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«You’re not alone» : la résilience inspirante de Sheryl Smith

En raison de la maladie, son quotidien rime avec imprévisibilité. En raison de la maladie, son quotidien rime avec imprévisibilité.

En partageant son combat sans filtre, Sheryl Smith brise les tabous, sensibilise et encourage les femmes à mieux comprendre leur corps et à ne plus souffrir en silence.

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« Je refuse catégoriquement que la maladie envahisse et définisse ma vie »

Contre toute attente, son expérience personnelle est devenue un combat collectif. Alors qu’elle pensait être « one in a million » à vivre avec l’endométriose, Sheryl Smith avoue avoir été « saisie d’un choc » devant les nombreux commentaires de femmes à ses publications sur les réseaux sociaux. À aucun moment, souligne-t-elle, elle n’avait soupçonné l’impact considérable que son témoignage public pourrait avoir sur d’autres vies.

Et dire qu’au début, elle était plutôt réticente à « exposer les moments difficiles » sur ses réseaux sociaux. « Je souhaitais créer un espace léger et empreint de positivité, car notre monde en manque. » Convaincue par ses proches, elle a surtout compris que « sharing is caring ». Et que, pour véritablement contribuer au bien-être collectif, il était nécessaire de « come clean » et d’aborder ouvertement ses « luttes » tout en transmettant un message d’espoir : « You’re gonna be okay. »

C’est cette résilience qui l’anime depuis qu’elle a été diagnostiquée à l’âge de 22 ans. « Je refuse catégoriquement que la maladie et mes fluctuations psychologiques envahissent et définissent ma vie », insiste-t-elle. Sheryl Smith présente sans filtre, à travers ses diverses publications vidéo, les hauts et les bas de son quotidien, toujours avec un enthousiasme communicatif et la ferme intention d’insuffler de l’énergie positive à ceux qui la suivent. « Malgré la maladie, ma vie ressemble à celle de tout le monde, ponctuée de quelques ‘plot twists’ occasionnels, comme dans un bon ‘fim si-zer trant’ », partage-t-elle avec humour.

Le parcours de Sheryl Smith face à l’endométriose a commencé dans l’incompréhension. Évanouissements récurrents, pâleur extrême, troubles digestifs multiples incluant diarrhée, vomissements et douleurs abdominales intenses… « Je me trouvais dans l’incapacité de comprendre ce qui m’arrivait et, malgré de multiples consultations médicales, les différents symptômes persistaient obstinément malgré les traitements prescrits », se remémore-t-elle.

Pardoxalement, son cheminement a été quelque peu facilité par une forme de préparation indirecte. Sa belle-mère, elle-même touchée par cette pathologie des années auparavant – mais sans la possibilité de bénéficier des approches thérapeutiques « modernes » disponibles aujourd’hui –, avait déjà identifié les symptômes caractéristiques chez elle, avant même que le diagnostic officiel ne soit posé.

« J’ai bénéficié d’une réelle chance en étant diagnostiquée dès l’âge de 22 ans. Je me suis sentie soulagée, car grâce au témoignage et à l’expérience de ma belle-mère, j’avais conscience du pire scénario possible. En ce sens, cette nouvelle est arrivée au ‘bon moment’ dans ma vie », reconnaît Sheryl avec lucidité.

Bien sûr, l’annonce n’a pas été facile à accepter, confie-t-elle. Cependant, son gynécologue lui a clairement expliqué qu’il était possible de prévenir les complications les plus redoutables : les lésions organiques et les interventions chirurgicales à répétition. En effet, l’endométriose provoque des lésions lorsque les organes adhèrent entre eux à l’intérieur du corps, nécessitant généralement plusieurs interventions chirurgicales, détaille Sheryl.

Cette perspective chirurgicale lui paraissant inacceptable, elle a choisi de suivre un traitement sous forme de comprimés quotidiens visant à supprimer ses cycles menstruels et ainsi éviter la formation de lésions. « J’ai été diagnostiquée suffisamment jeune pour que les médecins puissent préserver mes organes reproducteurs et me laisser, au minimum, la possibilité d’envisager une maternité future », souligne-t-elle avec reconnaissance. Consciente que de nombreuses femmes souffrant de dysménorrhées invalidantes perdent toute capacité à fonctionner normalement, elle explique que son gynécologue a choisi de la placer en ménopause artificielle temporaire afin de lui offrir cette possibilité.

