
Joe Lesjongard a accordé une interview à Ruquyyah Kurreembocus-Raffique, dans la soirée du jeudi 7 août, lors d’Info Soirée sur TéléPlus. Le leader de l’opposition a livré une analyse sans concession de la situation politique et des défis auxquels fait face le pays. Alors que les travaux de l’Assemblée nationale sont ajournés au 7 octobre, il a détaillé ses priorités, critiqué les dissensions au sein de l’alliance gouvernementale et a alerté sur la gestion de la crise énergétique.
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Interrogé sur ses activités pendant l’ajournement de l’Assemblée nationale, Joe Lesjongard a insisté sur l’intensité de son travail en tant que leader de l’opposition. « En ce moment, il y a beaucoup de travail pour un leader de l’opposition. Dans le travail d’un leader de l’opposition, il y a beaucoup de recherches à faire. Je vais revoir les questions posées et, à partir de là, faire une analyse », a-t-il déclaré. Selon lui, les questions soulevées à l’Assemblée nationale nécessitent une réflexion approfondie, impossible à réaliser dans l’immédiateté des débats. « Il faut le faire à tête reposée », a-t-il ajouté, soulignant l’importance d’analyser la situation politique et de rencontrer la population pour recueillir ses préoccupations.
Tensions au sein de l’alliance gouvernementale
Joe Lesjongard n’a pas mâché ses mots concernant les dissensions au sein de l’alliance au pouvoir, notamment entre la ministre Arianne Navarre-Marie et la ministre junior Anishta Babooram. « Il y avait beaucoup de choses qui étaient prévisibles, et c’est lié principalement aux partis politiques qui sont en alliance. Dans l’alliance gouvernementale, chacun a tendance à regarder dans des directions différentes, et pour qu’ils travaillent ensemble, c’est quasiment impossible », a-t-il analysé. Il a pointé du doigt les divergences dans les grandes décisions prises par le gouvernement, estimant que cette situation « ne l’étonne pas ».
Le leader de l’opposition a également réagi à la conférence de presse du Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, qui a abordé plusieurs sujets brûlants. « Le Premier ministre, le 12 mars, avait pris l’engagement que chaque 100 jours, ils allaient parler des actions prises. Aujourd’hui, c’est le Premier ministre adjoint qui le fait », a-t-il noté. « La population aujourd’hui a pris connaissance qu’il y a un problème au plus haut niveau du gouvernement, c’est-à-dire une divergence d’opinions entre un Premier ministre et son numéro 2 », a-t-il ajouté.
Concernant le sujet des junior ministers, Joe Lesjongard a estimé qu’après la large victoire électorale du gouvernement, ce dernier a dû « satisfaire beaucoup de gens », ce qui a conduit à la nomination de ces junior ministres. Cependant, « dans la réalité, on voit que ça ne marche pas ». Il a également critiqué la déclaration publique de Paul Bérenger jeudi, qui a exprimé son insatisfaction à l’égard de certaines nominations. « Lavez votre linge en privé et ne l’étalez pas au grand public », a-t-il lancé. Il dénonce une gestion publique des désaccords internes.
Crise énergétique : un délestage annoncé
La question du délestage énergétique a occupé une place centrale dans l’interview. Paul Bérenger a averti que des coupures étaient inévitables en raison de l’augmentation de la demande en électricité, un point que Joe Lesjongard, ancien ministre des Utilités publiques et de l’Énergie, a vivement critiqué. « J’ai été ministre responsable de ce portefeuille pendant cinq ans, mais jamais il n’y a eu de délestage », a-t-il ajouté. Il a rappelé qu’il a réussi à gérer une crise liée à la centrale Terragen. Il a reconnu un pic imprévu de la demande en février, exacerbé par des pannes de moteurs, mais il a estimé que la situation actuelle ne justifiait pas une telle alarme. « Est-ce qu’on doit affoler tout le monde dans le pays pour dire que nous sommes comme en Afrique du Sud ? Je ne le pense pas. »
Joe Lesjongard a rappelé une de ses Private Notice Questions (PNQ) sur l’état des moteurs du Central Electricity Board. « J’avais dit qu’il y a des moteurs vieillissants, certes, mais j’avais soumis un rapport du fabricant de ces moteurs à l’Assemblée nationale, qui avait dit qu’ils peuvent rouler encore dix ans. » Il a comparé la situation à une voiture peu utilisée qu’on ne jette pas à la casse prématurément. Il a critiqué l’idée d’acheter de nouveaux moteurs ou de recourir à des barges productrices d’électricité, soulignant des incohérences dans les appels d’offres du gouvernement. « Ma question est toujours d’actualité. Qu’est-ce que le ministre Patrick Assirvaden est allé faire en Turquie, et qui a-t-il rencontré là-bas ? »
En guise de solution, Joe Lesjongard a proposé l’utilisation de batteries, une option qu’il juge « économique et respectueuse de l’environnement ». « Ça permettrait de faire face au problème qui a été évoqué », a-t-il assuré, notant que ces batteries sont déjà en cours d’acquisition.
