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PAPA D’UN PETIT RAFAËL, 2 ANS - Jean Bernard, 62 ans : «On pense que je suis son grand-père»

Cette nouvelle aventure avec son fils Rafaël, Jean Bernard Bahadoor ne l’échangerait pour rien au monde.

Ils ne cochent aucune case, mais écrivent leur propre histoire. Quand Jean Bernard rencontre Bea, il ne s’attend pas à tomber amoureux, encore moins à redevenir père à 60 ans. Et pourtant…

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Dans le jardin familial à Floréal, Rafaël, 2 ans, court après un ballon. Le soleil tamisé par les arbres fait danser la lumière sur l’herbe fraîche. Assis sur une chaise en bois, Jean Bernard Bahadoor, 62 ans, le regarde, les yeux pleins de tendresse. À ses côtés, Béa, sa compagne âgée de 39 ans, le regarde elle aussi. Une scène de vie simple, mais remplie d’amour.

« Quand je me promène avec lui, on me demande souvent : “Et le grand-père, il est où ?” » raconte-t-il, en riant doucement. « Je leur dis que le grand-père, c’est moi. Mais que c’est aussi moi, le papa. »
Cette remarque, il l’entend souvent. Mais elle ne l’atteint plus. Ce qu’il vit aujourd’hui, il ne l’échangerait pour rien au monde.

Avant Béa, avant Rafaël, il y a eu une autre vie. Une autre histoire. Jean Bernard a été marié une première fois. De cette union sont nés deux enfants : Valérie, aujourd’hui âgée de 35 ans, qui vit en Irlande, où elle est Manager dans une chaîne alimentaire, et Grégory, 32 ans, chef cuisinier à Maurice. « Je suis fier d’eux. Ils sont stables, épanouis, et ont compris mes choix », dit-il.

Mais après son divorce, Jean Bernard traverse une période de vide. « J’ai tout vendu. Maison, voiture. J’ai voulu me retirer, vivre dans la nature. » Il s’installe dans un conteneur aménagé à Banane, dans le sud de l’île. Là, entouré de ses chiens, il trouve le silence dont il avait besoin. « Ce n’était pas une fuite. C’était une pause. J’avais besoin de respirer, de me retrouver. »

Ses chiens deviennent alors ses confidents. C’est d’ailleurs grâce à eux qu’il trouve une nouvelle vocation : l’éducation canine. « J’avais un berger allemand qui avait été dressé par la police. Il m’a fasciné. J’ai commencé à lire, à me former, à comprendre le comportement des chiens. Et de fil en aiguille, c’est devenu mon métier. »

Il devient éducateur canin à plein temps. Un métier qui lui redonne le goût du lien, de la patience, de l’écoute. « Comprendre un chien, c’est un peu comme comprendre un être humain. Il faut observer, ressentir, et agir avec douceur. »

Un jour, Béa l’appelle. Elle habite à Floréal et cherche un éducateur pour son chien. Le contact est immédiat. « Elle avait cette douceur. Ce regard vrai. Et avec son chien, elle avait besoin d’aide, mais aussi de compréhension. »

Béa, elle aussi, se souvient de ce jour : « Il avait une aura paisible. Il a su calmer mon chien… et mon cœur aussi. »

Je me suis senti rajeunir. Pendant que certains devenaient grands-pères, moi je redécouvrais les couches, les biberons, les nuits sans sommeil»

Les séances deviennent des échanges, les échanges deviennent complicité. Un an plus tard, ils se marient. « On ne s’attendait pas à tomber amoureux. Mais parfois, la vie décide pour nous. »
Avec 23 ans d’écart, leur couple fait parfois tiquer les langues. Mais eux, ils n’en ont que faire. « Il faut s’adapter, c’est vrai. Faire des compromis. Mais c’est comme dans n’importe quel couple. On se comprend, on se respecte, et c’est l’essentiel. »

Béa confirme, sereine : « Il a plus d’expérience, plus de sagesse. Mais on partage les mêmes rêves, la même énergie. » Et parmi ces rêves, il y avait celui de fonder une famille. « Je savais qu’un jour, elle voudrait un enfant. Je ne pouvais pas la priver de cela. Alors, j’ai dit oui. Malgré mon âge. Malgré les doutes. »

Le 16 mai 2023, Rafaël vient au monde. Un bébé en pleine santé. Un bonheur immense. « Je me suis senti rajeunir. À 60 ans, j’étais à nouveau papa. Pendant que certains devenaient grands-pères, moi je redécouvrais les couches, les biberons, les nuits sans sommeil. »

Et les remarques, inévitables. « Les gens me regardent souvent avec étonnement. On me demande si c’est mon petit-fils. Je souris. Je n’explique plus. Mon fils sait qui je suis. C’est tout ce qui compte. »

Ce qui touche Jean Bernard, c’est le soutien indéfectible de ses deux grands enfants. « Ils auraient pu mal le prendre. Mais au contraire. Ils m’ont encouragé. Ils ont accueilli Béa comme une sœur, Rafaël comme un petit frère. » Une complicité rare. Une famille recomposée, mais soudée. « Je veux que mon fils grandisse dans l’amour. Dans la bienveillance. Qu’il sache que son père, même âgé, est là pour lui, à chaque étape. »

Aujourd’hui, Jean Bernard vit à Floréal avec Béa et leur fils. Leur quotidien est rythmé par les rires de Rafaël, les balades avec les chiens, les moments en famille. « On vit simplement. On profite. Je travaille toujours, car j’aime ce que je fais. Mais j’ai aussi appris à ralentir. À savourer. »

Béa, elle, est reconnaissante d’avoir rencontré un homme « vrai, doux et engagé ». « Il m’a offert une famille, une stabilité, un amour sincère. »

Jean Bernard n’a aucun regret. Il ne se sent pas vieux, seulement heureux. « La société a ses normes. Mais nous, on a notre vérité. Mon fils m’appellera papa, pas papi. Et quand il sera plus grand, il saura que j’ai tout donné pour lui. »

À 62 ans, Jean Bernard Bahadoor incarne une paternité hors normes, mais profondément humaine. Il prouve que l’amour n’a pas d’âge, que la vie peut toujours offrir de nouveaux départs, et que le bonheur se trouve souvent là où on ne l’attend plus. Et quand, dans la rue, on le prend encore pour le grand-père, il sourit… Parce que lui, il sait. Et c’est tout ce qui compte.

Ajagen Koomalen Rungen et Azeem Khodabux

 

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