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Taux d’intérêt : la BoM condamnée à suivre la Fed ?

Actuellement à 4,5 %, le Key Rate de la Banque de Maurice (BoM) sera calculé selon un nouveau cadre de politique monétaire lors de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire. La Réserve fédérale américaine (Fed), dont plusieurs banques centrales s’inspirent, a haussé ses taux le 1er février. 

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Un document publié par l’Economist Intelligence et intitulé « Global monetary policy in 2023 » donne une idée de la manière dont pourraient évoluer les taux d’intérêts cette année. Selon les auteurs, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont entamé leur cycle de resserrement monétaire le plus agressif depuis des décennies en réponse à l’envolée de l’inflation. La Fed avait, au début de cette année, relevé son taux de référence des Fed Funds de 425 points de base, et la BCE avait haussé ses taux directeurs de 250 points de base. Les analystes de l’Economist Intelligence anticipent que d’autres augmentations de taux sont à venir, et pensent « que les deux régions atteindront leurs taux d’intérêt maximum à la mi-2023 ».

Leurs prévisions n’ont pas tardé à se réaliser puisque le principal taux directeur aux États-Unis a été révisé à la hausse d’un quart de point le 1er février par la Fed.  Avec cette huitième hausse consécutive, les taux oscillent désormais dans une fourchette de 4,50 à 4,75 %. Jerome Powell, président de la Fed, affirme que plusieurs hausses supplémentaires des taux d’intérêt sont attendues. L’objectif est d’atteindre le niveau suffisamment restrictif des taux. 

À Maurice, le Key Rate est à 4,5 %. Selon un économiste, la banque centrale n’aura d’autre choix que de suivre la Fed. « La Banque de Maurice se retrouve aujourd’hui dans un engrenage. Elle est obligée de suivre la Fed pour éviter que les gens ne retiennent les dollars », fait-il comprendre. Eric Ng n’est pas du même avis. Selon lui, il faudra suivre la situation économique locale jusqu’à mars prochain, mois où le Comité de politique monétaire devrait se réunir. « La Banque de Maurice n’a pas suivi la Fed depuis le départ. Nous ne sommes pas dans l’obligation de suivre aveuglement les Américains. Le taux d’inflation aux États-Unis a commencé à diminuer. Cela ne veut pas dire que c’est la même chose à Maurice », soutient-il.  

Perspectives

Certes, l’Economist Intelligence table sur une réduction régulière de l’inflation cette année. Toutefois, la firme prévoit que les taux d’intérêt resteront à des niveaux élevés au moins jusqu’à la mi-2024 aux États-Unis et en Europe. Une situation qui devrait influencer la croissance du produit intérieur brut (PIB), les rendements obligataires, ou encore les taux de change, non seulement dans les deux régions mais aussi dans l’économie mondiale. 

Sachant que l’endettement des ménages mauriciens se chiffre à Rs 145 milliards à décembre 2022, le pouvoir d’achat risque de prendre un nouveau coup dur. Eric Ng souligne d’ailleurs que la hausse des taux d’intérêt ne contrôle pas l’inflation à Maurice. « Cette lecture n’est pas forcément vraie. Pour contrôler l’inflation, il faudrait baisser le prix des carburants et de l’électricité. La Banque de Maurice utilise la hausse du taux directeur pour protéger la roupie », poursuit l’économiste.  

Dans un blog, Tobias Adrian, chef du département des marchés monétaires et financiers du Fonds monétaire International, et deux adjoints ont soulevé l’importance pour les banques centrales de communiquer sur l’éventuel besoin de maintenir les taux d’intérêt à un niveau plus élevé. « Il faut garder les taux d’intérêt inchangés pendant plus longtemps, jusqu’à ce qu’il soit prouvé que l’inflation - y compris les salaires et les prix des services - est durablement revenue à l’objectif », ont-ils déclaré.

 

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