Economie

Zone économique : énième résurrection pour JinFei ?

Les autorités ont élaboré un nouveau plan pour le développement des 325 arpents alloués à JinFei, à Riche-Terre. Le ministère du Logement et des Terres, en collaboration avec Landscope Mauritius Ltd et le Board of Investment, a préparé un plan d’urbanisation pour cette zone qui attend d’être développée depuis 2008. Est-ce un nouveau mirage ou un projet concret et définitif cette fois ?

Publicité

34 000 emplois directs et 8 000 indirects,  des investissements de l’ordre de Rs 20 milliards, cinq ans de travaux  pour finalement accueillir 18 000 résidents chinois, une zone industrielle, un techno parc, des hôtels et facilités de loisirs, des écoles, des office blocks, des centres de santé, ou encore l’aménagement des Regional Headquarters pour les entreprises chinoises, entre autres. C’est ce qui avait été projeté à Riche-Terre en 2008. L’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen, avait donné un immense espoir à la population.  Mais presqu’une décennie après, la zone de Riche-Terre attend toujours un projet concret et définitif.

L’ancien Premier ministre avait annoncé que cette zone économique sera aussi ouverte aux entreprises mauriciennes, surtout les PME. 

La Mauritius Tianli Economic and Trade Cooperation Zone Co. Ltd, bénéficiaire de 500 arpents à Riche-Terre en 2008, a fait long feu. En 2009, elle est remplacée par la Mauritius JinFei Economic Trade and Cooperation Zone Co Ltd. Le projet JinFei, plus ou moins similaire à celui de Tian Li,  était annoncé comme un partenariat entre le gouvernement de Maurice et celui de la province chinoise de Shanxi. JinFei a également annoncé ses plans, dont des appartements de haut standing et des salles de mariage, mais le projet a toujours piétiné.

En 2013, le groupe chinois Cin-Gin avait déclaré un intérêt pour développer une partie des terres de la zone économique de JinFei. Le groupe comptait investir Rs 13,5 milliards dans un projet à usage mixte, qui comprend la construction des bureaux, un centre d’exposition, des villas, deux hôtels 5-étoiles et un parc national de la culture. Le groupe Cin-Gin, enregistré à Hong Kong, est domicilié à Beijing.  Le projet se fait attendre.

En 2014, l’ancien Premier ministre avait annoncé, lors du dîner annuel de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI), que cette zone économique sera aussi ouverte aux entreprises mauriciennes, surtout les Petites et moyennes entreprises (PME). Pour la MCCI, c’était une bonne nouvelle pour les exportateurs.

Chasseurs de cabris

Les responsables de JinFei rapportaient tous leurs problèmes au BoI. La plainte la plus régulière était le passage des cabris errants sur leurs terrains. À chaque plainte, des officiers se mobilisaient, en compagnie de la police, pour … chasser les cabris de la zone!

 La semaine dernière, c’est au tour du conseil des ministres d’annoncer que les petits entrepreneurs auront finalement accès à la nouvelle configuration des terres de JinFei, où il est prévu d’aménager des zones spécifiques pour les logistiques, le manufacturier, les loisirs ou encore l’ingénierie légère. Une nouvelle route sera également construite pour faciliter l’accès. Le projet sera piloté par le ministère du Logement et des Terres, avec la collaboration du Board of Investment (BoI) et Landscope Mauritius Ltd.

Tianli et JinFei

La Mauritius Tianli Economic and Trade Cooperation Zone Co. Ltd, incorporée le 19 mars 2007, est déjà annulée auprès du Registrar of Companies. Cette société avait comme seul actionnaire Shanxi Tianli Enterprise Co Ltd, une entreprise chinoise. La Mauritius JinFei Economic Trade and Cooperation Zone Co. Ltd a, elle, été incorporée le 13 août 2009, avec comme seul actionnaire Shanxi JinFei Investment Co Ltd.

Arvind Nilmadhub : «Que JinFei donne l’occasion aux PME des services»

Arvind Nilmadhub, économiste, nous dit que l’avenir se trouve dans le secteur des services et qu’il faut davantage de petites entreprises dans ce secteur jusqu’ici dominé par les grandes boîtes.  « Est-ce que le gouvernement a repris ces terres ou est-ce qu’il va tout simplement les louer auprès de JinFei ? L’intention du gouvernement d’allouer une partie de ces terres aux Petites et moyennes entreprises est fort louable, mais avec l’instabilité politique actuelle et le post-BAI, les investisseurs étrangers et même locaux demeurent toujours sceptiques. Le gouvernement essaye tant bien que mal de capitaliser sur le ‘feel good factor’ du nouveau Premier ministre et le ‘Business Confidence Index’ de la MCCI, mais le projet envisagé sur les terres de JinFei prendra du temps. En attendant, il faut voir la réalité en face. Je m’explique.  L’effet de la chute du BAI n’est pas encore terminé, et la situation politique aura également un impact sur l’investissement. Les entrepreneurs locaux attendent avec impatience le démarrage des projets du gouvernement. Maintenant, si nous analysons le MCCI Business Confidence Index, il y a une hausse de l’indice, mais il faut savoir que les PME ne sont pas tous membres de la MCCI, donc l’indice ne reflète pas toute la réalité. Les PME sont le moteur de la croissance et il faut absolument qu’elles deviennent plus actives dans le secteur des services. La réutilisation des terres de JinFei à d’autres fins est une occasion en or pour dénicher des nouvelles opportunités pour nos PME dans le secteur des services, surtout dans les nouvelles technologies, afin que nos jeunes émergent comme des entrepreneurs innovants. »


Anecdotes

À l’époque, le BoI était étroitement lié au développement de la zone JinFei. Or, les ressortissants chinois qui occupaient la zone se sont plaints des squatters sur les terres. Les altercations devenaient même violentes et nécessitaient l’intervention de la police. Les Chinois se disaient être victimes de vols ou d’actes de vandalisme sur le site.  Un officier responsable du dossier est allé s'enquérir sur place.

En rencontrant les voisins de la zone, il s’est avéré que ces gens-là voulaient tout simplement avoir suffisamment de place pour leurs bêtes (cabris principalement), mais le mur d’enceinte en construction dans la zone les pénalisait. L’officier organisa une rencontre entre les résidents limitrophes et les responsables chinois, en présence de la police. Les habitants proposèrent aux Chinois de laisser un ‘buffer zone’ entre leurs maisons et le mur d’enceinte.

Ces derniers étaient un peu réticents au départ à céder. Après médiation des officiers, les Chinois agréèrent à la demande, à la grande joie des habitants.  Depuis, pas de tension entre les deux parties.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !