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Taux directeur revu à 2,25 % : les répercussions sur l’inflation, l’épargne et l’emprunt

Eric Ng, Kevin Teeroovengadum, Bhavish Jugurnath et Takesh Luckho.

Le Comité de Politique Monétaire (MPC) de la Banque de Maurice a revu, le vendredi 3 juin, le taux directeur par 25 points de base. Il passe ainsi de 2 % à 2,25 %. Cette augmentation aura-t-elle un impact sur l’inflation ?  Parole aux économistes.  

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Eric Ng est catégorique.  La hausse du Repo Rate à 2,25 % n’aura aucun impact sur l’inflation. Pour lui, cette augmentation est « dérisoire ». « Elle ne va pas diminuer les anticipations inflationnistes de la population. Elle aurait dû être d’au moins 50 points de base », fait-il comprendre. L’économiste indique que toutes les banques centrales des pays africains ont augmenté leur taux directeur plusieurs fois et par plus de 50 points de base à chaque fois. « Chez nous, la décision du MPC n’est ni plus ni moins qu’un “sideshow” », déplore-t-il. Cependant, il concède que la Banque de Maurice (BoM) n’a pas le bilan qu’il faut pour augmenter drastiquement son taux directeur.  « Avec les prêts à la Mauritius Investment Corporation qui figurent sur le bilan de la Banque centrale, ceux-ci comportent de gros risques de crédit qui sont susceptibles d’impacter négativement sur son niveau de capital », affirme Eric Ng. 

L’économiste Kevin Teeroovengadum abonde dans le même sens. Il rappelle que le taux d’inflation à Maurice a dépassé les 11 % en avril. « Ainsi, cette hausse de 0,25 % du taux repo n’aura aucun impact sur l’inflation », dit-il. Par ailleurs, poursuit-il, l’écart entre le taux d’inflation de 11 % et le nouveau taux repo de 2,25 % est de 8,75 %. « C’est un record sur les quatre dernières décennies. C’est pourquoi cette légère augmentation du taux de repo est tout à fait futile », soutient notre interlocuteur.  Selon lui, la BoM aurait dû augmenter le taux repo beaucoup plus rapidement à la fin de 2021. « Aujourd’hui, la situation de l’inflation est hors de contrôle et la politique monétaire n’a aucun effet pour l’amortir », déclare l’économiste.  Et d’ajouter que l’inflation va durer plus longtemps que prévu.

Un avis que partage Bhavish Jugurnath, également économiste. « Avec la récente hausse des prix des carburants, on prévoit que le taux d’inflation atteindra les 15 % d’ici à la fin de l’année », dit-il. 

De son côté, l’économiste Takesh Luckho soutient qu’avec l’augmentation du coût de la vie et inflation qui a dépassé les 11 %, les autorités ont le devoir de réagir afin de contenir cette augmentation. « Une hausse du taux directeur aura un effet boule de neige sur le taux d’emprunt et le taux d’épargne. Un coût plus élevé de l’emprunt découragerait de potentiels investisseurs et réduirait le volume d’argent en circulation et la pression inflationniste dans le pays », explique-t-il.

Épargne et emprunt 

Selon Eric Ng, l’augmentation du taux directeur est de seulement 25 points de base alors que la BoM a révisé à la hausse ses prévisions du taux d’inflation pour 2022 par 210 points (de 6,5 % à 8,6 %). « C’est dire que le taux d’intérêt réel (ajusté au taux d’inflation) est encore plus négatif, ce qui décourage encore plus l’épargne », observe-t-il. Toutefois, Bhavish Jugurnath estime que cette nouvelle augmentation devrait encourager les Mauriciens à épargner. En ce qui concerne l’emprunt, ce dernier est d’avis que ce sera encore plus dur pour les personnes qui ont contracté des prêts à un taux variable. « Avec un taux directeur plus élevé, les emprunteurs vont devoir rembourser une somme plus élevée », dit-il.

  • LDMG

 

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