Les priorités des PNQ et les déceptions
Interrogé sur le choix de ses 25 questions parlementaires (PNQ), Joe Lesjongard a expliqué qu’il privilégie les préoccupations de la population. « Parfois, je choisis en fonction de l’actualité, parfois c’est par rapport au sujet en question. Des fois, je recherche l’avis de mes camarades au Mouvement socialiste militant », a-t-il indiqué, précisant qu’il s’appuie sur une équipe pour approfondir les recherches. Parmi ses PNQ les plus marquantes, il a cité celle sur les Chagos, qui a suscité une réaction internationale après une réponse du Premier ministre. En revanche, il a regretté celle sur le harcèlement scolaire, déplorant que le ministre concerné ait fait de la « politique politicaille » au lieu de traiter le sujet avec sérieux.
Le leader de l’opposition s’est montré particulièrement critique envers le ministre Ashok Subron, qu’il accuse d’avoir « baratiné la population » sur des questions touchant les travailleurs. « Subron a décidé de rester tranquille sur un sujet qui touche tous les travailleurs d’un pays, alors que sa carrière politique émerge de ces travailleurs. Il a renié ce qui l’a poussé à être ministre », a-t-il dénoncé, qualifiant la question des pensions de « grande trahison ».
Une opposition unie
Joe Lesjongard a également abordé l’entente au sein de l’opposition parlementaire, composée de seulement trois élus face à une majorité de 60 membres. « Ça se passe très bien », a-t-il assuré, soulignant une concertation régulière avec Adrien Duval. « Je suis pleinement satisfait de la manière dont les trois élus de l’opposition font face aux 60 membres de la majorité », a-t-il ajouté, évoquant son expérience de 25 ans à l’Assemblée nationale et son respect des règles parlementaires, bien qu’il juge les standing orders actuels obsolètes.
Il a déploré l’ambiance parlementaire, marquée par un « bullying » constant contre l’opposition. « Beaucoup de nouveaux venus n’apprendront pas grand-chose de cette façon », a-t-il regretté. Il relève un manque de communication entre le government whip et l’opposition.
Pension de retraite et promesses non tenues
Sur le Finance Bill et le report de l’âge d’éligibilité à la pension de retraite à 65 ans, Joe Lesjongard a dénoncé une décision prise sans consultation. « À aucun moment ils n’ont mentionné ça. Vous annoncez la décision, et puis vous mettez deux comités ministériels pour réagir à la colère du peuple ? », a-t-il fait ressortir. Il a accusé le gouvernement de ne pas respecter ses promesses électorales, notamment sur l’augmentation des pensions. Il a estimé que cette mesure est un règlement de comptes avec la population.
Enfin, Joe Lesjongard a critiqué la gestion de la hausse des prix, jugeant insuffisant le fonds de Rs 2 milliards du gouvernement. « Tu avais fait des promesses à la population, mais aujourd’hui, tu lui dis de serrer la ceinture. » Il appelle le gouvernement à donner l’exemple.
Opposition en reconstruction
Interrogé sur la situation du Mouvement socialiste militant (MSM), après sa défaite électorale de 60-0, Joe Lesjongard indique que le parti a tourné la page. « En tant que parti, je pense aujourd’hui que la défaite est derrière nous. ». Il a évoqué des sessions de travail au sein du bureau politique et des rencontres régulières avec la population. Concernant la proposition de plateforme commune de Nando Bodha, il a indiqué qu’une discussion était en cours avec le leader du MSM.

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