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Aadil Ameer Meea : «Maurice espère obtenir un accord de libre-échange avec les États-Unis»

Les opérateurs mauriciens avancent que certains clients américains ont déjà commencé à réduire les volumes de leurs commandes.

L’African Growth and Opportunity Act, qui permettait depuis 2000 à plusieurs pays africains, dont Maurice, d’exporter vers les États-Unis sans droits de douane, prendra fin le 30 septembre 2025. L’incertitude autour de son renouvellement met déjà sous pression plusieurs secteurs, en particulier le textile. Au niveau du gouvernement, on souhaite obtenir un accord de libre-échange afin de préserver l’accès préférentiel des exportateurs locaux au marché américain. 

Le ministre de l’Industrie, des PME et des Coopératives, Aadil Ameer Meea indique que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) expirera le 30 septembre, sauf décision contraire de Washington. « Le souhait de Maurice, de l’Union africaine, de la Southern African Development Community (SADC) et du Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA) est de renouveler l’AGOA », dit-il.  Selon lui, le Premier ministre Navin Ramgoolam se rendra aux États-Unis prochainement pour mener des discussions bilatérales. « Maurice espère obtenir un accord de libre-échange avec les États-Unis, afin de préserver l’accès préférentiel de ses exportateurs au marché américain », explique-t-il. 

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Mais l’éventualité d’une fin définitive de l’AGOA reste préoccupante. Le ministre rappelle que les exportateurs mauriciens bénéficient depuis 25 ans d’une exonération des droits de douane sur leurs produits destinés aux États-Unis. Sans ce régime préférentiel, des customs duties variant de 2 % à 35 % seront appliqués, selon les catégories de produits. « Il faut comprendre que ce ne sont pas uniquement les exportateurs mauriciens qui seront affectés, mais tous les pays concernés. Cette situation va créer un désordre dans les échanges internationaux », estime Aadil Ameer Meea. Pour illustrer l’ampleur du problème, il cite le cas de l’Inde, où certains produits se voient imposer des droits de douane de 50 % à l’entrée du marché américain, entraînant des fermetures d’usines.

D’autre part, avec l’échéance qui approche, l’inquiétude grandit parmi les opérateurs mauriciens. Nitish Rama, directeur de la société The Formula, entièrement tournée vers l’exportation, redoute l’impact de la fin de l’AGOA. Son entreprise écoule 50 % de sa production en Afrique du Sud, 25 % en Europe et 25 % aux États-Unis. « Les États-Unis demeurent un marché très important pour nous. Et si l’AGOA n’est pas renouvelée... », explique-t-il. Il avance que certains clients américains ont d’ores et déjà averti qu’ils ne passeraient plus de commandes sans ce régime préférentiel, tandis que d’autres ont commencé à réduire leurs volumes. À ces incertitudes s’ajoute la révision du Freight Rebate Scheme, annoncée dans le dernier budget, qui réduit le remboursement du fret de 60 % à 40 %. « Nos coûts sont désormais plus élevés. Avec la fin de l’AGOA, la situation deviendra encore plus compliquée », souligne l’exportateur.

Dans ce climat incertain, Nitish Rama envisage déjà un recentrage stratégique. « Je me concentre davantage sur le marché africain. Je suis en négociation avec de nouveaux clients. Je ne peux pas prendre le risque de dépendre du marché américain. Pour assurer la survie de mon entreprise, je dois explorer des débouchés où les coûts d’exportation restent soutenables », explique-t-il.

Des PME également menacées

La situation préoccupe aussi les petites et moyennes entreprises. Ajay Beedassee, président de SME Chambers, est « dans l’inquiétude et le suspense ». Sept PME de son organisation exportent actuellement vers les États-Unis. Pour lui, la fin de l’AGOA représenterait un choc majeur. « Si le régime n’est pas renouvelé, il faudra compter jusqu’à 32 % de droits de douane sur les exportations. Et il faut ajouter une taxe réciproque de 15 %. Finalement, les exportateurs mauriciens pourraient se retrouver avec une charge fiscale de 47 %. « C’est insoutenable pour nos entreprises. » Il avance que certains clients américains ont proposé de partager le fardeau de cette nouvelle taxation. Mais les exportateurs mauriciens seraient perdants. « On ne pourra pas continuer à exporter si la marge de profit est trop faible ou si nous travaillons à perte », insiste Ajay Beedassee.

Mesures de soutien

Le président de SME Chambers demande au gouvernement de mettre en place des mesures en cas de non-renouvellement de l’AGOA. Il s’agirait, selon lui, d’un ensemble de mesures d’encouragement, allant de subventions directes à des exonérations fiscales, en passant par des réductions de droits de douane sur certaines importations stratégiques. « Si le gouvernement n’apporte pas son soutien, les exportations mauriciennes seront bouleversées. Les recettes en devises étrangères baisseront, des usines fermeront et des emplois seront perdus. »

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