Cette approche contraste nettement avec les traitements antérieurs qui reposaient sur des injections aussi coûteuses qu’invasives. Elle précise que cette forme médicamenteuse est non seulement plus pratique à administrer mais également moins agressive que les injections, lesquelles pouvaient provoquer une alopécie, des modifications vocales et d’importantes transformations corporelles.
Un quotidien imprévisible

Toutefois, Sheryl est consciente que son traitement actuel ne fait pas l’unanimité parmi les femmes concernées. « Ce traitement est indéniablement ‘hardcore’, inutile de se mentir à ce sujet, mais il représente un choix personnel. Je préfère traverser des phases de pleurs, des périodes de déprime passagères et supporter les 10 kilos supplémentaires plutôt que de subir des opérations chirurgicales tous les six mois pour traiter des lésions organiques », affirme-t-elle.

Elle ne minimise pas non plus les difficultés inhérentes à son traitement hormonal actuel. Elle reconnaît sans détour que ce traitement bouleverse profondément l’identité féminine. « J’ai observé des transformations tant psychologiques que physiques », confie-t-elle.

Depuis la fin de l’année 2024, elle a constaté une complexification de sa situation, sa résistance mentale n’égalant plus celle qu’elle possédait auparavant. Cette réalité s’avère particulièrement difficile à accepter pour cette femme habituellement rayonnante de bonne humeur et naturellement bienveillante envers elle-même.

Sheryl s’identifiait auparavant à « Wonder Woman ». « Rien ne parvient à m’arrêter, je reste capable de tout accomplir, même au plus fort de la souffrance. » Néanmoins, face au passage du temps et confrontée à l’instabilité hormonale qui caractérise sa condition, sa santé mentale représente désormais sa plus grande vulnérabilité, admet-elle. « Je ‘manz ar li’, mais certains jours s’avèrent nettement plus éprouvants que d’autres. »

En raison de la maladie, son quotidien rime avec imprévisibilité. Le défi majeur de Sheryl, souvent invisible aux yeux de son entourage, réside dans la difficulté à se comprendre elle-même. « Sous l’effet des traitements, mon corps, mes pensées et mes émotions sont devenus profondément imprévisibles. »

Elle évoque des phases de fatigue intense survenant parfois sans explication apparente. « Je peux passer une journée entière dans une activité physique intense – déplacer des meubles, pratiquer du sport, multiplier les déplacements –, débordante d’énergie et parfaitement fonctionnelle, pour me retrouver le lendemain dans un état d’épuisement total, au point de peiner à me mouvoir », décrit-elle.

Cette réalité constitue un apprentissage permanent pour Sheryl, qui doit composer avec l’impossibilité d’anticiper son état quotidien. Son corps manifeste également des réactions inattendues et déconcertantes. Elle évoque, par exemple, une intolérance aux œufs apparue soudainement quelques semaines auparavant, alors qu’elle en avait toujours consommé sans difficulté. Ces intolérances alimentaires temporaires touchent régulièrement des aliments qui faisaient partie de son régime habituel.

Paradoxalement, même ses tentatives d’adoption d’une alimentation plus saine se heurtent parfois à des rejets complets de certains aliments, y compris d’une simple salade. « Cette imprévisibilité constitue un véritable défi au quotidien. » Elle avoue ressentir une certaine frustration face à cette situation.

Face à la douleur et aux difficultés, elle s’efforce consciemment de privilégier et de transmettre la joie de vivre. « Je suis convaincue que partager un peu de joie ne coûte rien. S’apitoyer sur son sort serait certainement plus facile, mais je préfère garder ce combat pour ma sphère intime. » Elle s’attache ainsi à saisir chaque occasion de partager des moments heureux et de créer des souvenirs précieux. « J’aurai tout le temps de me morfondre lorsque je serai devenue vieille et aigrie », lance-t-elle avec cette pointe d’humour qui la caractérise.

Together #endowarriors

S’exprimer ouvertement sur son vécu quotidien a considérablement aidé Sheryl à faire face à la maladie, d’autant plus qu’elle se sent désormais entourée et comprise. Le simple fait d’avoir verbalisé et partagé son état de santé lui a permis de se sentir « davantage en phase avec une forme de normalité ».

Elle dit avoir beaucoup appris de ses échanges avec d’autres femmes sur les réseaux sociaux. « J’admire profondément l’état d’esprit des femmes qui me suivent. Leur force me donne énormément d’espoir pour l’avenir. »

Son témoignage a permis à de nombreuses femmes de sortir de l’isolement et de l’invisibilité, alors qu’elle-même avait initialement choisi de se mettre en retrait, une stratégie qu’elle considère aujourd’hui comme contre-productive dans les « moments noirs ». « Lorsqu’on traverse une période difficile, s’isoler n’est généralement pas la meilleure solution », partage-t-elle avec conviction.
Sheryl adresse un message clair et direct aux femmes qui hésitent encore à consulter ou à parler ouvertement de leur situation : plus tôt tu identifieras ce qui se passe dans ton corps, plus nombreuses seront tes options thérapeutiques.

