Son compagnon l’a droguée, elle meurt : «Premie fwa mem, mo ti gagn enn move linpresion de li»

Marie Elvina Coralie Mathurin, 22 ans, était une jeune femme bien dans sa peau. « Li ti ena la zwa de viv », confie sa sœur Martine. Mais peu après sa rencontre avec Alvinew Kensor Alfred, 26 ans, la vie de cette habitante de Bambous-Virieux aurait pris une autre tournure. Son nouveau compagnon, accro aux stupéfiants, l’aurait entraînée dans cet enfer.

Le dimanche 19 février, alors que le couple était dans sa chambre, le malheur s’est produit. Le jeune homme a injecté de la drogue à sa compagne. Celle-ci a fait un malaise et elle en est morte. L’autopsie a révélé qu’elle avait fait une overdose. Ses proches sont révoltés. La jeune femme ne se droguait pas, selon eux. 

À Bambous-Virieux, à peine deux mois après la mort tragique d’Anthonio Jean Lise, 39 ans, perdu en mer le 28 décembre dernier et retrouvé lacéré par des requins, non loin de l’île aux Flamants, c’est un nouveau drame qui s’abat sur cette famille. Coralie était la sœur d’Anthonio. Cette nouvelle disparition a ravivé la douleur d’avoir perdu un être cher. Martine, leur sœur, est dévastée.

Coralie, dit-elle, était une jeune femme débrouillarde. « Elle a arrêté le collège en Form 2 », relate sa sœur. Elle voulait travailler et ainsi aider sa famille. « Linn komans travay lor santie », poursuit celle-ci. C’est ainsi qu’elle a connu le dur labeur dans le domaine de la construction. « Li ti pe batt beton », ajoute-t-elle. Mais la jeune femme s’est peu à peu tournée vers le jardinage. 

Puis, elle a connu quelqu’un. « Elle avait un premier petit copain, mais cela n’a pas fonctionné. Ils se sont séparés ».  En janvier 2022, elle a fait la connaissance d’Alvinew Kensor Alfred, âgé de 26 ans. Ce dernier est un habitant de Pointe aux Feuilles, Quatre-Sœurs. Ils se seraient connus sur un chantier. Les deux ne pouvaient se passer l’un de l’autre. « Nous ne savions même pas si elle avait un homme dans sa vie », dit sa sœur, car Coralie était aussi une jeune femme réservée.

« Enn sel kou li al res laba »

Au départ de cette relation, Coralie se rendait au domicile du jeune homme, puis retournait chez elle. « Li ti pe ale ek revini », raconte Martine. Mais très vite, leur relation ayant évoluée, Coralie et Alvinews voulaient franchir une autre étape dans leur vie de couple. Un beau jour, la jeune femme s’est rendue chez son petit ami et n’est pas retournée chez elle. « Li ti pe ale vini, me enn sel kou linn al res laba », dit-elle. 

Martine se souvient de la première fois où sa sœur les avait présentés son nouveau compagnon. Le jeune homme n’aurait pas fait forte impression, selon la sœur de la victime. « Premie fwa kan get li mem so figir ti paret move. Li ti donn enn move linpresion », lâche-t-elle. Martine se réjouissait du bonheur de sa sœur, mais avait comme une étrange impression au sujet de l’homme qui était entré dans sa vie.

Coralie venait voir sa mère à Bambous-Virieux, prendre des nouvelles, puis elle repartait chez son concubin. « Elle avait changé », indique sa sœur.

Peu après, la jeune femme retournait chez ses proches et y séjournait quelques jours. Ce qui n’était pas dans ses habitudes. « Elle agissait comme si tout était normal. Elle n’osait dire à personne pourquoi elle revenait à la maison. Mais nous nous doutions qu’elle rencontrait des problèmes avec son compagnon. À chaque fois qu’on lui demandait s’il y avait un souci, elle disait que tout allait bien », regrette Martine.

Ses proches ne voulaient pas trop s’immiscer dans sa vie conjugale. Mais les séjours de Coralie se prolongeaient chez sa mère. « Se enn kamarad kinn vinn dir mwa ki Coralie gagn bate », soutient Martine. 

Malgré cela, interrogée sur les agissements de son compagnon, Coralie ne pipait mots. « Nou ti dir li, si garson la vremem bat li, res kot mama mem. Laport pou touzour ouver pou li. Selman, kan garson la vinn get li, li real avek li », avance-t-elle. En décembre dernier, après la disparition tragique de son frère, Coralie et son compagnon sont partis vivre un moment à Bambous-Virieux avant de retourner à Pointe aux Feuilles. 

La famille ne s’attendait nullement, le 19 février, à entendre une telle nouvelle. « La belle-mère de Coralie nous a téléphonés pour nous informer de ce qui s’était produit. Son fils l’avait alertée que ma sœur avait perdu connaissance. Elle a tenté de la réveiller, puis ils l’ont conduite à l’hôpital où le médecin a confirmé la mort de ma sœur », déplore Martine, le cœur lourd. Alvinews, interrogé par la police criminelle de Bel-Air, a alors avoué avoir administré de la drogue (brown) avec une seringue à la jeune femme et qu’elle a fait une overdose. « Mo ser pa ti dan la drog li », croit Martine.

« Zot ti bien kontan zot kamouad »

Doris, la maman du jeune homme, est aussi dévastée par la mort de Coralie. « Zot ti bien kontan zot kamouad. Li difisil pou mwa osi. Kan mo garson inn dir mwa linn perdi konesans mo al get li. Monn zet delo dan so figir. Nou finn amenn li dan loto. Li ti ankor pe respire. Lopital, zot dir nou linn fini mor », regrette celle-ci. Son fils avait eu de mauvaises fréquentations et s’était laissé tenter par la drogue. Elle avait constaté un changement auprès de son fils quand Coralie est entrée dans sa vie. « Mon fils changeait et avait graduellement décroché de son addiction. Mais dimanche, ils ont pris la motocyclette pour se rendre je ne sais où et voilà ce qui s’est passé », lâche-t-elle encore sous le choc.