancien Ti Marmit, il est difficile de s’imaginer vivre loin d’Abaim. « Je ne pense pas un jour quitter Abaim. Cette association qui nous a forgés est ancrée en nous à jamais. Lorsque j'ai rejoint Abaim, je n’avais que 8 ans et j’avais du mal à m’exprimer et extérioriser mes sentiments. Puis, au fil du temps, j’ai gagné en confiance », explique Esthel Eléonore.
Cette dernière se remémore sa première scène avec Abaim. Durant son solo, toutes les lumières étaient braquées sur elle : « J’ai gardé les yeux fermés tout le long tellement j’avais peur. Avec le temps, j’ai gagné en assurance et je me suis sentie valorisée ». Bien plus tard, elle est remontée sur scène avec son mari et sa fille dans la comédie musicale « Tizan ar so 8 frer ».
Kelly Gurbhoo : « À l’âge de 6 ans, nous étions déjà des artistes »
Elle a passé 14 ans de sa vie au sein d’Abaim, soit toute son enfance et son adolescence. Âgée de 29 ans, Kelly Gurbhoo est manager dans un restaurant en France. Issue de Résidence Barkly où elle a grandi, elle a intégré Abaim du haut de ses 4 ans. Elle avait seulement 7 ans lorsqu’elle s’est retrouvée en studio pour la première fois. Depuis, Kelly confie s’être épanouie. « J’ai développé une relation avec le public au travers des performances artistiques. À l’âge de 6 ans, nous étions déjà des artistes. Aujourd’hui, toutes ces qualités et valeurs me servent toujours au quotidien », précise Kelly Gurbhoo.
En 2014, en vacances à Maurice, elle a eu l’opportunité de mettre un de ses poèmes en chanson pour l’album séga typique d’Abaim. « Sans le savoir, cette expérience a réussi à nous protéger des fléaux qui détruisent la société. Aujourd’hui, j’encadre les adultes et c’est devenu instinctif chez moi ».
Abaim : au cœur de leurs vies
L’ONG Abaim a vu le jour en 1982. À partir de 1995, l’organisation a mis en place Saturday Care qui a offert l’occasion aux enfants de Barkly de s’exprimer à travers la parole, les histoires, les jeux la musique et la créativité. « Nous avions reçu un groupe d’enfants autrement capables venu des Seychelles et on a fait un concert avec eux. C’était un moment fort rempli d’émotions et à la demande du public, l’album 16 ti morso nou lenfans a vu le jour », explique Marousia Bouvery, la directrice du groupe Abaim. « L’enregistrement a été des plus intense avec 50 enfants à notre charge, mais le plus souvent c’est le naturel qui prenait le dessus, car nous ne voulions pas interférer dans leur univers. Nous sommes contents de voir où le projet les a amenés
grâce à l’apport de l’art et la culture ».
Madii Madii : « Grâce à cette association, j’ai développé ma voix et j’ai appris à chanter en groupe »
Il est devenu un chanteur connu, mais très peu de personnes savent que Madyson Jean, alias Madii Madii, est passé par l’école de vie d’Abaim. En effet, il a intégré Abaim alors qu’il avait seulement 6 ans où il a appris à jouer à de multiples instruments : ravanne, triangle, maravanne et autres percussions. « À cette époque, je ne chantais pas. Et j’observais seulement. J’étais trop timide et je faisais le plus souvent la seconde voix et ce n’est qu’en rentrant chez moi, que je me mettais à chanter », explique-t-il.
« Grâce à Abaim, j’ai eu la chance de voyager et j’ai aussi fait ma première tournée avec les Ti Marmit », ajoute Madii Madii. Ce dernier, guidé par Clarel Armelle qui l’encourage alors à chanter, décide de travailler comme musiciens dans les hôtels. Aujourd’hui, il le dit fièrement : sans Abaim, il n’aurait pas pu faire carrière dans la musique. « Grâce à cette association, j’ai développé ma voix et j’ai appris à chanter en groupe », conclut l’artiste.
David Antoinette : « Je me suis fait de nombreux amis avec qui je suis encore en contact »
Il travaille dans la section boucherie dans un supermarché et tient son propre business d’élevage d’animaux. David Antoinette, ancien Ti Marmit, a passé pratiquement sept ans au sein de l’association, soit une bonne partie de son enfance. Il vole dorénavant de ses propres ailes. « Lorsque nous avons fait des concerts et enregistré notre premier album, je me suis retrouvé au-devant de la scène comme soliste », dit David qui confie qu’il était un grand timide de nature.
« Au sein d’Abaim, j’ai appris à communiquer. Je me suis fait de nombreux amis avec qui je suis encore en contact. Tout cela m’a permis d’avancer. Lorsque Ti Marmit est devenu populaire, j’ai gagné en assurance », confie-t-il. Encore aujourd’hui, cet apprentissage artistique et culturel lui sert dans la vie. « J’ai lancé mon petit business et je commercialise de la viande. Grâce à cela j’ai développé le sens de la responsabilité, la rigueur et la discipline ».
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