
Mariée, mère de deux enfants et une fonctionnaire accomplie, Manisha (prénom modifié) a vécu des années sous l’emprise d’un époux toxique, manipulateur et sournois. Entre pressions familiales, isolement et domination psychologique, elle témoigne d’un engrenage insidieux qu’elle a brisé.
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«J’étais celle qui travaillait, qui nourrissait tout le monde, et pourtant, j’étais toujours celle qu’on pointait du doigt. »
Manisha a 44 ans. Elle est une fonctionnaire qui élève deux enfants. Mariée depuis de nombreuses années, elle pensait avoir construit une vie de famille stable. Jusqu’à ce que son regard sur la réalité change.
« Au début, mon mari me demandait régulièrement de l’aide financière pour notre maison. Il promettait de me rembourser. Je croyais à notre projet commun. Aujourd’hui, il prétend ne pas avoir un sou. » raconte Manisha.
Ce mari, très vite, refuse de parler d’argent. Il cumule deux jobs, mais ne communique jamais ses revenus. Pire : il culpabilise Manisha, comme si elle ne faisait jamais assez. « Il avait toujours une longue liste de dépenses. Et moi, je culpabilisais. Pourtant, avec le recul, je vois que tout reposait sur moi. » dit-elle.
Ce déséquilibre s’amplifie lorsque Manisha commence à se réapproprier du temps pour elle : cours de tennis, kitesurf… des moments simples qu’elle s’offre après des années de dévouement : « Il ne supportait pas que je sorte sans lui. Que j’aie des loisirs. Il venait d’un univers où la femme est au service du mari. Moi, je refusais ça. »
Autonomie
Cette autonomie, son mari la vit comme une trahison. Il commence à se plaindre d’elle auprès de ses amis, puis auprès de sa propre famille.
« Il leur disait qu’il faisait tout à la maison, que je ne m’occupais de rien. Un jour, il a nettoyé la salle de bain, pris une photo et l’a envoyée à mes parents. Comme pour prouver qu’il vivait avec une femme indigne. » confie Manisha.
Le harcèlement devient quotidien. Il prend des photos d’éviers sales, de micro-ondes non nettoyés, fait des vidéos… et les envoie à ses beaux-parents pour discréditer Manisha. « Mes parents ont fini par le croire. Ma propre mère m’a dit qu’une femme devait rester à sa place, s’occuper des enfants et obéir à son mari. » déplore la femme.
Lui, pendant ce temps, passe de plus en plus de temps à l’extérieur, surtout chez un ami restaurateur où il travaille comme bricoleur en échange d’un repas. À la maison, il ne participe plus aux tâches. Il ne fait plus de courses. Il ne donne plus rien. « J’ai menacé de partir avec les enfants. Il m’a dit qu’il s’en fichait. Il savait que mes parents étaient de son côté. Ça lui donnait tout le pouvoir. » raconte-t-elle.
Le climat devient irrespirable. Il part parfois avec les enfants sans prévenir, refuse de répondre au téléphone. Manisha doit se rendre à la police pour connaître leur localisation. « Le pire, c’est quand il conduit les enfants chez des membres de sa famille impliqués dans des affaires louches. Je crains pour leur sécurité. Et quand je m’en plains, mes parents disent que ce n’est pas leur problème. » déclare la mère de famille.
Foyer patriarcal
Elle vit dans une maison devenue un champ de bataille, théâtre de tensions constantes. Lorsque des rongeurs envahissent l’habitation, elle prend l’initiative de nettoyer, mais son mari transforme l’affaire en nouvelle accusation. « Il a profité de mon absence pour emmener mes parents voir les lieux et leur dire que c’était ma faute. » soutient Manisha.
Dans son entourage, certains essaient de la soutenir, d’alerter ses parents sur l’ingérence destructrice qu’ils exercent. Mais le poids des traditions reste fort. « J’ai grandi dans un foyer patriarcal. Mon père dominait tout. Ma mère s’est effacée toute sa vie. Aujourd’hui, elle souhaite me voir vivre la même chose. Je refuse. » s’insurge-t-elle.
Malgré la fatigue, malgré la solitude, Manisha tient bon. Pour ses enfants, surtout. « Ma maison n’est pas toujours impeccable, c’est vrai. Mais mes enfants et moi partageons de vrais moments. Ce qu’ils retiendront, ce n’est pas une cuisine mal rangée, mais l’amour, la tendresse et la force. » dit-elle.
Aujourd’hui, elle prend la parole pour mettre en lumière ces violences discrètes, ces visages doubles qui manipulent en silence. « Je veux que les femmes sachent qu’elles ne sont pas seules. Qu’on peut dire non ! Et qu’on a le droit d’exister en dehors du regard des autres. »
Violences
Les violences conjugales ne se limitent pas aux coups. Elles prennent parfois les traits d’un compagnon envahissant, humiliant, qui use du silence, du chantage ou des apparences pour dominer. Le témoignage de Manisha rappelle que ces violences invisibles existent et qu’elles détruisent lentement de l’intérieur.
Aujourd’hui, elle reconstruit sa vie pas à pas, avec courage et détermination : « On a le droit d’être une femme, une mère et être libre à la fois. Aucune tradition, aucun regard extérieur ne devrait nous condamner à l’effacement. Le silence ne sauve jamais. La parole, elle, peut tout changer. » Il est important de rappeler que les victimes de violence domestique peuvent composer le 139 pour dénoncer tout cas de violence domestique. Le ministère de l’égalité du genre met aussi à la disposition des personnes qui en ont besoin un accompagnement psychologique.
Ce que prévoit la loi
- Ordre de protection : un ordre d’un tribunal pour protéger une personne contre tout abus de la part d’un tiers. Il est valable pour une période allant de six à douze mois.
- Ordre intérimaire (provisoire) : un ordre d’un tribunal pour une durée de deux semaines, en attendant une décision.
- Family Protection Unit : une unité de la police dans les cas de violence domestique. Des policières y sont présentes pour aider les femmes qui font l’expérience de violences conjugales.
Sanctions
- Pour la première infraction : une peine allant jusqu’à Rs 25 000 d’amende ou une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans.
- En cas de récidive : une peine pouvant aller jusqu’à Rs 50 000 d’amende ou cinq ans de prison.

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