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Terres et logements : des ex-squatteurs de Port-Louis coupés du monde au milieu de nulle part

Quelque 78 familles qui occupaient illégalement les terres de l’État dans la capitale et ses faubourgs ont été relogées à Pointe-aux-Sables.

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Vendredi 15 h. À deux rues de la cité Jean Blaize, s’alignent des maisonnettes en béton recouvertes de tôles recyclées  des ex-squatters de Tranquebar. Un spectacle désolant. Des abris de fortune ériges sur un terrain escarpé ou l’herbe s’eleve jusqu’à hauteur de la hanche.

C’est  là que 78 familles de squatteurs des bidonvilles de Port-Louis se sont vues attribuer un lopin de terre. « Nou bien conten noun gagne enn bout la terre, mais comment vivre décemment sans eau, ni électricité et surtout sans de route d’accès ? », s’interroge Charonne, mère de deux enfants en bas âge.  Il y a deux mois de cela, cette famille habitait Cité La Cure. Elle à  bénéficié de ce lopin de terre à Pointe-aux-Sables  a la suite d’un tirage au sort.

Maisonettes contruites sur le nouveau site à Pointe-aux-Sables.

« On nous avait promis toutes les facilités, mais la réalité est toute autre. Notre mode de vie, déjà difficile, s’est encore dégradé », se désole cette mère de famille. Pas d’électricité ni de route d’accès. Il est difficile dans ces conditions d’améliorer son quotidien. « Nous ne pouvons même pas mettre du béton sur le sol car le camion ne peut pas venir livrer les matériaux. »

La plupart des familles qui ont déjà pris possession de ces terres offertes par l’État ont recours au générateur pour avoir l’électricité.  « Ce n’est pas facile de trouver Rs 225 pour un gallon d’essence pour le générateur », explique le chef de la famille Bégué. Sans électricité, donc sans réfrigérateur, ces familles sont contraintes de vivre au jour le jour. Pas moyen  de  faire de l’approvisionnement pour plusieurs jours.  « Coma dire inn largue nou dans enn désert », se révolte le père de famille.

Cela fait près d’un an que la famille Bégué a été délogée de Pont Bruniquel. Elle a dû tout recommencer  sans aucune aide de l’État. « Nous n’avons eu que ce lopin de terre, au milieu de nulle part, et avons dû nous débrouiller pour trouver de quoi construire une maison. Nous sommes restés plus de six mois sur un sol de pierre et de terre. Heureusement, il y a cinq mois, une compagnie privée nous a fait don de béton pour recouvrir le sol. »

Elles sont une vingtaine de familles à habiter déjà le nouveau quartier en attendant d’être rejointes par les 50 autres. Natacha, une habitante de Cité La Cure, supervise les travaux de construction de sa nouvelle maison par quelques volontaires. Elle dira cependant que même si le délai accordé par le gouvernement pour évacuer sa résidence actuelle a expiré depuis le mois de mai, elle n’a nullement l’intention de déménager avant que les facilités ne soient installées dans la nouvelle demeure.

« Avec un bébé de deux ans, comment voulez-vous que je vive sans eau ni électricité ? En plus, je suis entourée de voisins et je n’ai même pas une voie d’accès jusqu’a chez moi. » Comme beaucoup d’autres ex-squatters, cette mère de famille a pris un jour de congé pour  attendre la visite du ministre du Logement et des Terres pour lui faire part de la situation. 

Sauf que, contrairement à ce que le ministre avait annoncé la veille au Parlement, en réponse à la PNQ du leader de l’opposition, Showkutally Soodhun, ne  s’est pas montré.  Adeline, une squatteuse de Tranquebar, ne fait pas partie des relogés de Pointe-aux-Sables. Elle a quand même fait le déplacement tôt ce matin là pour rencontrer le ministre. « Nou envi connait ki pou faire are nou. » Retenant à peine ses larmes, cette femme d’une cinquantaine d’années parle de son calvaire. « Mo ena enn tifi la police.

Tous les jours, je dois aller repasser son linge chez des gens parce que depuis le relogement de quelques familles ici, toutes les facilités ont été coupées là où nous vivions à Tranquebar. Mo zenfant inn faire so zeffort, inn apprane. Nous avons envie de nous en sortir, de progresser mais comment vivre dans de telles conditions ? »

Elle fait appel ainsi à la bonne volonté du gouvernement en ce concerne la régularisation ou le relogement des nombreuses familles encore incertaines de leur sort. Loin de n’être que des assistées, attendant que la manne tombe du ciel, ces familles installées depuis peu à Pointe-aux-Sables, ne demandent en fait qu’un peu de considération. De l’eau courante, de l’électricité, des routes d’accès, un service de voirie… Elles ne demandent finalement que ce à quoi devraient avoir droit tous les citoyens de la République.

 

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