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Vishnu Lutchmeenaraidoo sur l’affaire BAI : «Mo ena tou prev Dawood Rawat inn fer enn Ponzi Scheme» 

Face à la presse vendredi, Vishnu Lutchmeenaraidoo a dit que sa prise de parole sur l’affaire BAI n’était motivée par aucune ambition politique.

Six ans après son retrait de la scène publique, Vishnu Lutchmeenaraidoo brise le silence. Face à la presse vendredi, l’ex-ministre des Finances a affirmé détenir des preuves que Dawood Rawat aurait orchestré un véritable Ponzi Scheme qui aurait mis en péril l’économie du pays. Écartant toute motivation politique, il revient sur l’effondrement de la BAI. 
 
Vishnu Lutchmeenaraidoo est sorti de son mutisme médiatique après six ans pour livrer sa version de l’écroulement du conglomérat BAI. Lors d’une conférence de presse le vendredi 18 avril 2025, à l’hôtel Voilà, à Bagatelle, l’ancien ministre des Finances et des Affaires étrangères a déclaré ceci : « Dawood Rawat inn fer enn Ponzi Scheme. Mo ena tou prev. » 

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Selon lui, il ne s’agit nullement d’une erreur de gestion ou d’un échec commercial. « Enn Ponzi Scheme pa enn aksidan parkour. Se pa enn biznes ki finn fer enn erer ouswa mal zere. Li enn proze ki enn dimounn, avek so volonte ek tou so konesans, met an plas spesifikman pou kokin lezot. Pena Ponzi Scheme aksidantel. Enn Ponzi Scheme se kan enn dimounn kone ki li pa pou zame kapav rann larzan ki linn pran. Enn plan pou piy bann investiser ek la popilasyon. E se sa ki finn arive », a-t-il avancé.

« Rien de politique »

Vishnu Lutchmeenaraidoo a tenu à préciser que sa démarche n’a rien de politique. « Mo finn kit politik pou enn rezon bien sinp. Mo ti dan enn faz spiritiel. Me ena bann sitiasion kot mo bizin pran la parol, an tan ki Morisien ek ansien manb gouvernnman », a-t-il souligné.

Pourquoi parler maintenant ? L’ancien ministre a affirmé avoir été attaqué personnellement par Dawood Rawat. « Monsieur Rawat finn retournn Moris ek finn kritik mwa, malgre ki nou ena bann ka dan lakour. Li finn atak mwa. Li zenan », a-t-il dit. Après avoir consulté ses avocats, il a obtenu l’assurance qu’il a le droit de répondre aux allégations, et ce, « sans rancune ». 

Vishnu Lutchmeenaraidoo soutient qu’il était au courant de la situation financière de la BAI dès 2009. Toutefois, selon lui, la véritable crise a éclaté lorsque la Banque centrale a révoqué la licence bancaire de la Bramer Banking Corporation Ltd (BBCL). Il s’est alors retrouvé face à ce qu’il qualifie de « plus grande crise sociale depuis l’indépendance ». 

Cette crise, a-t-il poursuivi, touchait environ 220 000 Mauriciens ; autant de personnes risquaient de perdre leurs économies et investissements. « Ce n’était pas évident pour un gouvernement de gérer une telle situation. C’était explosif. On était à deux jours de la fête de Pâques et on craignait une révolution, avec des personnes qui n’allaient pas pouvoir retirer leur argent », a-t-il expliqué. 

Il a rappelé que dans ce contexte, c’est lui, en tant que ministre des Finances de l’époque, qui s’est adressé à la nation à la télévision. Selon lui, il voulait rassurer les clients de la BBCL qu’ils pourraient retirer leur argent.

Une alerte dès 2010

Remontant aux origines de l’affaire, Vishnu Lutchmeenaraidoo a expliqué que dès 2010, alors qu’il était dans l’opposition avec Paul Bérenger, ce dernier lui avait demandé de travailleur sur le dossier BAI. À cette époque, une filiale du groupe, située à Trinidad-et-Tobago, avait fait une « faillite monumentale ». La situation y était si grave que la Banque centrale de ce pays avait dû injecter 13 milliards de dollars pour éviter l’effondrement de son économie.

