50 ans independance

Vivekanand Ramburun, directeur des douanes : «Les trafiquants ne cessent d’évoluer depuis l’indépendance»

Alors que le pays célébrera le 50e anniversaire de son indépendance, nous avons sollicité le directeur des douanes pour qu’il fasse un survol de la situation à la Customs Department de la Mauritius Revenue Authority.

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Un an après la triple saisie de drogue totalisant 157 kilos, Vivekanand Ramburun fait le point. Le directeur des services douaniers estime que les trafiquants ne cessent d’évoluer depuis l’indépendance. Mais il affirme que la douane maintient le rythme. Celle-ci participera d’ailleurs pour la première fois à la parade du 12-Mars.

« Nous aurons bientôt une plateforme en Turquie et nous négocions avec l’Afghanistan. »

Quel constat faites-vous du plan de collaboration entre la Mauritius Revenue Authority (MRA), l’Independent Commission against Corruption (Icac), la Financial Intelligence Unit (FIU) et l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) ?
Nous travaillons en étroite collaboration. Avec l’Adsu, il y a des échanges réguliers d’informations. Avec la FIU, on dispose d’un protocole d’accord sur les échanges d’informations. Le facteur de l’argent est contrôlé par la FIU. Follow the cash and we will know who are bringing drugs.

La collaboration  entre la Customs Anti-Narcotics Section et l’Adsu existe depuis 2016. Cette collaboration fonctionne de manière exemplaire au niveau de la répression de la  contrebande de cigarettes. À l’avenir, nous disposerons de cellules pour détenir les accusés. L’Adsu et la douane sont complémentaires.

La douane s’est modernisée. Les trafiquants et les contrebandiers aussi. Sommes-nous au diapason dans ces combats ?
Les trafiquants évoluent constamment. Nous  sommes  nous aussi à la pointe de la technologie. La douane collabore beaucoup avec l’Organisation mondiale des douanes à Bruxelles. Nous faisons des analyses. Nous utilisons des drones et des scanners pour nous aider à retracer de la drogue. Nous travaillons de concert avec les entreprises locales. Les trafiquants ne cessent d’évoluer. Mais nous maintenons le rythme également. Nous faisons tout pour être à la hauteur et cela fonctionne.

Le pays célébrera le 50e anniversaire de son  accession à l’indépendance dans quelques jours. Parlez-nous de la contribution de la douane au développement du pays…
Pour la première fois, la douane participera aux célébrations officielles de la Fête nationale en prenant part à la parade traditionnelle au Champ de Mars. Nous avons mis sur pied un système pour faciliter les commerces et faire en sorte que les transactions au port soient effectuées plus rapidement. La verification des conteneurs se fait avant même leur arrivée au pays. Nous disposons de ce privilège.

À la douane, nous n’utilisons plus de papier. Nous sommes désormais Web-based. Cela nous aide même sur le plan économique, car il encourage l’import et l’export. Nous sommes en 2018 et nous avons atteint notre objectif de « zéro papier ». Les exportateurs n’ont plus à payer la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en s’enregistrant à un scheme.

Y a-t-il des mesures que vous souhaitez apporter pour faciliter et améliorer les conditions de travail à la douane ?
En vue d’encourager leur promotion, les petites et moyennes entreprises (PME) ne sont plus sujettes à la TVA. Les entrepreneurs peuvent aussi régler leurs factures douanières après sept mois. Il faut accorder du temps aux PME pour qu’elles écoulent leurs produits afin de pouvoir payer. De cette façon, nous aidons à faire progresser l’économie du pays.

Existe-t-il une réelle collaboration entre les services de douanes de la région ? Si oui, êtes-vous satisfait de son déroulement ?
À mon arrivée à la douane, on me critiquait sur les blogs au sujet des programmes d’échanges d’informations. Aujourd’hui, deux grosses saisies de drogue ont été effectuées en Afrique du Sud et la drogue était destinée à Maurice. Madagascar a dépêché un douanier ici et on échange des informations. Les Seychelles également collaborent tout comme la Tanzanie. La Réunion nous aide en termes de formation et d’informations. Nous avons beaucoup bénéficié de l’aide française grâce à l’île sœur.

