The Smashing Machine : Dwayne Johnson comme on ne l’a jamais vu!

Présenté le 1er septembre 2025 en compétition officielle à la 82e Mostra de Venise, le film « The Smashing Machine » de Benny Safdie était très attendu. Et pour cause. Il met en scène Dwayne Johnson dans un rôle dramatique, bien loin de ce que l’on a déjà vu de lui sur grand écran. Un futur Oscar en vue ?

Adapté du documentaire homonyme de 2003, « The Smashing Machine » suit Mark Kerr, star du MMA des années 1990 et 2000, surnommé « la machine à broyer » pour son aisance à terrasser ses adversaires.
Sous la caméra de Benny Safdie, coréalisateur de « Uncut gems », le scénario s’intéresse moins aux combats qu’à l’homme derrière le mythe. Mark Kerr y est dépeint comme un guerrier en proie à ses démons : dépendance aux antidouleurs, blessures physiques et relation tumultueuse avec sa compagne Dawn, interprétée par Emily Blunt. L’histoire se déroule entre 1997 et 2000, période où la vie professionnelle et personnelle du sportif est au bord du gouffre.

Contrairement aux autres biopics sportifs plus conventionnels, « The Smashing Machine » refuse les poncifs rassurants de la rédemption à la « Rocky ». Pas de montages d’entraînement triomphants ni de combats héroïques : Safdie privilégie la grisaille des vestiaires, les disputes domestiques qui tournent à l’orage et l’inexorable dégradation d’un corps autant que d’un esprit.

Le film prend même le contrepied des récits de lutte contre l’addiction : pas de « miracle » en cure de désintoxication, mais une approche brute, presque clinique, qui montre un homme incapable de se sauver lui-même. Cette approche donne au film une puissance troublante : c’est moins l’histoire d’un champion que celle d’un être humain qui vacille, et que son entourage peine à rattraper.

Et si vous êtes habitués à voir Dwayne Johnson dans des rôles de boute-en-train qui amusent la galerie, comme récemment avec la trilogie « Jumanji », vous allez être très surpris. Métamorphosé physiquement, il offre une partition tout en retenue, et prouve qu’il peut aussi bien exceller dans des blockbusters familiaux que dans des drames intimes. On ne s’avancera pas trop en disant que ce film le place directement dans la course aux Oscars 2026 (peut-être face à George Clooney dans ce rôle étonnant ?).

Lors de la conférence de presse de « The Smashing Machine » donnée ce jour, Dwayne Johnson a assumé que le film marquait un vrai tournant pour lui. À la conférence de presse, il a confié qu’il se sentait 
« piégé » dans des rôles de gros bras : « Le boxoffice est très important dans notre métier et il peut vous enfermer dans un coin. J’ai fait ces films, certains étaient très bons, d’autres moins, mais je sentais que j’avais plus à donner. »

Cette envie de « vivre ses propres rêves », confiait-il, l’a poussé à accepter de se glisser dans la peau de Mark Kerr, un rôle pour lequel il a dû se métamorphoser physiquement et psychologiquement. Le comédien s’est entraîné pendant des mois, a porté des prothèses lourdes et a passé jusqu’à quatre heures par jour en maquillage. Mais l’enjeu était ailleurs : « Je me suis demandé : estce que je vis mon rêve ou ceux des autres ? » racontet-il. Lorsqu’il a annoncé à Safdie qu’il ne pouvait plus enchaîner cinquante prises comme autrefois, le réalisateur lui a répondu qu’il voulait capter « toute sa vulnérabilité ». 

Emily Blunt et Benny Safdie l’ont encouragé à croire qu’il pouvait sortir de sa zone de confort : « Parfois, il faut des gens que vous aimez, comme Emily et Benny, pour vous dire : tu peux le faire. »

Dwayne Johnson, ancienne star du catch, a rappelé avec émotion qu’il avait rencontré Mark Kerr à la fin des années 1990 et qu’il admirait cet homme qui avait tout conquis avant de sombrer. Pour l’acteur, cette collaboration est un moment qui l’amène à revisiter sa propre carrière. À la question de savoir s’il vise une statuette, il répond qu’il n’a plus rien à prouver à Hollywood, mais qu’il est désormais prêt à plonger dans des rôles « profonds, intenses et bruts ».