En temps normal, dès fin novembre et durant le mois de décembre, les rues de la capitale grouillent de monde qui viennent de plusieurs régions de l’île pour effectuer leurs achats de fin d’année Cependant, cette année, c’est la morosité qui est au rendez-vous dans les divers commerces.
Si chaque année en cette période, c’est une ambiance festive qui règne dans les rues Royale et Desforges, entre autres, tel n’est pas le cas cette fois-ci. Ces artères de Port-Louis, qui abritent un grand nombre de magasins et qui, d’habitude, grouillent de monde, affichent grise mine.
Une petite tournée dans plusieurs commerces confirme qu’il n’y a pas un véritable engouement où les gens achètent avec frénésie. Ce n’est pas Yanishta Mauree-Paniandy qui dira le contraire. Gérante de Twoseas Boutique, spécialisée dans la vente de vêtements, elle explique qu’en général, des personnes commencent à faire leurs achats dès novembre. « Cette année, c’est morose. On s’attendait ce que ce premier samedi de décembre soit plus animé, ce qui n’a pas été le cas », dit-elle.
Baisse du chiffre d’affaires
Elle poursuit qu’elle a l’habitude de recruter des jeunes étudiants à la recherche d’un emploi durant les vacances. Cependant, vu que les ventes sont moroses, elle n’a pas eu à chercher de l’aide. « Notre chiffre d’affaires a chuté d’au moins 75 % comparé à l’an dernier. On a dû mettre sur pied un système de vente où on propose nos vêtements à Rs 99. C’est cela qui dope nos ventes. Au cas contraire, cela aurait été catastrophique », déplore Yanishta Mauree-Paniandy.
Espérant que les choses vont s’améliorer, la gérante soutient qu’il y a des coûts comme le loyer, le salaire des employés et le boni de fin d’année à payer. Elle déplore aussi que les marchandises ont tardé à venir. « Un bateau qui prenait un mois à arriver prend maintenant trois mois. On ne peut même pas faire venir une cargaison par avion car le fret a pris l’ascenseur », indique-t-elle.
Cocktail explosif
Premila Padaruth, qui travaille dans un magasin spécialisé dans des produits de saison, parle de crise. « Nous essayons de rester optimistes mais il semble que la situation va de mal en pis. La dépréciation de la roupie, le prix pour le transport des marchandises, les effets de la Covid-19 sont un véritable cocktail explosif. Il y a aussi le pouvoir d’achat des Mauriciens qui a pris un coup », souligne-t-elle.
Pas de dépenses inutiles
Shazia Bemat, gérante du magasin Lotus, spécialisé dans la vente de vêtements, et Vanida Munisamy, qui y travaille comme vendeuse, concèdent aussi que les ventes ont chuté comparé à la même période l’année dernière. « Les gens réfléchissent avant d’acheter quelque chose. Ils ne dépensent pas au petit bonheur. Ils achètent ce qui est vraiment important », renchérissent-elles.
Produits bas de gamme
Jameel Peer est gérant du magasin Bienvenu, spécialisé dans la vente de tissus en lin et en coton pour rideaux et autres, soutient que ce ralentissement était « prévisible ». « Le pouvoir d’achat des Mauriciens. Juillet, août et septembre ont été les pires mois jusqu’ici. Honnêtement, on ne sait pas comment on va s’en sortir. On travaille au jour le jour. On ne sait même pas de quoi demain sera fait. Si les choses continuent ainsi, on va devoir prendre une décision par rapport à notre business », lance ce dernier.
Jamil Peer ajoute que les clients ont changé leurs habitudes. « Des consommateurs achètent des produits bas de gamme. Étant un magasin spécialisé dans des produits de qualité, nos ventes prennent un sale coup », dit-il.
Des clients réfléchis
En ces temps incertains, les consommateurs se montrent prudents et réfléchissent avant d’acheter un produit. C’est ce que nous explique, Josiane Guillaume, une habitante de Baie-du-Tombeau. « Mo pa depans kass bonavini. La situation est difficile. On doit se serrer la ceinture, car on ne sait pas ce qui va se passer demain. D’ailleurs, cela n’a jamais été dans mes habitudes d’acheter des cadeaux. J’ai toujours acheté des choses utiles pour mes enfants », lâche-t-elle.
Même son de cloche pour M.G. Cette femme au foyer avance, que contrairement à chaque année, elle ne fait pas de dépenses « farfelues ». « Il n’y a que mon époux qui travaille et on a notre enfant qui est en SC. Les dépenses sont multiples. On essaye de ne pas faire des folies. On n’achète que le strict minimum », déclare cette habitante de Port-Louis.
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