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Taux de remplissage : combien de jours de pluie nécessaires pour atteindre un seuil décent ?

Les récentes pluies ont apporté un certain soulagement à nos réservoirs. Mais il faut encore plus de la pluie pour que le taux de remplissage atteigne un seuil raisonnable sachant que, par exemple, Mare-aux-Vacoas dispose d’un volume d’eau pour deux semaines environ. Combien de millimètres de pluie sont-ils nécessaires pour qu’on ne soit plus dans le rouge ? Des experts font le point.

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À dimanche, le taux de remplissage de nos sept principaux réservoirs était de 36,5 %. Ce qui pousse à dire que nous sommes loin d’être sortis de l’auberge. Il faut encore de la pluie pour qu’on puisse pousser un ouf de soulagement. Ce n’est pas l’ingénieur en environnement, Vassen Kauppaymuthoo, qui dira le contraire.

« Il nous faut une pluie régulière dans les zones de captage des réservoirs. Ce qui ne semble pas être le cas. Il pleut dans des zones localisées. Il y a une semaine, on a recueilli 145 mm à l’aéroport et 18mm à Mare-aux-Vacoas », avance-t-il. Face à cette situation, on est loin d’être sorti du rouge. Pour que nos réservoirs aient meilleure mine, Vassen Kauppaymuthoo avance que le sol doit être saturé dans les zones de captage.

Or, comme l’avance l’ingénieur en environnement, la pluie ne tombe pas « uniformément » à Maurice. « Chaque 100 mm de pluie apporte 186 millions de mètres cubes d’eau. 30 % environ s’évaporent, 60 % ruissèlent et 10 % alimentent les nappes phréatiques », fait-il ressortir. Il réitère ses prévisions que les grosses pluies bénéfiques pour les réservoirs ne sont pas attendues avant février.

Vassen Kauppaymuthoo pense que la situation va être très difficile en attendant les grosses pluies. « Pour le moment, on est à 70 % de la pluviométrie de janvier. C’est très inquiétant », dit l’expert, qui conseille « de consommer moins d’eau » et qui recommande « l’installation d’unités de dessalement containérisées le plus tôt possible ».

L’hydrologue Farook Mowlabucus affirme, pour sa part, qu’il faut de grosses pluies si on veut une amélioration du taux de remplissage de nos réservoirs. « Il faut de la pluie de forte intensité pendant deux à trois jours pour que le taux de remplissage augmente. Or, on a de la pluie faible à modérée. Ce qui n’est pas assez conséquent pour que nos réservoirs se remplissent. Il faut des ruissellements pour que gonflent les rivières », souligne l’intervenant.

L’hydrologue indique aussi que certains endroits enregistrent une forte pluviométrie, comme La Gaulette avec 100 mm de pluie en 12 heures. « Mais c’est sans conséquence pour le taux de remplissage car il n’y a pas de réservoirs dans ces régions. Pour une amélioration, la pluie doit tomber sur le Plateau central pour alimenter Mare-Longue, Mare-aux-Vacoas ou encore la Nicolière », indique-t-il.

« L’eau va à la mer »

Ne peut-on pas capter ces eaux et faire que cela soit un apport pour les nappes phréatiques ? L’hydrologue affirme que tous ces aspects ont été étudiés. Mais que cela n’est pas une solution. « Le problème, c’est que ces ruissellements de surface ont des sédiments qui peuvent obstruer les nappes phréatiques. On ne peut rien faire et l’eau va à la mer », soutient-il.

Farook Mowlabucus précise aussi qu’on ne peut pas non plus bloquer toutes les eaux des rivières, en vertu de la Rivers and Canals Act. « Il faut laisser 1/10 du ‘normal flow’ pour maintenir le système écologique en aval », fait-il mention, indiquant qu’il pense qu’il faut une meilleure gestion de ressources en eau en attendant les grosses pluies qui vont probablement arriver en février, comme cela a été le cas dans les années 90.

L’ancien cadre de Greenpeace et écologiste, Sunil Dowarkasing est optimiste, car selon lui, les récentes pluies n’ont certes pas beaucoup amélioré le taux de remplissage de nos réservoirs. « 45 % à 50% de l’eau que nous consommons proviennent des nappes phréatiques. On ne peut ainsi pas dire que la situation est toujours dans le rouge sans avoir de réelles données. Il faut que la Central Water Authority fasse des prélèvements pour ne pas créer une situation alarmiste dans le pays », plaide-t-il.

Le taux de remplissage passe à 36,5 %

Plusieurs réservoirs affichent une meilleure mine après les récentes pluies. Le samedi 21 janvier, le taux de remplissage était de 35,7 %, une hausse de 0,8 % dimanche. Le taux de remplissage était de 
Mare-aux-Vacoas     43,1%
La Nicolière     57,8%
Piton du Milieu     52,5%
La Ferme     22,6%
Mare Longue     59,1%
Midlands Dam     26,6%
Bagatelle Dam     32,7%
Total     36.5%

Pluviométrie en baisse 

En 2018 : La pluviométrie était de : 5 252 m3.
Recharge to Ground Water : 525 m3.
En 2021 : La pluviométrie était de : 3 776 m3.
Recharge to Ground Water : 378 m.

La-Gaulette sous les eaux 

Plusieurs régions de l’île ont été copieusement arrosées, le samedi 21 janvier. Parmi, il y avait La-Gaulette, dans le sud-ouest du pays. Des routes ont été inondées. Des habitants ont dû aider pour évacuer l’eau boueuse des routes, afin qu’elle ne se dirige pas vers des maisons. 

Véronique une habitante de la région raconte qu’elle était à l’intérieur et a réalisé que le village était inondé bien plus tard. Les pluies ont été bénéfiques. « Les robinets étaient à sec. Depuis les récentes pluies, on a de l’eau. J’ai profité pour stocker de l’eau », explique cette mère. Son enfant a du retard dans son développement. Et il aime se laver fréquemment pendant la journée. 

Audrey, une autre habitante, relate qu’elle était chez sa sœur à Quatre-Bornes. « Quand je suis revenue, il n’y avait plus rien sauf de la boue sur les routes. C’est dû aux drains obstrués par des déchets qui se sont accumulés dans le système de tout à l’égout », dit-elle.

Une bonne gestion pour les mois à venir 

« Les récentes pluies nous ont, dans l’ensemble, apporté un peu de soulagement avec le niveau d’eau qui a sensiblement augmenté dans les réservoirs et les nappes phréatiques. Il va falloir gérer pour les mois à venir », poursuit Lomush Juggoo, directeur de la Water Resources Unit. D’autant que l’eau de nos différentes réserves est utilisée à diverses fins : domestique, agricole, industriel et hydroélectrique.

Le stockage total n’est que de 36,5 % actuellement. Ce qui lui fait dire qu’il y a encore un long chemin à parcourir pour être dans une situation confortable. « Nous souhaitons que la situation s’améliore en termes de pluviométrie. Ce qui nous permettra de ramasser encore plus d’eau », ajoute-t-il.

Il plaide pour que l’eau soit utilisée de manière judicieuse et pour que le stock soit bien géré. Ce qui permettra de faire face à la situation de septembre à décembre, des mois réputés pour être déficitaires en pluie.

 

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