Nous aurons bientôt une plateforme en Turquie et nous négocions avec l’Afghanistan. L’axe du trafic d’héroïne s’étale entre l’Afghanistan, le Pakistan l’Inde, le  Mozambique, le Kenya, la Tanzanie, les Comores et l’Afrique du Sud, entre autres. Tous les pays de cette région sont affectés par la drogue.

Je pense qu’il y a aussi un gros travail à faire sur le trafic de cocaïne. Nous avons des moyens pour nous attaquer à la drogue synthétique. Il faut cibler les produits de base et il faut que nous établissions un contrôle sur les produits. La douane réclame le pouvoir de contrôler les produits déjà dédouanés.

Quelle est votre réponse à la perception de corruption dans le milieu douanier ?
Nous sommes maintenant à l’ère électronique. Nous n’avons presque plus accès aux individus. Des gens viennent rencontrer les douaniers uniquement sur demande. Nous avons aussi une cellule chargée d’enquêter sur la corruption en interne. Tous les employés de la MRA déclarent leurs avoirs tous les trois ans et après chaque promotion.

Là où il y a risque de drogue, nous sommes toujours accompagnés de membres de l’Adsu. Le recrutement se fait après due diligence. Au moindre doute, je n’hésite pas à transférer un douanier. J’ai accès à toutes les transactions informatiques. Nous ne contrôlons que 5 % à l’entrée et nous disposons d’une Post Controlled Audit à 95 %.

La douane vérifie les comptes des gens. Les douaniers mènent le combat contre le blanchiment d’argent en analysant les comptes et les courriers, grâce à l’équipe Cash Courrier. Très bientôt, nous démarerrons des enquêtes sur le blanchiment, comme cela se fait à l’Icac.

Pensez-vous que la douane dispose de suffisamment de moyens pour atteindre ses objectifs dans les meilleures conditions ?
Oui. Nous obtenons ce qu’il faut dans chaque Budget. Nous disposons à ce jour d’environ Rs 100 millions. Nous ferons bientôt l’acquisition de trois bateaux additionnels, de chiens renifleurs, de drones et de six scanneurs. En 2021, nous compterons 24 chiens renifleurs. Nous construirons bientôt un bâtiment hi-tech à l’aéroport. Nous viendrons aussi avec une base de données des passagers. Ces informations nous seront très utiles. Nous effectuons beaucoup de saisies de drogue et notre service est celui qui fait le plus grand nombre de saisies dans la région.

Si vous aviez carte blanche au sein de la douane, quelle serait votre première démarche ?
Je regrouperais toutes les agences qui octroient les permis. Je ferais de la douane une One-Stop Shop. Malheureusement plusieurs agences font de la résistance. Si cela ne tenait qu’à moi, j’aurais placé la National Coast Guard sous la responsabilité de la douane, pour contrôler les frontières. Je mettrais sur pied un laboratoire scientifique. Je placerais les services d’immigration sous l’égide de la douane pour faciliter le contrôle de la région.

Quels sont les projets de la MRA dans le combat contre le blanchiment d’argent ?
En 2017, nous avons contrôlé Rs 1,21 milliard, y compris des devises. Rs 80 millions (en roupies et en devises) ont été saisies sur des passagers qui n’étaient pas en règle. C’était de l’argent non déclaré au fisc. Nous détenons des listes des passagers qui voyagent et nous interpellons ceux ciblés. Nous venons de lancer un programme qui permet aux voyageurs de fournir leurs détails à travers une application mobile et en ligne.

En ce qui concerne la traque des trafiquants, une dizaine de chiens renifleurs sont entraînés pour détecter l’odeur des billets de banque. Nous venons de recevoir quatre chiens d’Afrique du Sud. Les blanchisseurs d’argent utilisent souvent la soute. On dépiste l’argent en passant la soute au rayons-X. Des échanges d’informations sont régulièrement effectués avec plusieurs pays.

Votre point de vue sur la contribution du public à la lutte antidrogue et au combat contre le blanchiment ?
Des gens sont souvent au courant lorsque des personnes de leur entourage sont impliquées dans le trafic de drogue, mais ils restent insensibles lorsque leurs proches ne sont pas affectés. Informez les autorités. C’est votre devoir. Vous avez l’Adsu et nous, à la douane. Les douaniers peuvent même aller arracher le cannabis. Refilez-nous de telles informations. Il faut tout mettre en œuvre pour endiguer le problème de la drogue dans la société. Travaillons ensemble, main dans la main, pour combattre la drogue. Let’s go for it.

 

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