
Un mois après qu’Israël a interrompu l’aide humanitaire à la bande de Gaza, les organisations humanitaires affirment que la situation s’est dangereusement détériorée, la vie de deux millions de civils étant aggravée par des opérations militaires israéliennes intensives. C’est ce que rapporte le CNN sur son site Web ce lundi 7 avril.
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Les Nations Unies, plusieurs ONG ainsi que des civils à Gaza qui se sont confiés à CNN affirment que la faim se propage, que l’accès à l’eau potable diminue, et que des puces infestent les camps de déplacés improvisés.
Les problèmes qui affectaient déjà la population depuis 18 mois se sont accentués avec la nouvelle offensive lancée par l’armée israélienne en mars, accompagnée de plusieurs ordres d’évacuation.
Le gouvernement israélien a bloqué l’arrivée de nourriture et d’aide humanitaire avant l’offensive, pour faire pression sur le Hamas afin qu’il libère davantage d’otages et impose de nouvelles conditions à une prolongation du cessez-le-feu. Israël accuse également le Hamas d’intercepter et de détourner les aides humanitaires, une accusation confirmée par les États-Unis en mai dernier.
Plus de 280 000 personnes ont été déplacées au cours des deux dernières semaines, et les deux tiers du territoire de Gaza sont désormais considérés comme des zones interdites, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Assem Al-Nabeeh, porte-parole de la municipalité de Gaza, a déclaré à CNN qu’après les récents ordres d’évacuation, « les gens sont littéralement déplacés partout : sur les routes principales, dans les parcs publics, près des décharges, sur les places et même dans des bâtiments en ruines ».
Même avant les derniers ordres d’évacuation, seulement 40 % de la ville avait accès à l’eau, a-t-il déclaré. Il estime que 175 000 tonnes de déchets se sont accumulées à travers la ville.
Le haut responsable de l’OCHA pour les territoires palestiniens, Jonathan Whittall, a déclaré cette semaine qu’une « guerre sans limites » était en cours à Gaza. Dans un rapport publié vendredi, l’OCHA a indiqué que « Gaza fait face à un risque renouvelé de faim et de malnutrition alors que le blocus total, désormais dans son deuxième mois, a presque stoppé toute distribution de farine et fermé toutes les boulangeries subventionnées ».
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé jeudi que les 25 boulangeries subventionnées de Gaza avaient cessé leur activité faute de gaz de cuisson et de farine. Plus d’un million de personnes n’ont pas reçu de colis alimentaires en mars, et même si la distribution de repas chauds se poursuit, les stocks actuels ne tiendront que deux semaines maximum.
L’agence israélienne chargée de la coordination de l’aide à Gaza affirme qu’il faut « un mécanisme structuré de surveillance et d’entrée de l’aide » pour éviter que le Hamas ne s’empare des aides et pour garantir la neutralité des organisations humanitaires.
Cette agence, COGAT, indique qu’un nouveau mécanisme est en préparation afin de « soutenir les organisations humanitaires, renforcer la supervision et s’assurer que l’aide atteigne bien la population civile dans le besoin, et non le Hamas ».
Ce mécanisme a été présenté aux organisations humanitaires internationales, selon un responsable de COGAT, mais sa mise en œuvre dépend d’un accord de cessez-le-feu ou d’un changement de directive gouvernementale.
En attendant, de grandes quantités d’aide restent bloquées à l’extérieur de Gaza.
Le PAM affirme qu’environ 89 000 tonnes de nourriture attendent à l’extérieur, tandis que la pénurie à l’intérieur fait exploser les prix. Un sac de farine coûte aujourd’hui 450 % plus cher qu’il y a quelques semaines.
L’OCHA ajoute que l’accès à l’eau est « sévèrement limité » – deux tiers des foyers à Gaza n’ont pas accès aux six litres d’eau potable par jour nécessaires. Après une légère amélioration pendant la trêve, les agences rencontrent à nouveau des difficultés pour entretenir les infrastructures.
Cela affecte aussi l’assainissement dans les zones surpeuplées de déplacés. « Les conditions sanitaires dans la bande de Gaza restent alarmantes », selon l’OCHA, avec des sites de fortune infestés de puces et d’acariens.
L’administration Biden a plusieurs fois fait pression sur le gouvernement israélien pour qu’il autorise davantage d’aide humanitaire à Gaza, allant jusqu’à suspendre une livraison de bombes en raison des inquiétudes sur les civils. Mais cette pression a quasiment disparu sous l’administration Trump.
Gavin Kelleher, du Conseil norvégien pour les réfugiés, a déclaré fin mars que « plus d’un million de personnes ont un besoin urgent de tentes à Gaza », mais que son organisation n’a « presque plus rien à distribuer, alors que les transferts forcés massifs se poursuivent quotidiennement ».
« De nombreuses personnes, sans abri alternatif, se réfugient dans des bâtiments endommagés, où des effondrements tuent encore hommes, femmes et enfants », a-t-il ajouté.
Ces dernières semaines, en moyenne 100 enfants sont tués ou mutilés chaque jour à Gaza, selon l’UNICEF. Catherine Russell, directrice exécutive de l’agence, a déclaré que les enfants de la bande de Gaza sont « à nouveau plongés dans un cycle de violence mortelle et de privations ».
L’UNICEF affirme qu’elle et d’autres agences « n’ont pas pu fournir de vêtements ou d’articles essentiels aux enfants les plus vulnérables, qui ne possèdent que les vêtements qu’ils portent ».
Alors que les victimes se multiplient depuis la fin de la trêve, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que les hôpitaux de Gaza sont débordés. L’hôpital Al-Shifa, dans le nord, reçoit 400 patients par jour, presque trois fois plus que la moyenne de 140 avant la reprise des hostilités le 18 mars.
Le Dr Fadel Naeem, directeur de l’hôpital baptiste Al-Ahli Arab de Gaza, a confié à CNN que son établissement est submergé par les blessés et les corps. Le 3 avril, il a accueilli 128 blessés en une journée, « alors que l’hôpital n’a pas les moyens nécessaires à cause du blocus qui frappe le secteur de la santé ».
Il a expliqué que l’hôpital a dû « faire des choix », opérant uniquement les patients ayant le plus de chances de survie. « Tragiquement, certains blessés sont morts en attendant des soins, faute de ressources, de salles d’opération et de personnel médical », a-t-il ajouté.
Philippe Lazzarini, chef de l’UNRWA (Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens), a conclu : « Les gens meurent de faim, le chaos et les pillages sont de retour… Les gens sont à bout, enfermés dans un minuscule bout de terre ».
Source : CNN

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