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Trois « board papers » pour une transaction : les zones d’ombre de l’achat de l’hôtel Ambre par la MIC

Alors que la Financial Crimes Commission (FCC) enquête sur le rachat de la Mauritius Investment Corporation (MIC), et sur une possible falsification des procès-verbaux d’une réunion du board le 5 février 2024, il nous revient que plusieurs versions auraient circulé.

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Trois versions différentes d’un même « board paper » relatif à l’acquisition de 70 % des actions de la société Eastcoast Hotel Investment Ltd, propriétaire de l’hôtel Ambre, à Palmar. Ce projet, évalué à 48 millions d’euros, soit environ Rs 2,4 milliards, concerne la vente des parts détenues par Apavou Hotels Ltd, société du groupe Apavou, à la MIC. Cette opération s’est déroulée lors de la 63e réunion du conseil d’administration de la MIC, tenue le 5 février 2024. Les différences entre les trois documents internes soulèvent des interrogations sur la cohérence du processus décisionnel entourant cet investissement.

Une transaction de 48 millions d’euros

Dans les trois versions du « Board Paper No. 63/5 », l’essentiel du projet reste identique : la MIC a été sollicitée par Apavou Hotels Ltd (AHL) pour racheter 1 596 actions de classe B dans Eastcoast Hotel Investment Ltd, représentant 70 % du capital. Le reste des actions, soit 684 de classe A, est détenu par Sun Limited (SRL), deuxième plus grand groupe hôtelier mauricien, qui exploite actuellement l’hôtel Ambre.

Selon les documents, l’homme d’affaires Armand Apavou, unique actionnaire de la société vendeuse, cherchait à céder ses parts. La direction de la MIC avait déjà été approchée à ce sujet dès décembre 2022, peut-on lire dans une des versions du procès-verbal. Dans deux autres versions, la date de décembre 2022 a été supprimée.

Des divergences de fond entre les documents

Les différences entre les trois versions des documents résident dans la précision des termes de l’accord envisagé avec SRL, dans l’évaluation de la rentabilité de l’opération, et dans les conditions posées par le conseil d’administration.

Dans la première version, il est précisé que l’acquisition des actions serait assortie d’un bail à loyer triple net avec SRL, garantissant « un rendement locatif annuel indexé sur l’inflation d’au moins 8,5 % par an », calculé sur une valeur d’actif plafonnée à Rs 3 milliards, conformément à un rapport de valorisation produit par la société Elevante. Ce détail disparaît complètement dans la deuxième version, où le rendement n’est plus mentionné, bien qu’il soit toujours question de négocier de nouveaux termes avec SRL.

Dans la troisième version, la rentabilité est réintroduite, mais de manière modifiée. Il n’est plus question d’un rendement indexé à 8,5 % par an, mais plutôt d’un « rendement moyen sur la durée du bail d’au moins 8 %, calculé sur la base du contrat de location ». Cette formulation plus vague semble introduire une plus grande marge d’interprétation.

Par ailleurs, seule la première version mentionne explicitement le rôle de la société Elevante dans l’évaluation de l’hôtel, ainsi que le plafond de valorisation de l’actif à Rs 3 milliards. Ces éléments ne figurent ni dans la deuxième, ni dans la troisième mouture. Pourtant, l’évaluation faite par Elevante est déterminante dans l’achat des actions par la MIC pour environ Rs 2,4 milliards.

Une gestion de dossier sous question

La coexistence de trois documents différents pour une même décision d’investissement soulève des questions. Ces écarts de formulation laissent la porte ouverte à des interprétations divergentes quant à l’évaluation des risques et à la transparence du processus décisionnel dans ce cas précis.

 

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