Depuis cette alerte, il avait, selon ses dires, suivi de près ce qui se passait aux Caraïbes ainsi que la situation de la BAI à Maurice qui, en 2009 déjà, faisait face à  une « grave crise de liquidités et à une situation financière catastrophique ». Techniquement, selon lui, un conglomérat ne peut pas survivre dans une telle situation.

En 2012, la société Klad Investment Corporation, basée aux Bahamas et gérant les actifs de la BAI, avait déclaré dans son rapport annuel « un déficit de Rs 12 milliards entre les revenus et les dépenses, c’est-à-dire entre les actifs et le montant de la dette ». 

En 2015, à la suite d’une Private Notice Question de Paul Bérenger, Roshi Bhadain avait déposé sur la table de l’Assemblée nationale une présentation de PricewaterhouseCoopers (PwC). Cette firme avait révélé que les entreprises du groupe BAI ne généraient plus de revenus suffisants pour assurer leur survie. 

Chiffres révélés par l’ex-ministre 

  • 60 000 personnes détenaient un compte en banque à la BBCL. 
  • 138 500 personnes avaient souscrit aux polices d’assurance de la BAI.
  • 15 000 personnes avaient investi dans le plan Super Cash Back Gold.

Réclamation du patron de la défunte BAI à l’État - l’ancien ministre des Finances : « Li pa pou gagn ni Rs 1 milliard, ni Re 1 » 

À l’heure des questions de la presse, Vishnu Lutchmeenaraidoo a soutenu que Dawood Rawat n’a aucune chance de toucher les Rs 100 milliards qu’il réclame à l’État devant la Cour suprême. « Li pa pou gagn ni Rs 1 milliard, ni Re 1. » Il estime au contraire que c’est à l’ancien magnat de la BAI de rembourser l’État, après que ce dernier a dû puiser dans les fonds publics pour indemniser les clients du Super Cash Back Gold.

Super Cash Back Gold : L’ex-ministre parle d’une histoire de cupidité sans limites

Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a pas mâché ses mots. Il a affirmé que feu sir Anerood Jugnauth avait qualifié de « bêtes » ceux qui avaient souscrit au plan Super Cash Back Gold (SCBG), en pensant qu’une entreprise sur le point de faire banqueroute pouvait offrir 14 % de retour sur investissement, alors que les banques, elles, plafonnent à 3 %. « Tout cela relève d’une histoire de cupidité sans limites », a-t-il lancé.

Selon lui, le remboursement de ces investisseurs – qu’il appelle sans détour des « spéculateurs » du SCBG – a coûté Rs 19,2 milliards à l’État. « Cet argent que nous avons déboursé pour les indemniser provient des fonds publics. Il s’agit de Rs 19,2 milliards ; de l’argent public. Pour préserver la paix sociale, nous avons puisé dans les caisses de l’État et remboursé le maximum possible », a-t-il fait ressortir. 

Il a aussi dénoncé une campagne de désinformation qui aurait, selon lui, masqué les véritables enjeux de cette crise. « Il y a eu beaucoup de propagande et de mensonges autour de cette affaire. Ce jour-là, le gouvernement a hypothéqué le pays pour garantir à ces 220 000 Mauriciens qu’ils ne perdraient pas un sou. Nous avons remboursé l’argent investi dans le plan SCBG et nous l’avons fait pour la paix sociale. » 
L’ancien ministre a salué le rôle crucial de la Banque de Maurice, qui a permis aux clients de la BBCL d’accéder à leurs comptes via les distributeurs automatiques, dès 13 heures le lendemain de la révocation de la licence bancaire. Mais une question reste, selon lui, sans réponse : « Où sont passées les Rs 19,2 milliards que la BAI a perçues dans le cadre du plan SCBG ? » Et de conclure : « C’est nous qui avons dû gérer la crise laissée par Dawood Rawat. »

 

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