Elle observe d’ailleurs avec satisfaction que de nombreuses jeunes femmes ont pris l’initiative de consulter un gynécologue à la suite de son témoignage. Pour elle, c’est un progrès significatif. « Chaque femme qui parvient à surmonter ses appréhensions pour consulter un gynécologue représente une victoire à mes yeux. »

Elle milite activement pour une reconnaissance accrue de l’endométriose dans la société. « Ma priorité serait de trouver des moyens efficaces pour que les jeunes filles et jeunes femmes se libèrent de leur crainte vis-à-vis des consultations gynécologiques. » Elle estime que si des examens préventifs étaient systématiquement proposés dès le collège, elle aurait pu être diagnostiquée dès ses 16 ans, s’épargnant ainsi plusieurs années de souffrance inutile.

« Je me souviens m’être évanouie de douleur en pleine classe, puis à l’université, tandis que des personnes ignorantes me répétaient : ‘C’est normal, ‘fam bizin soufer kan gagn period’ », rappelle-t-elle, dénonçant ce stéréotype profondément ancré dans les mentalités. Sheryl précise néanmoins que des menstruations douloureuses ne signifient pas automatiquement la présence d’une endométriose.

Au-delà de la simple « révélation » de son état de santé et de sa volonté de démontrer sa résilience face à l’adversité, Sheryl souhaite avant tout transmettre un message fondamental de solidarité : « You’re not alone. » « Grâce à mon témoignage public, je ressens moi-même moins d’isolement, et je sais que de nombreuses femmes s’approprient mes mots pour exprimer leur propre réalité », confie-t-elle avec émotion. Elle cite notamment l’exemple touchant d’une femme qui lui a révélé que, grâce à ses vidéos explicatives, son mari avait enfin compris la nature et la gravité de sa maladie.

Sa plus grande victoire contre l’endométriose jusqu’à présent réside dans sa capacité à aider d’autres femmes à mieux comprendre leur propre corps et, elle l’espère sincèrement, à développer davantage de bienveillance envers elles-mêmes. « We’re in this together #endowarriors », proclame la jeune femme.

Sa victoire personnelle

Sur le plan personnel, la victoire quotidienne de Sheryl Smith consiste à préserver son sourire et sa joie de vivre. « Chaque journée où je parviens à rire, à travailler, simplement à quitter mon lit représente une victoire en soi », dit-elle avec humilité.

Elle souligne avec lucidité que son corps mène un combat permanent contre cette maladie chronique. « Il est constamment soumis à un traitement hormonal intensif, incapable de prévoir quels aliments il pourra assimiler d’un jour à l’autre, et pourtant, il continue d’avancer et de me procurer des moments de joie authentiques, ce dont je lui suis profondément reconnaissante », exprime-t-elle avec gratitude.

Le soutien inestimable de son époux : un pilier dans l’adversité

Sans le soutien indéfectible de son époux Vincent Duvergé, elle n’aurait peut-être pas trouvé la force d’affronter cette épreuve. « Il m’a littéralement tenu la main face à cette adversité, m’a comprise lorsque je ne parvenais plus à me comprendre moi-même, et continue de m’accepter pleinement alors que je lutte encore pour m’accepter », confie Sheryl Smith avec une émotion palpable.

Elle considère son époux comme « une véritable bénédiction » dans sa vie, particulièrement précieuse face au sentiment de solitude qui caractérisait initialement son combat. À l’époque où elle découvrait la réalité de l’endométriose, personne dans son entourage, hormis sa belle-mère, ne parvenait à établir un dialogue constructif sur ce sujet. Les autres membres de sa famille ne saisissaient ni la complexité des traitements qu’elle devait suivre, ni ses préoccupations légitimes concernant leur financement. « Ils n’avaient pas vraiment compris la nature de ma condition. C’est seulement lorsque j’ai commencé à publier des vidéos explicatives que ma propre mère a enfin saisi ce dont je souffrais. »

Face à cette incompréhension généralisée, la présence de son époux a été déterminante, précise-t-elle. « Ayant assisté au parcours difficile de sa propre mère face à cette même maladie, il a su m’apporter exactement le soutien dont j’avais cruellement besoin », conclut Sheryl avec une profonde gratitude, soulignant ainsi l’importance capitale d’un entourage compréhensif dans la gestion quotidienne de cette pathologie chronique.

 

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